Revue de presse sur le quartier Croix-Rouge - articles - mars 2021.


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Quelques articles ne proviennent pas du journal « L’union » ; l’origine est alors indiquée par le lien en tête d’article.

Les notes de bas de page [ ] sont du rédacteur.

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l’union 210401a
Les premiers sites qui vont être transformés

Une première liste de sites transformés d’ici la fin du mandat a été communiquée. À Orgeval, 5 sites vont être végétalisés : les squares Nicolas-Henriot, Léopold-Charpentier et Paul-Vieille, ainsi que l’ancien terrain de motocross et tout le secteur Poinaré. Au châtillons : le mail piétonnier et la place des Argonautes. À Europe : le parc Jean-Moulin.

À Croix-Rouge : le parc des Landais, la restructuration des promenades de Maison-Blanche et la mise en place d’un projet d’agriculture urbaine porté par un bailleur, intitulé « quartiers fertiles ».

À Murigny : la restructuration en cours de la place René-Clair. À Jean-Jaurès : le parvis Saint-André. Au Faubourg de Laon : la place Luton.

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l’union 210330c
Quartiers sensibles : les élus municipaux face à l’interminable casse-tête

L’avenue Bonaparte, artère névralgique de Croix-Rouge, est l’un des « points chauds » de la ville. Archives O.D.
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Opposition socialiste et majorité se sont retrouvées sur la nécessité d’agir pour une meilleure cohérence dans l’action publique en direction des secteurs difficiles de la ville. Avec un challenge corsé : parvenir à juguler la violence tout en proposant des solutions aux jeunes.

C’est un débat d’une triste actualité qui a animé, hier soir, le conseil municipal. À travers le vote de subventions à l’association des maisons de quartier, les élus ont évoqué la politique à conduire dans les secteurs dits sensibles. Avec, en toile de fond, la brutale agression dont a été victime notre photographe Christian Lantenois, le 27 février dernier, à Croix-du-Sud.

Dans une intervention où il a jonglé entre les chiffres et les observations plus personnelles, l’adjoint Philippe Wattier, chargé de la politique de la ville, n’a pas caché la poussière sous le tapis. « Il nous faut admettre que la société ne va pas bien » , a-t-il glissé, ciblant le phénomène croissant des bandes rivales, qui n’est cependant « pas propre à Reims » .

Toutes les grandes villes y sont confrontées. Remontant un instant le fil de l’histoire (la grande), Xavier Albertini, adjoint chargé de la sécurité, a rappelé que l’existence de ces bandes et leur caractère tribal n’avaient rien de neuf, renvoyant à la lecture de Roméo et Juliette de Shakespeare ou à sa déclinaison cinématographique moderne, West Side Story. « C’est quand ces bandes deviennent des gangs, pour lesquels tout le monde est un ennemi, notamment la police ou les journalistes, que ça devient grave » , a souligné M. Albertini.

En dépit de flambées de violences régulières, la majorité municipale assure qu’elle ne reste pas les bras ballants. Différents dispositifs ont été évoqués, en particulier « Cités éducatives », qui accompagne les jeunes du plus jeune âge jusqu’à leur insertion. Dans des quartiers souvent très jeunes, où les 15-29 ans sont nombreux à battre le pavé, « il faut apprendre à se projeter » , a incité la première adjointe Véronique Marchet. Et différencier ce qui est du ressort de l’action publique et celui des forces de l’ordre. « La politique de la ville n’a pas vocation à se substituer à la police et à la justice » , a insisté Philippe Wattier. Reste à trouver une cohérence et une lisibilité, alors que la Ville, la communauté urbaine, le Département, la Région et, bien sûr, l’État œuvrent, plus ou moins de concert, sur cette thématique brûlante. Le conseiller municipal socialiste Éric Quénard l’a souligné d’emblée, en mettant le sujet sur la table : « Cette pluralité des acteurs est à la fois une force mais il faut reconnaître qu’elle est aussi parfois une faiblesse. C’est une richesse et une force quand les politiques publiques s’imbriquent les unes aux autres avec cohérence. Il y a là un vrai effet de levier au bénéfice des habitants et des associations. Mais il faut aussi reconnaître que c’est aussi une faiblesse quand chaque acteur conduit sa politique sans la moindre cohérence, sans le moindre dialogue avec celle déployée par le voisin. »

Un propos partagé par le maire Arnaud Robinet et l’ensemble de son camp. Dans une discussion où la gravité du sujet a tu toute polémique, Philippe Wattier a résumé le sentiment ambiant, balayant les « y’a qu’à, faut qu’on » , remisant au placard les « dogmatismes idéologiques » , et invitant les responsables associatifs « à travailler ensemble » . Ce qui – chacun l’a reconnu – n’est pas toujours le cas, ici comme ailleurs.

Éclaircie sur le front : six éducateurs spécialisés et six médiateurs devraient arriver à Reims. Un coup de pouce de l’État pour renforcer un dialogue souvent fragile dans les quartiers, alors même qu’Éric Quénard estime « que la réponse ne saurait être exclusivement sécuritaire. »

Olivier Durand

LA PREMIère des libertÉs…

Arnaud Robinet, qui n’avait pas mâché ses mots dans une conférence de presse récente, a profité du débat, hier soir, pour pointer du doigt l’un des problèmes, « la politique de peuplement ». Allusion au relogement de populations franciliennes par des bailleurs sociaux rémois, alors même que la Ville tente d’assainir ces quartiers et de les dédensifier à travers le nouveau plan de renouvellement urbain (pas moins de 370 millions d’euros). Le maire l’a répété, en conclusion de la discussion : « La première des libertés, c’est la sécurité ».

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l’union 210330b
FAMILLE : Perturbations à craindre aujourd’hui dans les crèches de Reims et des environs

La crèche du Chemin-vert à Reims fera partie de celles qui accueilleront les enfants malgré l’appel à la grève. A.P.
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Un appel à la grève est lancé pour s’opposer aux nouvelles dispositions législatives encadrant le travail des professionnels de la petite enfance. Trois crèches de Reims et trois des alentours seront fermées ce mardi.

À Reims et dans les environs, certains parents s’arrachent une nouvelle fois les cheveux.

Comment vont-ils faire garder leur enfant ce mardi 30 mars ? « Nous avons été informés mercredi (24 mars) que la crèche Clairmarais était en grève mardi (30 mars) nous écrit ainsi Marc. On ne sait ni pourquoi, ni comment nous allons faire, puisque l’accueil ne sera pas possible. En cette période Covid, je trouve que nous laisser nous débrouiller avec nos bébés, n’est pas normal. »

POUR ALLER PLUS VITE

Cette grève s’inscrit dans le cadre d’un mouvement national de protestation contre les réformes envisagées sur l’accueil de la petite enfance, dites projet Taquet, réformes elles-mêmes permises par l’article 36 de la loi Asap, ou d’Accélération et de Simplification de l’Action Publique adoptée en octobre dernier. Cette loi un peu fourre-tout donne en effet au gouvernement la possibilité de légiférer par ordonnances (ce qui accélère le processus) dans plusieurs domaines, notamment les modes de garde de la petite enfance. Sont notamment prévues des possibilités de dérogations s’agissant du nombre d’enfants accueillis et de la qualification des adultes encadrants. Et c’est là que ça coince pour certains professionnels. La nouvelle loi autorisera par exemple à confier jusqu’à six enfants par adulte ; elle réduira également l’espace minimal exigé (à 5,5 mètres carrés par enfant dans les zones densément peuplées) ; le collectif Pas de bébés à la consigne, opposant à cette réforme, lui, souhaite que l’on reste à cinq enfants maxi par adulte, et que l’on puisse assurer partout 7 mètres carrés par enfant. Il réclame aussi divers reconnaissances officielles de diplômes et aménagements de statuts ; il appelle donc une nouvelle fois à la grève, conjointement avec des syndicats dont la CFDT (qui fait d’ailleurs partie du collectif).

TROIS CRÈCHES FERMÉES À REIMS

Une précédente journée de mobilisation, le 2 février, n’avait abouti à rien : le gouvernement avait alors estimé que les grévistes ne constituaient qu’une trop faible minorité. Dans notre secteur, ce mouvement se traduira notamment par la fermeture de trois crèches de la SPE (Structure Petite Enfance) : Subé (secteur Courlancy), Hautefeuille à Croix-Rouge, et les Sources aux Châtillons. « Dans les autres crèches de notre association, dit la directrice Antoinette Fin, l’accueil sera assuré, même si c’est de façon aléatoire. » Dans les communes environnantes, seront fermées Witry-lès-Reims, Boult-sur- Suippe et Warmeriville.

Perturbations à craindre aujourd’hui dans les crèches de Reims et des environs

Un appel à la grève est lancé pour s’opposer aux nouvelles dispositions législatives encadrant le travail des professionnels de la petite enfance. Trois crèches de Reims et trois des alentours seront fermées ce mardi.

Distribution de tracts devant les écoles

Le mouvement d’opposition à la réforme sur l’accueil de la petite enfance de ce mardi 30 mars se traduira dans le secteur rémois notamment par un rassemblement de personnels mardi matin devant la crèche de Boult-sur-Suippe, puis une distribution de tracts devant les écoles de Boult, Warmeriville et Witry-lès-Reims.

Un cas de Covid à Clairmarais

Un cas de Covid ayant été détecté chez un tout jeune enfant accueilli habituellement à la crèche de Clairmarais, celle-ci ne peut plus accueillir les 22 autres faisant partie du même service, conformément au protocole imposé par le ministère, mais sans lien avec le mouvement de grève de ce mardi 30 mars. Ces enfants ne pourront pas revenir avant mardi de la semaine prochaine, sous réserve d’avoir été testés négatifs.

Les faits

Le projet de loi Asap d’Accélération et de Simplification de l’Action Publique, adopté en octobre, comporte un article (numéro 36) qui permet au gouvernement de procéder par ordonnance à la simplification des normes d’accueil du jeune enfant.

Plusieurs réformes prévues dans ce cadre sont contestées par certains professionnels de la petite enfance.

Des syndicats et le collectif Pas de bébés à la consigne organisent une nouvelle action nationale de protestation ce mardi 30 mars, après celle du 2 février, avec grève et distribution de tracts, notamment à Boult-sur-Suippe, Warmeriville et Witry-lès-Reims. À Reims, les crèches Subé, Hautefeuille et les Sources seront fermées.

ANTOINE PARDESSUS

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l’union 210330a
Le début d’un long combat pour Christian Lantenois

Christian a été très violemment agressé dans l’exercice de son métier, le 27 février dernier, près de la médiathèque Croix-Rouge à Reims.
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Agressé il y a un mois, notre journaliste est toujours dans un état préoccupant. Sa famille, qui a ouvert une cagnotte en ligne, donne de ses nouvelles.

L’épouse de Christian Lantenois, Jocelyne, a publié ce lundi 29 mars un message sur le compte public Facebook de son époux, où elle s’exprime sur l’état de santé de son mari. Elle explique qu’ « après ces quatre semaines de combat pour rester en vie », Christian est sorti du coma, et de réanimation ce vendredi. « Dans un premier temps, un grand merci pour tous les gentils messages de soutien pour Christian et toutes les actions… Très beau pochoir d’Arno Kusek qu’il nous a gentiment offert, panneaux de la Ville de Reims, très bel hommage du Stade de Reims qui le raviront s’il peut les lire, voir et les comprendre un jour… Ce qui est loin d’être le cas actuellement… il est dans un autre monde… Pour mettre fin aux fausses infos, des nouvelles réelles que je n’ai pas données avant. Il y avait trop d’incertitude tant que son pronostic vital était engagé ! Après ces quatre semaines de combat pour rester en vie, l’extubation, la sortie du coma qui n’était pas qu’artificiel.

Vendredi soir, la sortie de réanimation. Une première grande victoire ! Maintenant commence, pour lui, un combat tout aussi difficile pour essayer de récupérer un minimum de semblant de vie normale…

“Il faut s’armer de patience”

Pour l’instant, les lésions neurologiques n’ont certes… pas évolué mais malheureusement, n’ont pas non plus diminué, ce qui est plus grave… ! Christian est dans un grand néant, ne comprend pas, est insensible à ce qui se passe autour de lui, nous fixe ou fixe la télévision sans comprendre ce qu’il regarde…

Il se souvient de son nom, de moi sa femme, mais a oublié tout le reste… ses enfants, petits-enfants compris. Ou, quand on le stimule, répète, oublie aussitôt, dit tout et son contraire, répond “pas plus que ça” si on lui demande s’il souffre, a froid ou autre. Il bouge la tête, les doigts, un peu les mains, mais pour l’instant, ça s’arrête là !

Actuellement, il faut continuer d’enrayer d’autres complications, pour ensuite passer à une rééducation longue et douloureuse. Nous verrons et espérons de tout cœur, arriver petit à petit à quelques progrès. Il faut, donc s’armer de patience, laisser du temps au temps, prendre au jour le jour ce que l’on nous donne, pour l’aider au mieux dans ce douloureux combat qu’il n’aurait jamais dû avoir à mener… Mais on ne choisit pas…

Si, et dès que, nous aurons la chance d’avoir de bonnes nouvelles, je les partagerai… Mais, Christian ne sera plus jamais comme avant…

J’en ai même oublié dans mon long descriptif de son état, une paralysie faciale droite due à la fracture du rocher de l’oreille ! »

les faits

Notre photojournaliste Christian Lantenois a été sauvagement agressé par une douzaine d’individus le 27 février alors qu’il couvrait des incidents dans le quartier Croix-Rouge.

À ce jour, deux suspects ont été mis en examen. L’un, âgé de 21 ans, poursuivi pour « tentative de meurtre » et placé en détention provisoire. L’autre, 21 ans également, pour « participation à un groupement en vue de préparer des actes de violences ou des dégradations ».

Douze autres individus sont recherchés.

Une cagnotte en ligne

Ce vendredi 26 mars, la famille de Christian a ouvert une cagnotte en ligne sur la plateforme Leetchi, afin de couvrir « les frais d’avocat et de justice ».

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l’union 210328b
Justice tribunal correctionnel : Viens chez moi, je squatte chez une copine

Le 25 août 2020, informée d’un tapage dans un immeuble de la rue Marie-Laurencin au quartier Croix-Rouge, la police découvre la porte de l’appartement grande ouverte. Une seule personne est présente à l’intérieur : non pas la locataire mais une vieille connaissance du commissariat, Aomar Ben Bella, 49 ans. Il est en train de somnoler, sans doute occupé à cuver ses libations.

Vol électrique

Tiré de sa torpeur, l’homme explique avoir eu l’autorisation de la dame pour venir se reposer chez elle. Sauf que celle-ci, qui revient justement à ce moment-là, explique avoir été obligée de lui remettre les clefs.

Remis en liberté, Aomar Ben Bella refait parler de lui un mois plus tard, le 22 septembre. Appelés rue Madeleine-Terrien pour un individu qui cause du scandale en menaçant de mort des connaissances, les policiers constatent qu’il s’agit encore d’Aomar. Il est porteur d’un sac d’ordinateur dérobé le jour même dans un véhicule d’Enedis. Outre l’appareil, le sac contient deux boîtiers ERDF.

Au terme de cette nouvelle garde à vue, l’homme fut laissé libre sous contrôle judiciaire mais depuis, d’autres affaires lui ont valu de prendre pension à la maison d’arrêt. C’est donc accompagné d’une escorte pénitentiaire qu’il revient au tribunal pour répondre de la violation de domicile et du vol au préjudice de l’électricien.

Il repart en cellule avec huit mois de plus à purger.

F.C.

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l’union 210328a
Vol de collier à l’arraché

Il y a presque deux ans, le 1 er juillet 2019, une dame s’était fait arracher son collier en or à Croix-Rouge. L’exploitation de traces ADN relevées sur son cou a récemment permis de mettre en cause un jeune du quartier que les policiers ont retrouvé en maison d’arrêt. Incarcéré cet hiver dans le cadre d’un trafic de stupéfiants, Osman Merdji, 21 ans, a contesté les faits, tout en ne s’expliquant pas la présence de son ADN sur le cou de la victime.

Il est reparti en détention avec une convocation en justice dans la poche.

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l’union 210327d
Distribution gratuite de protections hygiéniques

« Pour lutter contre la précarité menstruelle qui touche les étudiantes INTERCampus en lien avec l’AGORAé et son réseau organisent du 29 mars au 2 avril des distributions gratuites de protections hygiéniques », rappelle dans un tweet, Mounya Taggae, conseillère municipale chargée de la vie étudiante.

Rendez-vous : le 29 mars, à SciencesPo, le 30 mars à Neoma, le 31 mars au camus santé (parvis faculté de médecine), le 1 er avril au campus Moulin de la Housse, le 2 avril à Croix-Rouge (AGORAé).

Pensez à venir avec votre carte d’étudiante.

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l’union 210327c
éducation : Avec les tests, les écoles en bavent

Des tests salivaires ont été réalisés à l’école Jean-Macé à Reims.Stéphanie Jayet
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Marne Les tests salivaires ont débuté dans les écoles le 12 mars. Les enseignants dénoncent une surcharge de travail et le grand flou qui entoure cette campagne.

La Marne a lancé ses tests salivaires le 12 mars, selon deux stratégies : d’une part, réaliser un test tous les quinze jours dans quatre établissements (à Reims, les écoles Sculpteur-Jacques et Jean-Macé et le collège Joliot-Curie, plus le lycée François-I er à Châlons), afin de surveiller l’évolution du virus en milieu scolaire ; d’autre part, tester d’autres écoles, retenues au cas par cas, chaque semaine, dans les zones où le virus circule le plus.

« Nous travaillons avec plusieurs laboratoires pour éviter les problèmes d’engorgement » , signalait une responsable de l’inspection, le 13 mars dans nos colonnes. Deux semaines après, on en est assez loin. L’objectif de 3 000 tests hebdomadaires, malgré une « montée en puissance » confirmée par le rectorat, n’est pas encore atteint.

cela prend énormément de temps

La première semaine, 1 200 tests avaient été faits, et la seconde, selon des chiffres évoqués jeudi lors d’une réunion entre le directeur académique et les syndicats, il était question de 1 500 tests, tous négatifs.

Pour Aline Geeraerts, secrétaire départementale de l’Unsa Éducation, « les enseignants s’interrogent sur le sens de cette campagne » , qui a nécessité de demander leur autorisation aux parents, mais qui ne se concrétise pas pour beaucoup. « Les gens questionnent les directeurs d’école, qui ne savent pas quoi répondre puisqu’eux-mêmes n’ont aucune nouvelle. » Et Aline Geeraerts de suspecter « un gros coup de com’ à la Blanquer sur fond d’enjeu sanitaire » .

Irène Déjardin, du SNUIPP-FSU, lâche qu’ « on ne sait rien » , et déclare que « les enseignants ne veulent pas des tests, mais des vaccins » . Son syndicat a lancé une enquête en ligne auprès des enseignants pour avoir « des retours du terrain » sur ces tests. Surtout, Irène Déjardin dénonce un nouvel « effort » demandé aux écoles : « Les directeurs sont sollicités pour remplir un tableau Excel, avec des données sur les élèves, des numéros de Sécurité sociale, etc., et cela prend énormément de temps. » Elle cite « une école de Reims de 200 élèves, où cela a représenté quatorze heures de travail ! » Sachant que ce n’est pas sûr que le résultat serve… « Dans mon école, seuls dix parents ont dit oui au test, donc on sait déjà qu’on ne sera pas testés. Malgré ça, on doit quand même remplir le fichier ! »

Guillaumé Lévy

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l’union 210327b
faits divers : Rodéo à moto, glissade et feu à cyclo

Á piloter très mal, on s’expose à des chutes.
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Dimanche vers 19 h 30, un jeune homme de 18 ans qui faisait du rodéo à moto au quartier Wilson s’est retrouvé face à une patrouille de police rue de la Bonne-Femme (L’union de mercredi).

À la vue des uniformes, il a fait demi-tour en refusant d’obtempérer à la sommation de s’arrêter, sauf qu’à rouler trop vite, il est tombé par terre et n’a pas eu le temps de se relever.

Conduit à l’hôpital pour quelques soins puis placé en garde à vue au commissariat, il en est ressorti avec une convocation en justice pour le refus d’obtempérer. Sa moto dépourvue de plaque n’avait pas le droit de rouler sur la voie publique.

Par ailleurs, on en sait un peu plus sur un accident de cyclomoteur survenu jeudi à 18 h 10 au quartier Maison-Blanche, rue de Rouen. Au guidon se trouvait un adolescent de 16 ans qui a grillé le stop de l’avenue du 18-Juin-1940 alors qu’arrivait une voiture. L’apercevant, et par réflexe, il a couché le cyclo au sol pour tenter d’éviter la collision.

Légèrement blessé lors de la chute, le garçon originaire du quartier Croix-Rouge a eu chaud, au sens propre comme au sens figuré, car le deux-roues a pris feu après avoir percuté l’avant de la voiture. Malgré l’incendie, les policiers ont pu constater que l’engin avait les pneus lisses.

 

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l’union 210327a
Un sexagénaire meurt dans l’incendie de sa maison

Le drame s’est produit dans une maison occupée par deux frères âgés d’une soixantaine d’années.
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Dramatique loi des séries à Reims. Une semaine après l’incendie criminel qui a fait deux morts dans un immeuble du quartier des Châtillons, un homme est décédé hier matin à 3 h 30 dans le feu de sa maison au quartier Croix-Rouge.

Le sinistre s’est déclaré allée des Champenois, une rue composée de petites maisons mitoyennes. L’habitation était occupée par deux frères domiciliés depuis plus de trente ans à cette adresse (leur mère, veuve depuis de nombreuses années, a été récemment hospitalisée en long séjour). D’après les constatations, le feu serait parti de la chambre occupée par Daniel Cillier, un homme de 62 ans qui avait des difficultés pour se déplacer. Il était déjà mort asphyxié à l’arrivée des pompiers. Son frère Gilles, légèrement intoxiqué, a été transporté au CHU.

L’intervention des pompiers a pris fin vers 6 heures. L’enquête s’oriente vers un incendie d’origine accidentelle : la victime, qui était fumeuse, aurait pu s’endormir avec une cigarette allumée.

 

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l’union 210326d
DEMAIN

Assemblée générale L’association Croix Rouge pour l’animation et la promotion tiendra son assemblée générale à 10 heures en seule présence des élus, des partenaires et du conseil d’administration.

Adresse : 11 av. du Président Kennedy.

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l’union 210326c
Education : Les pions sont en colère

Les assistants d’éducation seraient environ trois mille dans l’académie de Reims.
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Un collectif d’assistants d’éducation appelait à une manifestation ce jeudi matin. En grève depuis décembre, les membres du collectif réclament la reconnaissance de leur métier, un vrai statut et leur titularisation.

Ils ne sont pas très nombreux sur le parvis du rectorat à Reims, mais motivés. Un collectif d’assistants d’éducation appelait à manifester ce jeudi matin. « Nous sommes en grève depuis décembre et nous nous sommes constitués en collectif national » , explique Floriant Skouratko, en poste au collège Joliot-Curie à Reims.

Les assistants d’éducation, qui seraient environ trois mille dans l’académie de Reims, sont les descendants de ce qu’on appelait légèrement les pions, maîtres d’internat et surveillants d’externat. La loi Ferry de 2003 est venue balayer tout ça.

« Nos missions ont considérablement évolué cependant. Et le recrutement ne se fait plus majoritairement parmi les étudiants, on retrouve tous les profils » , dit-il, ajoutant que seuls 20 % désormais des assistants d’éducation seraient étudiants.

Pas que de la surveillance

« On ne fait pas que la surveillance, au sein de la vie scolaire, nous faisons beaucoup de choses : enseignement numérique, accompagnement de sorties scolaires, soutien, accompagnement d’élèves handicapés, on supplée aussi les infirmières qui ne sont souvent plus là, etc. »

Les assistants d’éducation réclament une véritable reconnaissance de ces compétences et de leur métier. « Pour l’heure, on peut exercer six ans maximum, soit six contrats d’un an ou deux de trois ans. » Ils veulent un vrai statut d’éducateur scolaire et la possibilité d’être titularisés.

Yann Le Blevec

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l’union 210326b
Culture : Des artistes se mobilisent pour la Mine

Le plasticien Antoni RSM a un atelier à La Mine, un lieu où il souhaite pouvoir acueillir le plus rapidement possible les habitants du quartier. Stéphanie Jayet
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Dans le quartier Croix-Rouge, l’association artistique La Mine disposera bientôt de locaux plus grands. Son président ne manque pas de projets.

Bien entendu, le plasticien Antoni RSM souffre de la fermeture des lieux d’exposition et plus largement de la crise sanitaire qui n’en finit pas. Mais il refuse de sombrer dans la sinistrose ambiante.

Le peintre et sculpteur se montre même plein d’énergie et fourmille d’idées pour La Mine, le lieu qu’il gère avec d’autres artistes, dans le quartier Croix Rouge.

Studio d’enregistrement et salle MAO

Depuis quatre ans, l’association que préside Antoni RSM dispose d’un local allée Yves-Gandon. Pour un très faible loyer, l’espace de 200 m 2 , qui appartient à Reims Habitat, est mis à la disposition de plasticiens, de musiciens et de producteurs de rap.

L’équipe de La Mine qui, avant le Covid, organisait des rencontres avec les habitants, a notamment installé un petit studio d’enregistrement et une salle MAO (Musique assistée par ordinateur), très prisés par les jeunes du quartier et d’ailleurs.

350 m2 supplémentaires en cours de réaménagement

Si Antoni RSM est aujourd’hui optimiste, c’est parce que La Mine va pouvoir s’agrandir.

Reims Habitat lui confie en effet un second espace, qui se trouve à quelques mètres du premier. « En récupérant le local d’un ancien supermarché halal, fermé depuis plusieurs années, nous aurons 350 m 2 supplémentaires, ce qui va nous permettre de proposer davantage de choses au public dont des concerts, des expositions ou des tournages de vidéos » , explique-t-il en faisant visiter les lieux, en compagnie de Pascal Labelle, l’adjoint au maire chargé de la culture.

« Reims Habitat paie les gros travaux dont l’électricité et le chauffage. Mais nous mettons aussi la main à la pâte pour aménager le lieu » , poursuit-il.

Avec enthousiasme, le plasticien imagine toutes sortes d’ateliers artistiques pour les habitants.

Il aimerait également proposer du soutien scolaire, créer une dynamique positive « pour que les enfants ne traînent plus dans la rue et ne se laissent pas embarquer par les dealers quand, après l’âge de 10 ans, ils arrêtent de jouer au foot… »

Je suis convaincu qu’il y a plein de belles choses à faire

Antoni RSM, qui a grandit à Orgeval, connaît bien le quartier Croix-Rouge et en particulier le secteur de l’allée Yves-Gandon où vivent « beaucoup de femmes seules avec leurs enfants » .

« Je suis convaincu qu’il y a plein de belles choses à faire. Le seul problème, c’est que nous aurions besoin d’engager deux ou trois salariés pour pouvoir ouvrir plus souvent. Car tous les artistes de La Mine travaillent à côté, pour gagner leur vie. Je m’occupe par exemple d’un élève autiste en milieu scolaire et je ne viens donc ici quand pendant mon temps libre » , raconte Antoni RSM. 

En attendant, le plasticien, qui se dit soutenu par la Ville de Reims, participe aux travaux d’aménagement du nouveau terrain de jeu de La Mine.

Il espère que l’inauguration pourra avoir lieu en septembre.

Valérie Coulet

À côté de La Boussole

La Mine ne se trouve pas très loin de La Boussole, un lieu culturel porté par La Comédie, Césaré et Nova Villa qui, en raison de la crise sanitaire, n’a pas pas pu encore ouvrir ses portes. La Boussole est mise à disposition par l’organisme logeur Plurial Novilia place Auguste-Rodin. La Boussole ne se veut pas une salle de spectacle mais un espace où seront proposées toutes sortes d’ateliers et de rencontres liés au théâtre, à la vidéo, à la musique d’improvisation, à la photographie, à la lecture ou le conte.

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l’union 210326a
Agression de notre photographe : l’enquête se poursuit

L’agression de notre confrère s’était produite dans l’après-midi du samedi 27 février, sur le parking de la médiathèque du quartier Croix-Rouge. M.L.
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Depuis l’attaque dont a été victime notre confrère Christian Lantenois, le 27 février, les enquêtes judiciaire et administratives se poursuivent. La première se focalise sur l’identification de suspects, les autres recherchent d’éventuels manquements dans le suivi du principal mis en cause.

Depuis le 3 mars, Anes Saïd Khebbeb dort en prison. Mis en examen pour « tentative de meurtre aggravé » et placé en détention provisoire cinq jours après l’attaque dont a été victime notre photojournaliste Christian Lantenois, frappé avec son propre objectif au cours d’un reportage dans le quartier Croix-Rouge, cet homme de 21 ans, soupçonné d’être celui qui a porté les coups, doit être bientôt interrogé par la juge d’instruction. Reste à savoir s’il sera plus loquace qu’au cours de sa garde à vue, durant laquelle il avait gardé le silence.

Travail d’identification

Interpellé le 5 mars, Abasse Dianka, 21 ans également, est mis en examen pour « participation à un groupement en vue de préparer des actes de violences ou des dégradations ». Placé sous contrôle judiciaire, il est astreint à diverses obligations, parmi lesquelles celle de ne pas entrer en contact avec d’autres protagonistes du dossier. À la lecture des éléments communiqués le 5 mars par le procureur de Reims, Matthieu Bourrette, douze autres individus sont recherchés. Présents lors de l’agression, ceux-ci encourent des poursuites pour « participation à un groupement en vue de commettre des faits de violences ou de dégradation » et « non-assistance à personne en péril ». Depuis trois semaines, les enquêteurs de la sûreté départementale s’attellent à les identifier. Avant, suppose-t-on, de déclencher une vague d’arrestations.

En parallèle, pas moins de trois enquêtes internes ont été annoncées. Celles-ci, menées par les inspections générales de l’administration (IGA), la police nationale (IGPN) et la justice (IGA), doivent déterminer les éventuels manquements dans le suivi d’Anes Saïd Khebbeb, condamné à huit reprises mais qui n’a jamais fait l’objet d’une procédure d’expulsion alors qu’il se trouvait en situation irrégulière . « Cet individu n’a manifestement pas été suivi comme il aurait dû l’être. On veut comprendre ce qui a pu rater dans le fonctionnement de l’administration de l’État. S’il y a eu des fautes, il devra y avoir des sanctions » , prévenait, le 5 mars, l’entourage du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. De sources concordantes, les policiers qui ont eu Anes Saïd Khebbeb face à eux n’ont pas fait remonter en préfecture d’information au sujet de sa situation administrative.

Lorsqu’un individu est en garde à vue, son identité – qu’il n’est pas possible de confirmer par un document officiel – est passée dans deux fichiers : le fichier des personnes recherchées (FPR) et le traitement d’antécédents judiciaires (TAJ). Vérifier la situation administrative d’un mis en cause impose de passer son nom dans un troisième fichier, dont les données ne sont pas croisées avec les deux déjà nommés : le fichier national des étrangers (FNE). Ce qui n’a pas été fait pour Anes Saïd Khebbeb, de nationalité algérienne, à Reims depuis trois ans et détenteur d’une carte de séjour espagnole.

La préfecture n’a pas été informée de la situation irrégulière du suspect

Doit-on pour autant en déduire qu’une procédure d’expulsion aurait été initiée si sa situation avait été signalée en préfecture ? À l’évidence, non. En 2020, près de 380 individus interpellés dans la circonscription de Reims se trouvaient en situation irrégulière – environ 70 n’avaient pas encore 18 ans. Dix-sept ont fait l’objet d’une interdiction de territoire français (ITF), prononcée par un juge contre un étranger qui réside en France et a commis un crime ou un délit. Un peu plus d’une cinquantaine étaient de nationalité algérienne, aucun n’a fait l’objet d’une ITF.

« Au-delà des situations individuelles, la réalité des reconduites varie grandement selon les pays – avec certains, il n’existe pas de pont aérien avec la France » , éclaire un avocat, habitué de ces procédures.

Mathieu Livoreil

Un état de santé très préoccupant

Selon nos sources, Christian Lantenois est sorti du coma artificiel dans lequel il avait été plongé. Son état de santé reste cependant très préoccupant. Lors de son admission à l’hôpital Robert-Debré, le procureur indiquait qu’il souffrait d’un traumatisme crânien très sévère, d’une fracture du rocher, d’un hématome sous-dural et d’une hémorragie cérébrale.

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l’union 210325a
Un automobiliste trop crevé pour rouler

Lors d’une patrouille de nuit au quartier Croix-Rouge, les policiers ont repéré une voiture qui roulait à très petite vitesse rue Raoul-Dufy. Y regardant de plus près, ils ont remarqué qu’un pneu était crevé… Au volant, le conducteur non plus n’était pas très en forme : 2,36 grammes d’alcool par litre de sang. En plus, il était en défaut de permis.

Après avoir repris des forces au commissariat, l’automobiliste âgé de 43 ans a été remis en liberté avec une convocation au palais de justice le 26 mai.

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l’union 210324c
société : Toujours à la rue, faute de places

Il n’est pas rare que des migrants occupent le parc Saint-John-Perse. Le dernier campement en date a été évacué il y a quelques jours. Archives Stéphanie Jayet
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Le nombre de place d’hébergement a beau légèrement augmenter, le dispositif est saturé. Des sans-abri dorment dans des squats, sous une tente ou simplement dans la rue.

L’histoire se répète avec les saisons. Il y a une semaine, un groupe d’Albanais a quitté le parc Saint-John-Perse, à la lisière du quartier Croix-Rouge, où un camp de fortune avait été installé depuis une dizaine de jours. Anticipant l’arrivée de la police, généralement programmée tôt le matin, les migrants ont plié les gaules d’eux-mêmes. Direction l’inconnu, pour une partie d’entre eux. L’existence de ces populations se résume bien souvent à une errance, d’une chambre d’hôtel à une toile de tente. D’une ville à l’autre, avec l’espoir d’obtenir le droit de rester en France.

Une Longue attente

À Reims, les associations viennent souvent en aide à des populations des pays de l’Est, hors espace Schengen : Albanie, Géorgie, Arménie, etc. Tous vivent du même espoir, mais leur destin est aléatoire. « Certains obtiennent une régularisation, d’autres sont maintenus dans une zone grise, pas vraiment régularisés, pas vraiment illégaux non plus », observe Fabien Tarrit, du collectif Sövkipeu. Un entre-deux inconfortable qui incite au nomadisme. Pour tenter de faire évoluer leur situation, les migrants font parfois un saut de puce « d’un département à l’autre ». Leur horizon va rarement plus loin que le jour d’après. Pour la nuit, le 115 fonctionne « en priorité pour les familles avec enfants », rappelle Fabien Tarrit. « L’accueil se réduit et la répression se renforce » . Sövkipeu fournit du petit mobilier (tentes, chaises) aux migrants qui restent à quai, dans la rue, sur le bitume ou sur un bout de pelouse. La situation sanitaire n’aide pas, « mais pour eux, c’est un problème parmi d’autres… » Pour décrocher un lit dans un foyer ou, plus souvent, dans une chambre d’hôtel, l’attente est souvent longue. « Trois semaines environ » , avance Sophie*. Cette bonne âme donne régulièrement de son temps pour trouver un hébergement aux plus démunis. « Beaucoup de migrants maîtrisent peu ou mal le Français. »

La Marnaise se charge de passer les appels quotidiens au Samu social pour inscrire des personnes sur liste d’attente. « Malheureusement, certains travailleurs sociaux exigent que les demandeurs soient à côté de moi, mais je travaille, je ne peux pas être au quotidien avec eux » , déplore-t-elle.

Demandes en hausse

La liste d’attente serait plus ou moins évolutive. « Le 115 fait avec les moyens qui sont à sa disposition » , rétorque Walter Leclercq, responsable du pôle urgence insertion à l’association Jamais seul de Reims.

Les 80 appartements soit 305 places d’hébergements de ce service sont mis à la disposition du Samu social et du Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO). Cette année, la structure a vu se pérenniser 21 places supplémentaires dans la Marne. « Les moyens augmentent chaque année mais malheureusement le nombre de situations à couvrir augmente en parallèle. » La majorité des demandes émanent « de ressortissants étrangers, tout statut confondu » . Mis à part les annonces de démantèlements de squats ou de camps, le flux de ce public est difficile à anticiper.

En plus de la hausse des sollicitations, les travailleurs sociaux doivent faire face à des cas plus problématiques. « L’état de santé physique et psychologique s’est dégradé ces dernières années » , note le chef de service. « Les ressortissants étrangers ont un parcours de vie et d’exils semé d’embûches. » L’hébergement d’urgence n’est pas uniquement une question de places. « La cohabitation est parfois compliquée. L’âge et la nationalité doivent par exemple être pris en compte. On ne regroupe pas les gens au hasard » , développe Walter Leclercq.

Les salariés de Jamais seul ont donc appris à être polyvalents. « Auparavant, l’hébergement d’urgence consistait à fournir un toit et à manger. Désormais, les travailleurs sociaux aident aux tâches administratives, au suivi médical ou encore à l’insertion professionnelle. »

Nul doute que la crise sanitaire et économique apportera peu de répit à ces salariés dévoués. « Avec les pertes d’emploi et de ressources à venir mais aussi l’isolement social, on va accueillir un public que l’on n’accueillait pas habituellement. » Et qu’il faudra pourtant bien loger.

* Le prénom a été modifié

Olivier Durand

3 QUESTIONS À…PIERRE N’GAHANE PRÉFET DE LA MARNE

Combien de places d’hébergement existe-t-il à Reims ?

Tous dispositifs confondus, la Marne dispose de moins de 2 000 places d’hébergements d’urgence. Près de la moitié se trouve à Reims. Ces places sont réparties entre les structures d’accueil gérées par des associations comme la Croix-Rouge, Adoma ou Jamais Seul et les nuitées à l’hôtel. Des ajustements sont possibles en fonction des températures ou d’événements imprévus. Ainsi, au plus fort de la crise sanitaire, 320 personnes ont été mises à l’abri à l’hôtel. La mise à l’abri étant inconditionnelle.

Comment sont réparties ces places ?

Sur les 2 000 places du département, 1006 sont consacrées aux demandeurs d’asile et 940 pour les personnes sans-abri et l’hébergement d’urgence. Sur ces 940 places, 34 sont dédiées aux victimes de violences conjugales et 18 aux 18-25 ans. Des dispositifs tels que l’Aide médicale de l’État (AME) pour les étrangers en situation irrégulière permettent d’aider les malades. Je peux demander moi-même la régularisation de personnes dont la santé requiert qu’elles restent sur le territoire national, à titre très dérogatoire.

Comment sont accompagnés les demandeurs d’asile ?

Des structures (Cada, Huda, Prahda) sont chargées d’accompagner les demandeurs d’asile. La difficulté est de savoir quand faire partir les personnes déboutées pour libérer des logements. Tout cela avec humanité. On n’hésite pas à les convaincre de quitter le pays via l’aide au retour volontaire ou à les contraindre au travers d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Je n’ai jamais vu autant de gamins de moins de 25 ans dehors

Zahia Nouri sonde la rue comme le météorologue observe le ciel. La fondatrice de la Maraude citoyenne est un baromètre de l’indigence. Depuis huit ans, elle s’est assise au chevet des SDF rémois, à qui elle donne rendez-vous, deux fois par semaine, le lundi et le jeudi. « Ils sont une cinquantaine à venir me voir », évalue-t-elle. Dire que leur nombre n’a pas baissé est un euphémisme. « Je n’ai jamais vu autant de gamins de moins de 25 ans dehors ». Dans sa bouche, le dépit le dispute à la colère. Les hivers passent. Rien ne change. Le 115 ? « Il faut appeler, et appeler encore. » Est-ce efficace ? Zahia Nouri répond par un soupir. « Je ne comprends pas comment c’est géré… » Une seule question lui importe : « Pourquoi n’y a-t-il pas assez de places dans ces structures ? » Cette ancienne commerçante du quartier Wilson a du caractère à revendre. Et de l’énergie pour un régiment entier.

Avec ses bras et son équipe de bénévoles, elle aide comme elle peut ces naufragés des vies, « des pauvres gens, dans une totale détresse physique et morale ». En rupture familiale, souvent, ou victimes d’un licenciement. Zahia Nouri colmate les brèches. La faim et le froid. « Ils sont totalement démunis. Ils vivent avec presque rien. Si je vois que l’un d’eux a besoin de quelque chose, que ses chaussures sont trouées ou qu’il n’a pas de blouson, je m’en occupe… » Cette année, les températures sont descendues très bas. « Je vous laisse imaginer ce qu’ils peuvent endurer… Déjà, quand il fait zéro degré, c’est extrêmement dur. » Pour les réconforter, elle leur parle comme une sœur s’adresse à son frère. « lIs me tutoient, je casse la distance tout de suite. Je crée un lien de confiance. » Certains n’iraient dans une structure pour rien au monde. « Mais c’est le cas de quelques-uns seulement », note Zahia Nouri. Beaucoup aimeraient avoir un toit au-dessus de leur tête. « Surtout que la crise sanitaire les rend encore plus fragiles psychologiquement… »

Appel sans réponse : Alice Beckel Journaliste à la rédaction de Reims

L’hébergement des personnes démunies est un sujet sensible, certes. Mais on ne s’imaginait pas qu’il serait aussi difficile d’avoir des interlocuteurs locaux sur cette thématique. Du travailleur social au directeur de structure, nombreux ont ouvert le parapluie. Même des politiques habituellement loquaces ont refusé de s’exprimer sur le sujet. Regrettable. L’absence de réponse pose encore plus question.

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l’union 210324b
coronavirus : Entre les mailles du couvre-feu

Le préfet de la Marne, Pierre N’Gahane, assure que « les contrôles au titre du couvre-feu se poursuivent bien entendu, ainsi que les verbalisations ».Archive Christian Lantenois
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Automobilistes comme piétons témoignent de contrôles plutôt rares dans la cité des sacres alors que le couvre-feu demeure en vigueur. La préfecture assure pourtant maintenir la pression.

Même s’il a été repoussé à 19 heures, le couvre-feu reste une contrainte plus ou moins bien acceptée. Avec l’arrivée progressive des beaux jours, l’idée de se claquemurer en rentrant du boulot a de quoi en rendre fous plus d’un. Ce qui explique sans doute les nombreuses entorses constatées, à Reims comme ailleurs. Dans la cité des sacres, beaucoup admettent rouler à des heures interdites. Sans avoir été verbalisés, ni par la police nationale, ni par la police municipale.

À l’instar de Christophe, 24 ans : « Entre Bezannes et Reims, je n’ai jamais vu de contrôle, même en passant devant le commissariat à environ 21 heures. Une fois, une voiture de police a commencé à me suivre rue de Neufchâtel, mais elle a fait demi-tour alors qu’il était une heure du matin. Ce week-end, encore, je suis rentré du quartier Europe vers les 22 heures, je n’ai croisé aucune voiture de police. »

Depuis mars 2020, je n’ai jamais été contrôlé et pourtant je ne porte pas de masque même si j’en ai un ou deux vieux dans la poche de ma veste au cas où Joseph, 66 ans

Les témoignages sont pléthoriques. Allant presque tous dans le même sens. Coralie abonde : « Personnellement, étant du milieu médical, je sors régulièrement hors des horaires, tôt le matin et tard le soir. Je n’ai eu aucun contrôle en un an. Pourtant je ne suis pas de Reims et j’emprunte des routes propices aux contrôles (la Garenne, la chaufferie). »

Nous ne voyons pratiquement jamais la police

Joseph, 66 ans, vit à Croix-Rouge depuis plus de quarante ans. Dans ce vaste quartier populaire, les contrevenants seraient légion. À commencer par lui-même : « Depuis mars 2020, je n’ai jamais été contrôlé et pourtant je ne porte pas de masque même si j’en ai un ou deux vieux dans la poche de ma veste au cas où. J’habite dans le quartier Croix-du-Sud et nous ne voyons pratiquement jamais la police. Il y a de très nombreuses personnes dehors après 18 heures et avec les beaux jours et le recul à 19 heures, ce sera inévitablement pareil car on peut difficilement imaginer rester enfermé dans un HLM indéfiniment. » Le constat est général, englobant le périmètre de la ville. « Je vois des gens laver leur voiture à des stations de lavage après 19 heures » , s’étonne à peine ce salarié de la zone industrielle Colbert. « Il n’y a pas assez de contrôles et surtout l’amende n’est pas assez dissuasive ; 350 euros ce serait bien et ça en ferait réfléchir certains » , estime Thierry Camus.

Une patrouille m’a mis le grappin dessus

Des contrôles, il y en a bien quelques-uns. En centre-ville, comme en périphérie. Au péage de Thillois ou sur certains ronds-points stratégiques. Et même là où l’on ne s’y attend pas. « Devant un kebab de l’avenue Jean-Jaurès où j’achetais deux barquettes de frites. Une patrouille m’a mis le grappin dessus, sans avertissement » , raconte, pas veinard, ce garagiste. Autre témoignage, celui de Benoît Husson. Trois amis à lui ont été verbalisés, dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 mars, rue des Telliers, dans l’hyper-centre. Vers minuit. Sur le fond, il ne conteste pas. « Rien à redire, c’est le jeu. Mais quand j’y repense, un sentiment de frustration m’envahit. J’ai du mal à concevoir qu’on mette des amendes à certains et pas à d’autres. Surtout si l’on se dit que le couvre-feu est mis en place pour des raisons sanitaires, ne serait-ce pas plus important d’assurer le bon respect de la mesure lorsqu’il y a plein de monde dans les rues et sur les Promenades en début de soirée ? Les personnes seules circulant à une heure très tardive le soir sont-elles vraiment les plus dangereuses ? » D’autant qu’au même moment, ajoute ce Rémois, « des voitures passaient en zigzaguant sans être inquiétées… »

Le changement d’heure qui s’annonce ce week-end ne devrait pas arranger les choses.

Une vigilance de la préfecture

De son côté, le préfet de la Marne, Pierre N’Gahane, assure que « les contrôles au titre du couvre-feu se poursuivent bien entendu, ainsi que les verbalisations » . Selon les données de la préfecture, leur nombre, entre le 15 décembre 2020 et le 21 mars 2021, s’élève à 4 303 dont 2 813 par la police nationale, 1 016 par la gendarmerie et 474 par les policiers municipaux. « Globalement le couvre-feu est respecté avec comme d’habitude des exceptions ici ou là. Nous avons intégré le retour du beau temps. Nous serons particulièrement vigilants pour que le respect du couvre-feu se poursuive » , affirme le représentant de l’État.

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l’union 210324a
Il reconnaît son vélo volé mis en vente sur le boncoin

Victime du vol de son vélo le 8 mars, un Rémois a surveillé leboncoin à la recherche de son bien. Bingo ! Il l’a reconnu. Se déclarant intéressé, il a pris rendez-vous avec le vendeur. La police, évidemment, l’accompagnait discrètement…

Interpellé, le vendeur était un adolescent de 16 ans qui a prétendu avoir trouvé le vélo dans son quartier de Croix-Rouge. Il s’était présenté au rendez-vous avec un peu de résine de cannabis dans ses poches.

La victime a pu récupérer son vélo. Le mineur, lui, a récupéré une convocation devant le juge des enfants.

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l’union 210323c
aménagement : Dernière ligne droite pour la future maison de quartier de Croix-Rouge

La salle polyvalente a vocation à accueillir les événements de la maison de quartier, mais pourra aussi être louée par les habitants pour des réunions familiales privées par exemple.
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Lancée il y a un peu plus d’un an, la construction de la maison de quartier Pays-de-France touche à sa fin. Sa livraison est prévue fin avril, début mai. On y trouvera différents pôles dont l’un dédié à la petite enfance, mais aussi une salle polyvalente qui pourra être louée par les familles.

Le sujet a longtemps fait débat entre la majorité municipale actuelle et celle d’Adeline Hazan. La gauche avait conçu un équipement avec notamment des studios d’enregistrement. Pas adapté selon l’équipe d’Arnaud Robinet arrivée en 2014. Et sous la houlette de Mario Rossi, adjoint au maire qui avait en charge les maisons de quartier à l’époque, un nouveau projet est né à l’intersection de l’allée des Landais et de l’avenue du Général-Bonaparte.

Aujourd’hui, c’est Charles Germain, nouvel adjoint aux maisons de quartier, qui a repris le bébé. « La mise en service est prévue pour mai-juin, avec une livraison fin avril » , explique-t-il alors que l’on s’affaire aux finitions pour tenir les délais. Le chantier a commencé en janvier 2020, mais avec les confinements, un peu plus d’un mois de retard a dû être concédé, ce qui n’est pas si mal.

Le nouvel équipement, d’un coût de 4,65 millions (auxquels il faut ajouter 300 000 euros d’équipements), vient notamment remplacer la maison de quartier Watteau, qui était petite, obsolète et excentrée. Elle était une des dernières à ne pas appartenir à la ville et sera rétrocédée au bailleur.

Le nouveau bâtiment offrira une surface triplée par rapport à ce qui existait à Watteau, avec 1 200 m 2 de surface utile et 800 m 2 pour les espaces extérieurs

Le nouveau bâtiment offrira une surface triplée par rapport à ce qui existait à Watteau, avec 1 200 m 2 de surface utile et 800 m 2 pour les espaces extérieurs. Les activités de Watteau y seront hébergées mais pas seulement. « On y retrouvera les activités propres à une maison de quartier, dédiées à la petite enfance, à l’enfance, aux ados, aux seniors, aux familles… mais il y aura aussi les acteurs sociaux et culturels, les éducateurs du département, la protection maternelle infantile, des associations… Énormément de services seront disponibles » , avec notamment encore un volet emploi et formation. Pas pour trouver un job, mais pour aider à en trouver en tout cas.

Un bâtiment de plain-pied

Le tout est entièrement de plain-pied et est desservi par un grand couloir central, qui permet l’indépendance entre les pôles, mais aussi des interactions entre eux.

La maison de quartier dispose de plusieurs espaces extérieurs protégés, ce qui offre une belle luminosité, tout en préservant la maison de quartier de l’extérieur. À ce titre, la salle polyvalente est particulièrement exemplaire. Un astucieux puits lumineux a été imaginé sur le toit (ce dernier sera en grande partie végétalisé), offrant non pas une lumière directe, mais donnée par des jeux de panneaux orientés.

Cette salle est totalement indépendante et est aussi entièrement isolée en termes de bruit. Elle a vocation à accueillir les événements de la maison de quartier, mais pourra aussi être louée par les habitants pour des réunions familiales privées par exemple.

Le prochain grand projet concernant une maison de quartier concernera les Châtillons. « L’emprise foncière a été choisie et les architectes travaillent au projet » , confie Charles Germain.

Yann Le Blévec

Quid des places de parking ?

Trois places de stationnement minute seront aménagées juste devant le parvis. L’accès au bâtiment de la nouvelle maison de quartier se fera en effet par un parvis, accessible par une rampe, depuis l’allée des Landais ou par un escalier, depuis l’avenue Bonaparte. Pour tenir compte du léger dénivelé, d’une hauteur d’un mètre, entre la porte d’entrée de la future maison de quartier et l’allée des Landais, l’actuel talus sera aménagé en terrasses végétalisées. La forme du parvis, vue du ciel, rappellera celle de la toiture de la maison de quartier, avec des angles en biseau.

À noter que le personnel disposera de places de stationnement à l’intérieur du futur bâtiment pour préserver l’offre du secteur. Actuellement, la Ville de Reims finalise par ailleurs l’aménagement d’un parking paysager de 37 places rue Arago. La Ville a également remis au propre le parking dit « G8 », situé à l’arrière de l’arrêt de tramway « Arago » et distant de 120 m de la porte d’entrée de la nouvelle maison de quartier.

Jusqu’au 14 mai 2021, l’allée des Landais est fermée à la circulation, de l’avenue Bonaparte à la crèche des Hautes Feuilles.

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l’union 210323b
Collision dans le virage

On en sait un peu plus sur un accident survenu vendredi à 14 h 15 près de la déchetterie de Croix-Rouge.

D’après les constatations de la police, le conducteur d’une Golf qui tournait rue Fernand-Brunet, depuis l’avenue du Maréchal-Juin, s’est déporté dans le virage en raison d’une vitesse excessive, et a heurté une Clio.

Seuls des dégâts matériels ont été déplorés.

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l’union 210323a
DEMAIN

Séances de sport gratuites pour les étudiants « Pratik Students » organisées par la Ville de Reims, tous les mercredis de 15 h 30 à 16 h 30 et les jeudis de 16 h 30 à 17 h 30 au complexe Géo-André.

Ouvertes à tous les étudiants de Reims, inscription au préalable sur un calendrier Doodle via le site de la ville ou en appelant le 06 26 24 50 08.

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l’union 210322b
Santé : Kilos en trop et moral à zéro, la santé des jeunes alarme les docteurs

Spécialiste de l’obésité infantile, le docteur Alexandre Lourdelle est pédiatre au CHU de Reims, où il constate l’impact « considérable » de la crise sanitaire et des confinements sur ses jeunes patients. Photos Stéphanie Jayet
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Moins de sport et de rencontres, plus d’écrans et de sédentarité : les confinements et le couvre-feu ont un impact important, depuis un an, sur la santé des enfants et adolescents. Parmi les séquelles observées, deux médecins de la région évoquent l’obésité infantile, l’anorexie et les idées suicidaires.

O n a très peu de cas de Covid graves chez l’enfant, mais les troubles du comportement alimentaire et les problèmes pédopsychiatriques ont explosé. Ce choc est vraiment arrivé avec la deuxième vague, avec une hausse considérable des consultations et hospitalisations » , expose d’emblée Alexandre Lourdelle. Jeune pédiatre au CHU de Reims, né il y a 33 ans à Croix-Rouge, il est spécialisé dans l’obésité pédiatrique. À Reims comme à l’hôpital de Charleville, où il consulte plusieurs fois par mois, il constate de plus en plus de problèmes de surpoids ou d’obésité chez les jeunes.

Ayant cessé le sport et limité leurs rencontres, ces derniers ont passé, depuis un an, beaucoup plus de temps chez eux et sur les écrans. Une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) indiquait, en novembre 2020, que les deux tiers des 11-17 ans présentaient « un risque sanitaire préoccupant, caractérisé par le dépassement simultané de deux seuils sanitaires : plus de 2 heures de temps écran et moins de 60 minutes d’activité physique par jour ». Et pour la moitié d’entre eux, le risque sanitaire était qualifié de « très élevé » , avec plus de 4 h 30 d’écran et moins de 20 minutes d’activité physique.

L’impact de cette crise de sédentarité forcée n’a pas immédiatement été pris en compte, jusqu’à ce que des médecins, à l’automne 2020, tirent la sonnette d’alarme. « La hausse de l’IMC (Indice de masse corporelle *) est flagrante chez beaucoup d’enfants » , souligne le Dr Lourdelle, qui insiste sur ses causes « psychologiques » : « La perte d’interactions sociales a un impact très fort : l’enfermement et le repli sur soi engendrent beaucoup d’anxiété et des conduites alimentaires à risques. » Dans le cas de l’obésité, des jeunes cherchent à « se remplir » au sens propre. « Ils comblent le vide par une alimentation facile et rapide. Beaucoup de mes patients le reconnaissent : c’est réconfortant de manger. » Avoir le moral à zéro et des kilos en trop est « très lié » selon le pédiatre, au point que « l’un entraîne l’autre, et vice-versa ».

Nombreux cas d’anorexie à l’hôpital

L’anorexie mentale, qui affecte plus les jeunes filles, est un autre trouble du comportement alimentaire. « Sans être grosses, certaines n’ont pas supporté de prendre quelques kilos, et se sont imposé des restrictions alimentaires sévères. » Plusieurs sont hospitalisées actuellement.

À propos de ces jeunes en souffrance, le docteur Brice Canot évoque, lui, « une perte d’élan vital » , qui se renforce au fil du temps. Généraliste à Reims après avoir longtemps exercé dans les Ardennes et l’Aisne, celui qui préside aussi le collectif France sport santé résume ce cercle vicieux : « Des enfants qui restent à la maison ont encore moins envie d’en sortir, et leur élan vital diminue de plus en plus. Autrement dit : quand on ne bouge pas, on a encore moins envie de bouger. »

Un manque affectif criant

Depuis un an, il fait les deux mêmes constats « flagrants » que son confrère : d’abord une hausse de l’IMC qui touche tous les âges, mais qui l’inquiète surtout chez les jeunes, puisqu’il redoute « une bombe à retardement » (lire par ailleurs). Le second diagnostic porte sur « les conséquences psychologiques » de la crise : anxiété, troubles du sommeil, de la concentration… En cause : « la perte d’interactions sociales physiques » . Le dernier mot est essentiel : « Les réseaux sociaux ne compensent pas ce manque physique : on reste des animaux sociaux, et les jeunes souffrent d’être privés de leurs congénères. » Brice Canot, qui suit de nombreux sportifs, cite le cas de rameuses, obligées désormais de pratiquer seules. « L’une d’elles m’a confié combien elle souffrait de ramer sans sa partenaire. Le manque affectif est criant. »

Au CHU, les cas les plus extrêmes arrivent souvent en pédopsychiatrie, dont l’unité a été « renforcée » en 2020 selon le Dr Lourdelle. « Les idées suicidaires et les tentatives de suicide ont beaucoup augmenté, surtout au second confinement. Les équipes ont été renforcées et un dispositif d’accueil créé, avec des consultations de crise, pour identifier les jeunes et évaluer les risques de passages à l’acte. » Face à cela, les médecins redoutent forcément l’impact que pourrait avoir un nouveau reconfinement.

* IMC : l’indice de masse corporelle se calcule en divisant le poids par la taille au carré.

Dossier réalisé par Guillaume Lévy

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l’union 210322a
éducation : Une nouvelle option sportive au lycée Arago

Une trentaine d’élèves pourra opter pour cet enseignement de spécialité dès la rentrée de septembre. Archives - Remi Wafflart
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Le lycée François-Arago se tourne un peu plus vers le sport. L’établissement scolaire, déjà doté de filières d’accès vers le haut niveau et haut niveau du Centre d’Éducation Physique et Sportive (Creps), va enrichir à la rentrée de septembre son offre pédagogique avec un nouvel enseignement de spécialité (EDS) axé sur l’environnement du sport.

Cette spécialité « éducation physique, pratiques et culture sportive », mêlera cours théoriques et pratiques « en lien avec l’activité physique, sportive et artistique, dans des domaines variés tels que les humanités ou les sciences », développe l’académie de Reims.

Cette option pourra être choisie à la fin de la Seconde générale et sera dispensée à raison de quatre heures hebdomadaires en Première et six heures en Terminale. « Les enseignants seront aussi bien des professeurs d’Éducation Physique et Sportive (EPS), que de technologie ou encore d’économie-gestion », avance Marie-Noëlle Humbert, l’une des inspectrices pédagogique régionales d’EPS en charge du projet.

LE MILIEU DU SPORT VECTEUR D’EMPLOI

La large palette d’enseignements permettra d’accueillir une trentaine de jeunes gens aux vocations différentes. « Tous les élèves peuvent postuler. Pas uniquement ceux qui se destinent à intégrer Staps (la faculté de sports, NDLR). Le milieu du sport est vecteur d’emplois », assure-t-elle. Aspirants entraîneurs comme « futurs ingénieurs en équipements sportifs »

Si l’équipe pédagogique d’Arago peaufine encore les détails du programme, l’inspection d’académie a déjà fixé « les objectifs généraux attendus en fin de cursus ». Cet EDS sera divisé en trois séquences : « Pratiquer. Analyser. Communiquer », dévoile l’inspectrice académique. Plus concrètement, « en Première, les élèves devront organiser, seul ou à plusieurs, un événement en lien avec la pratique sportive. Un cross scolaire par exemple. En Terminale, ils prendront en charge une intervention pédagogique comme une séance d’éducation physique adaptée », illustre Marie-Noëlle Humbert. Des expériences « supports pour le grand oral du nouveau baccalauréat » et certainement bénéfiques pour leur avenir tant scolaire que professionnel.

Seul lycée marnais à expérimenter cette option

L’EDS « éducation physique, pratiques et culture sportive » sera expérimenté dans trois lycées de l’académie de Reims : Chanzy à Charleville-Mézières, Charles-de-Gaulle à Chaumont et donc Arago à Reims. « Avec la réforme du baccalauréat, il manquait un EDS orienté vers la pratique sportive » , justifie Marie-Noëlle Humbert. La dynamique impulsée par les Jeux olympiques de Paris en 2024 a certainement accéléré le mouvement.

« Le ministère nous a demandé de sélectionner trois établissements par académie ». En plus du projet présenté par les lycées, les équipements de l’établissement, l’équipe pédagogique, la validation par le conseil d’administration et bien entendu le vivier de prétendants ont aiguillé le choix de l’inspection académique. Nul doute que les filières vers le haut niveau et la proximité du Creps ont joué en la faveur de la structure rémoise.

ALICE BECKEL

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l’union 210320c
Les autos se rencontrent

Hier en début d’après-midi, vers 14 h 15, deux voitures se sont percutées rue Fernand-Brunet, près de la déchetterie du quartier Croix-Rouge.

Blessé très légèrement, l’un des conducteurs impliqués, après examen par les pompiers, n’a pas souhaité être transporté au centre hospitalier.

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l’union 210320b
Faits divers : Les voleurs en connaissent un rayon

Mardi après-midi, trois individus se sont fait repérer lors d’un vol à l’étalage au magasin Picwictoys, dans la zone commerciale de Thillois. Deux ont pu s’enfuir mais pas le troisième, un Polonais sans domicile fixe. Le trio avait fait main basse sur des jeux vidéo. Placé en garde à vue par les gendarmes de la communauté de brigades de Gueux, l’homme a été remis en liberté avec une convocation en justice.

Pour d’autres voleurs à l’étalage, la sanction est déjà tombée. Le 11 novembre 2020, lors d’un contrôle rue Taittinger à Croix-Rouge, les policiers ont découvert dans le coffre d’une voiture plusieurs vêtements encore emballés…

Escapade normande

Vérifications faites, les vêtements provenaient d’un vol à l’étalage commis au magasin Burton, rue du Cadran-Saint-Pierre à Reims. Il y avait aussi une tablette dérobée dans un magasin SmartOne de Rouen le 7 novembre. Installés à Reims, les deux occupants de la voiture s’y étaient rendus spécialement pour commettre le larcin.

Remis en liberté sous contrôle judiciaire, les deux hommes de nationalité géorgienne ne sont pas venus à l’audience. Déjà connus de la justice, Shmagi Kobiashvili, 29 ans, et Vakhtang Chitauri, 33 ans, ont été chacun condamnés à six mois de prison ferme.

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l’union 210320a
justice tribunal correctionnel : Le sac à main rempli de cannabis vole par la fenêtre

Le sac à main gardé par la nourrice contenait 128 grammes de résine et 112 d’herbe. Illustration
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Le 30 décembre à 1 h 30 du matin, lors d’un contrôle Covid avenue du Président-Kennedy à Croix-Rouge, la police interpelle un automobiliste dépisté positif aux stupéfiants. La perquisition de son domicile permet de découvrir 3 grammes d’héroïne et 37 grammes de cocaïne. Placé en garde à vue, Samir Chekireb, 23 ans, refuse de parler. Il est remis en liberté, mais les enquêteurs du commissariat ne le perdent pas de vue.

Babar et keufkeuf

Les investigations permettent ainsi d’établir l’implication du jeune homme dans un trafic de stupéfiants, en lien avec un fournisseur de Lille surnommé Babar. Le business porte essentiellement sur de l’herbe et de la résine de cannabis, que Samir écoule à Reims via des comptes Snapchat (« hubertcoke », « keufkeuf 2020 », etc.) : on le contacte, il vient livrer à domicile. Les policiers identifient deux clients et une « nourrice » susceptible de stocker de la marchandise, allée Giuseppe-Verdi à Murigny.

Tout ce petit monde est interpellé lundi à 6 heures. La « nourrice » en est bien une. Alors que les policiers tambourinent à sa porte, un sac à main est jeté par la fenêtre. À l’intérieur : 112 grammes d’herbe et 128 grammes de résine.

Au terme des gardes à vue, les simples consommateurs ont fait l’objet d’une ordonnance pénale tandis que les deux autres personnes ont été jugées en comparution immédiate jeudi après-midi.

Devenu dealer après avoir été escroqué

La nourrice a pris six mois de prison avec sursis. Jamais condamné, socialement inséré, bien éduqué, Samir n’a pas le profil habituel des dealers de quartier. Il explique s’être retrouvé dans cette galère après s’être fait escroquer par une demoiselle dont il était amoureux, et qui a profité de sa « naïveté » pour lui soutirer 95 000 euros (une enquête est d’ailleurs en cours).

Il lui a fallu se renflouer. C’est dans cette condition qu’une connaissance de football l’aurait mis en contact avec « une grosse tête de Lille » qui lui aurait prêté 20 000 euros, à rembourser en écoulant du cannabis à Reims, « plus rarement » de l’héroïne et de la cocaïne. Il aurait commencé l’été dernier.

Jeudi, le tribunal l’a condamné à dix-huit mois de prison, dont dix assortis d’un sursis probatoire, et 3 000 euros d’amende. Remis en liberté, le jeune homme va pouvoir purger ses huit mois ferme sous bracelet électronique.

F.C.

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l’union 210318b
d’erlon en large

Encore une histoire d’ascenseur en panne, celle-là esplanade Eisenhower.

Bon, ça ne fait que quatre mois que la pièce est attendue pour réparer l’appareil, du moins sa porte au 4 e étage car c’est elle qui n’ouvre plus après avoir été malmenée lors d’un déménagement semble-t-il. Pas de chance : c’est justement au 4 e qu’une dame se remet d’un claquage fort douloureux qui ne l’aide pas à prendre l’escalier depuis le 3 e . En regardant ailleurs, elle se console : au moins, la cabine fonctionne.

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l’union 210318a
Justice tribunal correctionnel : Coups de feu à Croix-Rouge, l’épisode 1 jugé six ans après

Des tirs à la carabine au quartier Croix-Rouge, en 2014, apparaissent comme étant le premier épisode des règlements de comptes survenus en 2018-2020. illustration
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Une affaire de coups de feu à Croix-Rouge en 2014, impliquant des protagonistes dont les noms apparaissent dans les récents règlements de comptes, a été jugée.

Les échos de plusieurs coups de feu tirés dans le quartier Croix-Rouge ont résonné, le temps d’un procès, dans le prétoire du tribunal correctionnel de Reims. Ceux-là sont anciens – 2014 – mais semblent annoncer les nombreux règlements de comptes des années 2018 – 2020. Tel un fil rouge cependant difficile à démêler, certains des protagonistes impliqués dans ce vieux dossier apparaissent dans plusieurs des affaires survenues récemment, tantôt en tant que victimes, tantôt liés aux agresseurs ou directement impliqués dans les violences dont les motivations – inconnues car personne ne cause – ont bien pu varier au fil des années.

Tue-le ! Tue-le !

La journée du 18 août 2014 fut chaude à Croix-Rouge, avec des embrouilles à répétition entre deux groupes de jeunes issus du quartier. À la nuit tombée, vers 1 h 30, une voiture revient, ralentit et stoppe rue Arago, à hauteur d’un protagoniste âgé de 17 ans. Le conducteur et son passager descendent. Quelques instants plus tard, les tirs d’une carabine retentissent. Touché à un bras, le mineur affirme avoir entendu cet échange entre le conducteur et le tireur : « Tue-le ! Tue-le ! – Je n’ai plus de balles »

Tout le monde s’enfuit, la victime comme ses agresseurs. Celle-ci ne prévient pas la police et se fait conduire aux urgences par une personne qui ne sera jamais identifiée.

Confiée au SRPJ, l’enquête a progressé difficilement en raison de l’omertà. Le tireur a fini par être identifié, 17 ans lui aussi, ainsi que son chauffeur arrêté trois ans plus tard et laissé libre sous contrôle judiciaire. Jugé lundi pour « complicité de violence avec arme » , il affirme n’avoir rien su des intentions de son jeune passager.

« J’avais vu des altercations toute l’après-midi. J’ai voulu arranger les choses. J’avais 19 ans. J’ai agi par immaturité. Avec ma petite personne, j’ai essayé de faire le médiateur. Je suis allé voir A… et son petit frère. Ensuite, je suis allé voir les autres, puis je suis revenu avec [le mineur] . Je ne savais pas qu’il avait une arme dans son sac à dos. Dès que je suis descendu de voiture pour discuter, il l’a sortie et a fait feu. J’étais juste à côté de la victime. J’ai été éclaboussé par le sang. »

Monsieur bons offices

Soupçonnant le prévenu de vouloir se donner le bon rôle pour mieux minimiser son implication, le parquet requiert un an de prison aménageable (il n’a plus fait parler de lui depuis cette affaire).

« C’est le bal des menteurs ! » , attaque d’emblée son avocat, M e Pascal Ammoura, en dénonçant l’attitude de la victime et de ses amis qui ont tous prétendu ne pas se connaître, ont refusé de parler ou distillé quelques déclarations contredites par l’enquête. Convaincu que son client a réellement « voulu jouer les messieurs bons offices » , il accuse le plaignant d’avoir inventé le « Tue-le ! Tue-le » , en ne se privant pas de mettre en doute sa moralité (lire ci-dessous).

La présidente délibère sur le champ : relaxe ! Jugé en décembre dernier, le tireur a été condamné à 18 mois de prison par le tribunal pour enfants. Il a fait appel.

Fabrice Curlier

La victime auditionnée… en prison

Lors de sa plaidoirie, M e Ammoura a plongé en piqué sur le plaignant et dénoncé l’attitude qui fut la sienne lorsque les enquêteurs sont venus l’auditionner à la maison d’arrêt (il était alors détenu pour des violences…). « Il a refusé de signer son audition. Il s’est moqué des policiers. Il leur a dit ceci : Moi, je m’en vais quand je veux. Je n’ai plus rien à vous dire, je pars en promenade . Et il s’est levé pour rejoindre la cour de promenade. »

l’union 210317c

Une année de Covid en images

ci le lycée Joliot-Curie à Reims
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Le 17 mars 2020, la France se confinait afin d’essayer d’enrayer la montée de l’épidémie de Covid-19.

Depuis, notre vie est rythmée par les déconfinements, reconfinements, couvre-feux, restrictions, tests, vaccins…

Retour en images dans l’Aisne, les Ardennes et la Marne, sur cette année si particulière.

Photos Jean-Marie Champagne, Karen Kubena, Stéphanie Jayet, Christian Lantenois, Aurélien Laudy, Hervé Oudin et Remi Wafflart

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GRAND FORMAT #10 13 20 NOVEMBRE.

Pendant la crise, les cantines scolaires ont partiellement rouvert, avec à chaque fois des nouvelles règles de distanciation (ici le lycée Joliot-Curie à Reims).

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l’union 210317b
Les médiathèques perturbées par la grève constitués

La médiathèque Jean Falala et celle de Croix-Rouge ont été perturbées hier par la grève d’une partie des agents territoriaux. La seconde était totalement fermée et la première a dû fermer ses portes à 15 heures.

« Environ 70 personnes travaillant dans les médiathèques et les bibliothèques ont cessé le travail sur un pôle culture englobant plus de 400 agents, direction comprise » , expliquait Karim Lakjaâ, représentant UFICT-CGT.

Les autres bibliothèques sont en revanche restées ouvertes normalement.

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l’union 210317a
Caravane de la concertation

Dans le cadre du dispositif « Inventons le Reims d’après », la caravane de la concertation poursuit son chemin au sein de la Ville.

Rendez-vous sur le parvis de la médiathèque Croix-Rouge, de 14 heures à 16 h 30.

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l’union 210315b
Mathématiques

À partir de ce lundi et jusqu’à vendredi : semaine des mathématiques dans les écoles. Plusieurs établissements participent activement à l’opération. Dans les Ardennes, ce sont les lycées Monge et Salengro à Charleville ainsi que le collège des Deux Vallées à Monthermé.

Dans la Marne, le collège Claude-Nicolas Ledoux à Dormans, le collège Joliot-Curie et le lycée Clémenceau à Reims.

Dans l’Aisne, tous les établissements d’éducation prioritaire et des élèves inscrits dans les classes faisant la liaison CM2-6 e et lycée-enseignement supérieur sont invités par le rectorat d’Amiens à participer.

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l’union 210315a
politique : Les conseils de quartier, nouvelle formule, sont maintenant constitués

243 personnes ont fait acte de candidature pour intégrer les conseils de quartier et plus de 630 Rémois souhaitent participer à l’élaboration du Reims de demain. A.B.
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Reims La municipalité souhaite mettre la démocratie participative au cœur des grandes décisions à venir. Les conseils de quartier sont un des outils : 114 Rémoises et 129 Rémois ont candidaté pour 96 postes.

Le moment se veut solennel. Dans la salle du conseil, autour de l’adjoint au maire délégué à la concertation, à la vie associative et aux maisons de quartier, Charles Germain, et des cinq adjoints de quartier ( Vincent Verstraete pour le quartier Est, Caroline Barré, pour le quartier Ouest, Stéphane Lang pour le quartier Centre, Silvana Saho Nuzzo pour le quartier Nord et Claude Gachet pour le quartier Sud), les services municipaux procèdent au tirage au sort des Rémois qui ont candidaté pour intégrer l’un des douze conseils de quartier. Charles Germain explique : « En raison du contexte sanitaire, cette opération se déroule sans public. Il s’agit de constituer le comité de coordination de chaque conseil de quartier. C’est l’instance organisatrice des conseils de quartier. »

1 Comment sont constitués les comités de coordination ?

Pour rappel, le découpage géographique des conseils de quartier n’a pas changé. Pour chaque conseil de quartier, un comité de coordination constitué de 8 habitants. La composition respecte la parité entre les femmes et les hommes, avec aussi une représentativité par tranche d’âge. Au total, 243 personnes ont fait acte de candidature, soit 114 Rémoises et 129 Rémois pour 96 postes. Les conseils de quartier revisités sont constitués aussi d’acteurs institutionnels : des membres des maisons de quartier, des représentants des bailleurs sociaux, de l’Éducation nationale ou encore d’associations.

2 Qui sont ces Rémois qui ont candidaté ?

Si tous les quartiers ont enregistré leur lot de candidatures, dans certains le dynamisme est plus important.

Ainsi, dans le quartier Barbâtre/Saint-Remi/Verrerie 20 candidatures recueillies, Bois-d’Amour/Courlancy/Porte de Paris 15, Centre-Ville 54, Cernay/Epinettes/Jamin/Jaurès 24, Charles-Arnould/Clairmarais 19, Chemin vert/Clemenceau/Europe 21, Laon Zola/Neufchâtel/Orgeval 33, Maison-Blanche / Ste-Anne/Wilson 19 et Murigny 12.

Pour ces 9 conseils de quartier, il a donc fallu procéder à des tirages au sort.

Sur les quartiers Châtillons (7), Croix-Rouge/Hauts de Murigny (9) et La Neuvillette/Trois Fontaines (10), le tirage au sort n’était pas nécessaire.

Sur les 243 candidatures, les hommes (129) sont un peu plus nombreux que les femmes (114).

Les tranches d’âge les plus représentées pour les femmes sont celles des 45-65 ans et des 25-45 ans. Pour les hommes, il s’agit des plus de 65 ans et des 25-45 ans.

3 Quel est le rôle des 12 comités de coordination ?

Il est multiple : sélectionner des sujets et des projets à partir de propositions d’élus et des idées recueillies sur la plateforme « Inventons le Reims d’après », établir un agenda de la concertation pour chaque quartier.

Le comité de coordination se veut aussi le relais entre la Ville et les habitants de son secteur. « Il faut surtout retenir que tous les Rémois peuvent dorénavant assister et participer au conseil de quartier. Chaque habitant, s’il voit un sujet ou une thématique qui l’intéresse, qui lui parle, peut apporter sa contribution » , poursuit Charles Germain. « Pour compléter ce dispositif, on va venir aussi au sein de tous les quartiers avec la caravane de la concertation pour amener le débat jusqu’au milieu des lieux de vie. L’objectif est de recueillir un maximum des avis des habitants pour construire ensemble les projets. »

Aurélie Beaussart

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l’union 210314a
Société : La musique pour adoucir le Covid

Lucile et Ken Souriphetsavienne, 28 ans, ont renoué avec leur instrument, pour « se faire du bien » dans une période où tout allait mal. Hervé Oudin
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Dans un contexte morose, de nombreux Français ont mis à profit le confinement et le couvre-feu pour apprendre la musique ou ressortir leur instrument.

Ils se sont rencontrés juste avant le premier confinement, et se sont mariés quelques jours avant le second. Entre les deux, Lucile et Ken Souriphetsavienne, 28 ans, ont renoué avec leur instrument, pour « se faire du bien » dans une période où tout allait mal. Elle, la violoniste et chanteuse originaire de Soissons, n’avait plus touché son archet depuis dix ans, après une décennie à frotter les cordes au conservatoire de Soissons, entre 8 et 18 ans. Lui, l’enfant de Croix-Rouge entré au collège à 9 ans, après avoir sauté deux classes, n’avait plus gratté sa guitare ni joué de piano depuis le début de ses études de médecine.

Comme beaucoup de Français, le besoin d’oublier la pandémie, de s’évader, si possible par le haut, a amené le jeune couple installé à Reims à ressortir les instruments du placard. Assistante sociale placée en télétravail pendant le premier confinement, Lucile s’ennuyait ferme. Ken, lui, était en renfort aux urgences du CHU pendant la première vague. « Quand je rentrais de l’hôpital, la musique me faisait beaucoup de bien. C’était un exutoire. »

« On écoutait tous les deux beaucoup de musique, et on s’est dit : Et si on ressortait les instruments pour essayer de jouer ça ? C’était comme un challenge au début » , se souvient le guitariste. « Le violon est un instrument ingrat , confie sa compagne. Dès qu’on s’arrête, on perd beaucoup en technique. Quand j’ai vu ce que j’avais perdu, j’ai pris cher ! » Mais la jeune femme ne s’est pas découragée, sans se fixer de défis insurmontables, pour « garder le côté plaisir » : « Il faut du temps pour réapprendre les bases. Mais justement, du temps, on en avait ! » Ken enchaîne : « Au début, la technique était fastidieuse, puis la mémoire musculaire est revenue. » Pendant des mois, ils ont joué plusieurs fois par semaine, avec un faible pour les musiques de films et dessins animés japonais, en accédant à chaque fois à un sentiment de bien-être.

Comme eux, d’autres ont (re)pris goût à la musique, pour sortir de la morosité ambiante. Pour certains, cette échappée belle a eu le son de la harpe ou du hautbois, pour d’autres celui amplifié d’une basse électrique (lire ci-dessous) ou du combo guitare-basse-batterie. C’est le cas de Julien Guilpain, près de Sézanne. Il résume son violon d’Ingres pendant les confinements : « J’ai eu le temps d’apprendre à faire de la batterie, de la gratte et de la basse… J’ai monté un groupe de métal à moi seul ! »

Centre quatre-vingts kilomètres plus au nord, Nathalie Robcis, professeur au conservatoire de Charleville et cheffe de chœurs désormais aphones, a davantage travaillé son piano depuis un an. « J’ai eu plus de temps que d’habitude pour jouer à la maison. Enfin, entre deux visios… » , témoigne la musicienne aux diverses casquettes, à la fois adjointe à la Culture à Charleville et conseillère départementale.

Dans les cours particuliers et dans les magasins de musique, cet engouement a eu un impact. Les commandes de pianos sont allées crescendo, confirme le grossiste Pianos Varlet (lire par ailleurs). Mais l’essor a parfois été de courte durée, et différent selon que l’on vend des guitares ou des trombones… Gérald Gontier, gérant de NG Musique, près du conservatoire de Reims, évoque ainsi une légère embellie en 2020, avant « un coup de frein énorme » en 2021.

Il s’offre une clarinette, trente ans après avoir arrêté

« L’an passé, on a eu des clients qui avaient décidé de reprendre leur instrument, ou d’en apprendre un nouveau. On en a vendu à des adultes qui avaient du temps. J’ai aussi rencontré un monsieur qui voulait se remettre à la clarinette, qu’il avait arrêtée depuis trente ans, et qui en a racheté une. » Mais la crise qui dure affecte désormais davantage le tiroir-caisse qu’il ne le remplit. « Il y a une morosité terrible depuis fin janvier. Comme le milieu amateur est à l’arrêt, les instruments ne sont plus utilisés, donc plus révisés. C’est dur de tenir » , constate Gérald Gontier.

Chez BJL Music à Charleville, plus tourné vers le piano et la guitare, un nouveau public est apparu, confirme Jean-Luc Buonsanti, le gérant. « J’ai vu des gens venir ou revenir à la musique, et c’est déjà une bonne nouvelle. Après, il faudra voir si c’est durable, car un instrument réclame du travail. » S’il y a eu du mieux, il nuance cependant : « L’envolée des ventes, c’est beaucoup sur Internet ou à Paris ! Ici, c’est pas la même chanson… »

Taratata, répliquent Lucile et Ken, qui ont fait coup double pour leurs 28 ans respectifs. Tandis que lui offrait à sa chérie une révision complète de son violon, elle lui payait une nouvelle guitare. La musique n’a pas fini de résonner dans leur nouveau foyer. Covid ou pas.

Dossier réalisé par Guillaume Lévy

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l’union 210313a
Santé : Lancement des tests salivaires dans l’académie

À l’école Jean-Macé, 280 enfants ont été testés vendredi. Stéphanie Jayet
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La campagne de tests salivaires a démarré dans les écoles de Reims. Hier matin, à l’établissement Jean-Macé, quelque 280 enfants, du CP au CM2, ont été testés.

Sur les 318 élèves inscrits à l’école primaire Jean-Macé, 280 ont passé hier un test salivaire. Dans la salle de sports réaménagée en centre médical, cinq salariés du laboratoire Bio-Ard’Aisne ont accueilli les enfants et les ont invités à cracher dans un petit flacon. « Nous aurons les résultats ce soir ou demain. Ils seront communiqués aux parents selon des règles strictes pour respecter le secret médical : nous envoyons un SMS avec un code pour accéder au serveur de résultats » , indique un préleveur. De nouveaux tests salivaires seront organisés dans cette même école de Reims tous les quinze jours. Hier, des tests salivaires ont également été organisés à l’école Sculpteur Jacques (lire plus loin).

Déployés dans les écoles par l’académie de Reims, ces tests s’inscrivent dans la stratégie nationale « Tester-Alerter-Protéger » mise en place pour casser les chaînes de transmission du virus Covid-19, a rappelé hier le recteur Olivier Brandouy, présent à l’école Jean-Macé. Les tests sont progressivement organisés tout au long du mois de mars, dans les écoles maternelles et primaires, où il peut-être plus difficile d’effectuer un prélèvement naso-pharyngé aux élèves et dans les zones où le virus circule fortement.

Cette campagne de tests dans l’académie de Reims est suivie de près par Marie-Claude Meyer, conseillère technique auprès du recteur. « Nous travaillons avec plusieurs laboratoires différents pour éviter les problèmes d’engorgement » , signale-t-elle, en précisant qu’au final, les quelque 24 000 enfants de l’académie devront être testés. À la question de savoir si les tests salivaires sont sûrs, l’infirmière rappelle que leur fiabilité est « presque la même » que les tests naso-pharyngés.

Valérie Coulet

Un panel d’établissements

Pour affiner la connaissance épidémiologique du milieu scolaire, un panel représentatif composé de quelques écoles, collèges et lycées est dédié à la surveillance du virus. Cet échantillon fera l’objet d’une campagne de tests tous les 15 jours. Dans la Marne, sont concernés quatre établissements : l’école primaire Sculpteur Jacques, l’école élémentaire Jean-Macé et le collège Joliot-Curie à Reims, ainsi que le lycée François-I er à Châlons-en-Champagne.

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l’union 210312b
Des séances de sport pour les étudiants

 

 

 

Organisées par la Ville de Reims, des « Pratik Students », des séances de sport gratuites à destination des étudiants, sont proposées tous les mercredis de 15 h 30 à 16 h 30 et les jeudis de 16 h 30 à 17 h 30 au complexe Géo-André.

Ouvertes à tous les étudiants de Reims, inscription au préalable sur un calendrier Doodle via le site de la ville ou en appelant le 06 26 24 50 08.

 

 

 

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l’union 210312a
formation : Le Grand Est a besoin de l’université de Reims

Jean Rottner a découvert les plans du futur bâtiment de la faculté de sports sur le campus. Remi Wafflart
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Le président de la Région Jean Rottner a visité, hier, le nouveau siège de l’université avant d’aller échanger avec des étudiants du campus Croix-Rouge.

Le président de la région Grand Est, Jean Rottner, s’est rendu à l’université de Reims Champagne-Ardenne (Urca) hier après-midi. Il a notamment visité le futur nouveau siège de l’Urca, un bâtiment flambant neuf que la Région a financé à hauteur de 10 millions d’euros (sur un total de 14 millions). D’ici mi-avril, toutes les équipes des services administratifs de l’université y seront installées, soit 211 personnes. Toutes vont quitter l’hyper-centre de Reims pour s’établir au cœur du quartier sensible de Croix-Rouge qui est également le quartier du campus lettres et sciences humaines ainsi que de la faculté de médecine, dentaire et de pharmacie. « Implanter notre siège à proximité de ces deux campus est une chose à laquelle nous tenions beaucoup. L’université a un rôle à jouer pour ce quartier, elle va le faire pleinement » , a expliqué le président de l’université Guillaume Gellé à l’élu régional.

L’université de Reims invitée à muscler son pôle santé

Avec ses 29 000 étudiants, l’université de Reims est un gros bébé à côté de ses homologues de Strasbourg et de Lorraine qui en comptent jusqu’à 80 000 avec de gros programmes de recherche. Un bébé qui compte selon Jean Rottner : « Elle compte autant que les deux autres. J’ai besoin de l’Urca. Elle est indispensable à notre équilibre territorial. C’est l’université située à l’ouest de notre région, aux portes de Paris. Elle est plus petite que les deux autres mais c’est la complémentarité qui importe. Nous devons nous appuyer les uns sur les autres pour réussir. Nous l’avons fait, par exemple, avec PrédicEst, un outil qui sert à prévoir l’évolution de l’épidémie de Covid. Le programme a été lancé en Alsace et a fait appel au supercalculateur de Reims pour son développement. » Jean Rottner encourage l’université rémoise à muscler son pôle santé : « Nous avons plus que jamais besoin d’une médecine performante, d’innovations et de laboratoires de recherche en matière de santé. Je pense qu’on pourrait faire monter Reims en puissance dans ce domaine. »

Le passeport vaccinal débattu avec les étudiants

Après avoir découvert les plans du futur bâtiment de la faculté des sciences du sport (Staps) qui doit également venir s’installer à Croix-Rouge, le président de la Région s’est attablé avec quelques étudiants pour échanger sur le contexte sanitaire. Également présente lors de cette visite, Catherine Vautrin, à la tête du Grand Reims, a lancé la discussion en demandant aux jeunes s’ils seraient d’accord pour se faire vacciner contre le coronavirus d’ici la fin de l’été, soit avant la prochaine rentrée universitaire. Les réponses ont été plutôt positives. Un étudiant de Staps a toutefois mentionné sa gêne face à une éventuelle obligation de montrer un passeport vaccinal pour entrer dans un restaurant. Un sentiment que partage Jean Rottner : « Je ne me vois pas non plus devoir montrer ma carte pour aller déjeuner. Je crois qu’il va falloir trouver un système équilibré entre la nécessité de sécuriser les lieux publics et le respect de la liberté individuelle. Chacun doit considérer que se faire vacciner revient à participer à une chaîne collective qui nous fera sortir de cette situation. » Guillaume Gellé aurait aimé que l’État puisse donner une perspective aux étudiants « en leur disant, par exemple, qu’à partir de telle date, ils pourront faire le choix de la vaccination et qu’ainsi, les cours reprendront normalement ». Catherine Vautrin a clos le débat par une réalité : « Pour l’instant, rien n’est possible puisque nous n’avons pas les doses de vaccin. »

Catherine Frey

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l’union 210311a
Pas de prise en charge

Un poêle de fortune aide les migrants à affronter la fraîcheur des températures. Stéphanie Jayet
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Depuis le week-end dernier (6 et 7 mars) le parc Saint-John-Perse à Reims, quartier Croix-rouge, abrite à nouveau un campement sauvage de migrants : un groupe d’Albanais de tous âges, depuis un bébé de 5 mois à une grand-mère de plus de soixante ans. Le collectif Sövkipeu de bénévoles qui les prennent en charge a alerté les autorités à leur sujet. Cela faisait plus d’une semaine qu’ils erraient dans Reims. On les voyait notamment du côté du square Colbert. Aucun logement n’a pu leur être attribué, le 115 ayant répondu qu’il affichait complet (L’union du 10 mars).

Le 115 n’a pu donner une suite favorable compte tenu de la saturation du dispositif d’hébergement d’urgence

Interrogée par nos soins, la préfecture nous a répondu : « L’attention de la préfecture a en effet été appelée sur cette situation. Celle-ci a déjà fait l’objet d’un examen par le 115 qui n’a pu donner une suite favorable compte tenu de la saturation du dispositif d’hébergement d’urgence. D’après les renseignements donnés par la famille, celle-ci vient d’un autre département de la région Grand Est (vraisemblablement la Moselle, où les enfants étaient scola risés, NDLR) où elle a été déboutée de sa demande d’asile. Elle n’a donc plus de droits à une prise en charge à ce titre. Elle peut notamment demander une place en hébergement d’urgence dans le département d’où elle vient. »

Le parc Saint-John-Perse avait déjà vu des campements de migrants s’installer jusqu’à sa dernière évacuation par la police à l’été 2018.

ANTOINE PARDESSUS

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l’union 210310b
Société : Des migrants à nouveau sous la tente

Après avoir erré pendant une semaine dans Reims, les migrants se sont posés sous des tentes à Saint-John-Perse. Stéphanie Jayet
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Reims Un campement de fortune s’est installé à nouveau dans le parc Saint-John-Perse : il abrite des Albanais de tous les âges, pris en charge par des bénévoles.

Les migrants ont retrouvé le chemin du parc Saint-John-Perse : depuis le week-end dernier (6 et 7 mars), l’espace vert du quartier Croix-Rouge, à quelques encablures de la faculté de lettres, abrite à nouveau un campement sauvage, après une longue parenthèse (qui avait vu le problème se déplacer ailleurs, notamment rue Henri-Paris). Concernant Saint-John-Perse, la dernière évacuation en date remonte à l’été 2018.

Sövkipeu a tenté de leur trouver un hébergement par l’intermédiaire du 115, mais le service a répondu qu’il affichait complet

Cette fois il s’agit d’un groupe d’Albanais, huit en tout, de tous âges. Le plus jeune est un bébé de 5 mois, la plus âgée est une dame de 61 ans. « Cela faisait déjà une semaine qu’ils erraient dans Reims », indique Fabien Tarrit, membre du collectif Sövkipeu qui fait partie des bénévoles qui ont pris ces déracinés en charge. « On les voyait du côté du square Colbert. »

Crainte de l’expulsion

Ils arrivent de Lorraine. Une grand-mère nous a montré un dossier scolaire concernant un des enfants, daté de Phalsbourg (Moselle). Difficile de savoir, avec le barrage de la langue, pourquoi et dans quelles circonstances ils ont quitté la Lorraine. Selon Monsieur Tarrit, ce sont des déboutés de la demande d’asile qui ont tout simplement fui l’endroit où ils se trouvaient en France par crainte d’être expulsés.

Sövkipeu a bien tenté de leur trouver un hébergement en dur par l’intermédiaire du 115, mais le service a répondu qu’il affichait complet. Les bénévoles se sont donc débrouillés pour se procurer des tentes, faute de mieux. Hier matin, lors de notre passage, elles étaient cinq à s’aligner dans un petit coin du parc. Un baril métallique fait office de poêle.

Autorités alertées

Le collectif a également alerté les autorités, sous-préfecture, maire de Reims, ainsi que la députée Aina Kuric, pour obtenir malgré tout un hébergement d’urgence, rappelant notamment un fâcheux précédent qui s’était soldé par la mort, en janvier 2019, d’une exilée Serbe de 80 ans, des suites d’une bronchite et de problèmes cardiaques, alors qu’elle dormait sous tente depuis des semaines, (lire aussi par ailleurs). Ils n’aimeraient pas que l’histoire se répète.

Antoine Pardessus

Insuffisance respiratoire

Dans leur message aux autorités, les bénévoles du collectif d’aide aux migrants Sövkipeu mettent l’accent sur les dangers que courent les nouveaux arrivants : « Non seulement cette famille est dépourvue de tout, mais elle compte dans ses rangs un bébé de cinq mois et une dame âgée de 61 ans qui souffre d’insuffisance respiratoire et a dû se rendre à plusieurs reprises au service des urgences du CHU. Sans compter le danger que la circulation du Covid-19 fait peser sur les populations, en particulier les plus démunies… »

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l’union 210310a
pOLITIQUE : La constitution des conseils de quartier rénovés se finalise

635 habitants de Reims se sont inscrits.
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Le tirage au sort des membres des comités de coordination des 12 conseils de quartier de Reims se tiendra le vendredi 12 mars à 10 heures à l’hôtel de ville. Contexte sanitaire oblige, il se déroulera sans public et en présence de Charles Germain, adjoint au maire délégué à la concertation, à la vie associative et aux maisons de quartier et des cinq adjoints de quartier.

Le découpage géographique de Reims pour composer 12 conseils de quartier est maintenu. Les comités de coordination des nouveaux conseils de quartier seront constitués chacun de 8 habitants. De plus, la composition des comités aura pour objectif de tendre vers la parité entre les femmes et les hommes et de respecter une représentativité par tranche d’âge. Au total, 117 Rémoises et 129 Rémois ont candidaté. Compte tenu de l’origine géographique, Centre-Ville (57 candidatures recueillies), Cernay / Epinettes / Jamin / Jaurès (25), Charles Arnould / Clairmarais (19), Chemin Vert / Clemenceau/Europe (21) et Laon Zola / Neufchâtel / Orgeval (33) puis, Châtillons (7), Croix-Rouge / Hauts de Murigny (9) et La Neuvillette / Trois Fontaines (10), des tirages au sort vont avoir lieu pour les 9 premiers conseils de quartier de cette liste. Les tranches d’âge les plus représentées pour les femmes sont à la fois celle des 45-65 ans et des 25-45 ans. Pour les hommes, il s’agit des plus de 65 ans et des 25-45 ans. Rappelons que les conseils de quartier rénovés réunissent également des représentants d’acteurs institutionnels : Maisons de quartier, bailleurs sociaux, milieu scolaire et universitaire, associations, commerçants, Police Nationale.

Surtout, l’esprit du nouveau dispositif de dialogue citoyen « Inventons le Reims d’après » repose sur une grande souplesse dans la mobilisation des habitants. Chaque comité de coordination aura pour mission de sélectionner des sujets et projets à partir de propositions d’élus, de directions données par la ville de Reims et des idées recueillie sur la plateforme « Inventons le Reims d’après » ; établir un agenda annuel de la concertation sur son quartier et servir de relais entre la ville de Reims et les habitants de son secteur.

Notons qu’à ce jour, 635 habitants de Reims se sont inscrits pour participer au nouveau réseau de dialogue citoyen. De plus, 252 contributions ont été déposées dans la boîte à idées.

 

 

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l’union 210308f
société : Derrière le neuf, la peur est restée

Croix-Rouge, ensemble gigantesque, entre tours, fac, commerces et verdure. « Ce n’est pas une zone de non-droit », assure Arnaud Robinet. Mais la situaton y reste tendue. Archives Aurélien Laudy


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Avec ses 28 000 habitants, Croix-Rouge a la population d’une ville moyenne. O.D.
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Reims Malgré une politique urbaine volontariste et des dépenses publiques inédites, la violence reste récurrente dans les quartiers populaires, où rien ne semble changer.

Des chiffres qui donnent le vertige. Entre 2019 et 2024, la somme de 365 millions d’euros (TTC) va être investie dans les quartiers Croix-Rouge, Orgeval, Châtillons et Europe, au titre du deuxième plan de renouvellement urbain. De l’argent public à dose de cheval, injecté pour tenter de changer le visage de pans entiers de la ville. Le programme prévoit la démolition d’environ 1 800 logements, compensée par la construction d’environ 900 autres, en dehors des quatre quartiers concernés.

« L’objectif est de diversifier l’offre à l’échelle du territoire », fait valoir le Grand Reims, qui pilote cette longue et coûteuse métamorphose. Dont la mixité sociale doit être le ciment. En ce début d’année, les pelleteuses œuvrent à Orgeval, dans le nord de Reims. Bailleurs sociaux et élus ne lésinent pas sur la communication, mais derrière les façades colorées, la réalité des quartiers n’a pas vraiment changé.

Beaucoup de choses ont été mises sous le tapis

Plus de 500 millions d’euros avaient pourtant été mis sur la table pour le premier programme de renouvellement urbain, sous le mandat d’Adeline Hazan (2008-2014). « Dont 70 % sur le hard , c’est à dire le bâti lui-même », rappelle Éric Quénard, premier adjoint de l’époque. Sans que la violence ne baisse de manière significative à Reims. Pire, à Croix-Rouge, la situation a périclité avec une succession de faits depuis maintenant trois ans, à une fréquence jamais connue auparavant. Dernier en date : la terrible agression dont a été victime notre photographe Christian Lantenois, samedi 27 février. « Beaucoup de choses ont été mises sous le tapis. On donne l’impression de faire le ménage, de maintenir quelque chose de propre, mais la poussière s’accumule en dessous », résume Dominique, la soixantaine, qui a travaillé dans le quartier au début des années 2000. La réalité est double. D’un côté, des initiatives publiques à répétition, à grand renfort d’argent du contribuable ( lire par ailleurs) ; de l’autre, une insécurité qui va crescendo. Un paradoxe apparent que le sociologue et maître de conférences Oliver Duperon tempère : « La politique de la ville n’a pas pour finalité de lutter contre l’insécurité mais de réduire les inégalités territoriales et sociales, de favoriser le développement économique et l’animation sociale. » Dit autrement : le renouvellement urbain n’est pas une baguette magique pour assainir un quartier, mais seulement une partie d’une solution bien plus complexe. « Tout comme le rétablissement de l’ordre ne génère pas en lui-même de mieux-être économique et social, la réussite de la politique de la ville ne se mesure pas uniquement à une meilleure sécurité. Ce sont deux sujets différents, qui finissent par se rejoindre sur le terrain du vivre ensemble mais ce serait une erreur de vouloir faire régler par l’un ce qui relève essentiellement de l’autre », poursuit Olivier Duperon.

Offensif comme rarement, le maire Arnaud Robinet n’a pas manqué de le souligner, lors de son intervention vendredi, rappelant que la sécurité était une « compétence régalienne ». Façon de dire que si l’arsenal de maintien de l’ordre ne suit pas, toute la rénovation du monde ne sert à rien. Message adressé à Gérald Darmanin et à ses promesses de renforts policiers.

Jeune maman habitante dans le quartier, immergée bien malgré elle dans une rixe entre bandes rivales, il y a tout juste deux semaines, Vanessa dépeint son quotidien avec une résignation assumée : « Je vis dans un immeuble récent avec des gros pots de fleurs colorés, je n’ai pas à me plaindre, c’est correct. C’est propre. Mais dehors la situation s’est dégradée. Depuis plusieurs années, on subit l’arrivée d’une vague d’individus, qui squattent les parcs et les rues. Je n’ose plus me promener avec mes enfants. » Conséquence d’une politique de peuplement où les bailleurs sociaux rémois sont tenus de recaser des familles expulsées d’Île-de-France. « C’est comme vider la mer avec une petite cuillère », s’agace Arnaud Robinet. L’image est forte. Et traduit l’ampleur d’un chantier dont les pelleteuses ne sont que la face visible. Olivier Durand

De l’espoir, malgré tout…

« Croix-Rouge traverse des difficultés, mais ce n’est pas une zone de non-droit. C’est une cinquantaine d’individus qui pourrissent la vie de 28 000 habitants et ternissent l’image du quartier », expose Arnaud Robinet. Quartier jeune (40 % de la population a moins de 30 ans), « qui recèle talents et initiatives. » Comme ces tournois de foot et de basket, organisés vendredi dernier au city stade Mohamed-Savane. Dominique, notre sexagénaire qui a travaillé jadis à Croix-Rouge, veut garder espoir : « Je pense que ce quartier peut retrouver, un jour, ses lettres de noblesse. Il a beaucoup d’atouts pour ne pas être un ghetto : des espaces verts, une fac, des entreprises, quelques commerces… »

La Ville fait ce qu’elle doit faire

La lâche agression, dont Christian Lantenois a été la cible, a remis Croix-Rouge au cœur de l’actualité. « Je ne veux pas entendre dire que la Ville se désengage ou abandonne le quartier. Elle fait ce qu’elle doit faire », a martelé Arnaud Robinet, vendredi, lors de sa conférence de presse. Quittant le champ sécuritaire, le maire de Reims a égrainé les différents leviers financiers activés pour muscler l’offre sociale et culturelle de Croix-Rouge : 500 000 euros, tous partenaires confondus, au titre de la politique de la ville, auxquels se greffent des subventions « de droit commun ». Parentalité, petite enfance, jeunesse, centre de loisirs, équipements publics (maison de quartier, médiathèque) : tout y passe. Sans parler des quelque 11 000 heures d’insertion déjà comptabilisées sur les chantiers du renouvellement urbain.

Insuffisant néanmoins pour l’élu socialiste et ex-premier adjoint Éric Quénard : « Les politiques d’accompagnement éducatif et social dans ces quartiers n’ont pas vu leurs moyens se renforcer suffisamment. Les travailleurs sociaux et les animateurs rencontrés disent ne pas être en capacité d’exercer leurs missions dans de bonnes conditions. » Le conseiller municipal dresse un constat alarmiste : « Les dispositifs de médiation ont été affaiblis, les éducateurs spécialisés sont en nombre insuffisant, les politiques d’insertion et d’emploi sont sans ambition. Et la pauvreté ne cesse de progresser. » Éric Quénard le répète, comme une pierre jetée dans le jardin de la majorité municipale : « La réponse sécuritaire ne saurait être qu’un aspect d’une réponse plus globale indispensable. »

Les autres points

Changer l’habitat de deux millions de Français

Coordonné par l’Agence nationale pour le renouvellement urbain (ANRU), le renouvellement urbain est destiné à améliorer l’habitat dans les quartiers de la politique de la ville (QPV), grâce à des opérations de démolition-reconstruction. Le nouveau programme (2014-2024) concerne 216 quartiers d’intérêt national et 264 quartiers d’intérêt régional (parmi les 1514 quartiers de la politique de la ville identifiés), regroupant quelque deux millions d’habitants en métropole et outre-mer.

Reims, championne de France des logements sociaux

C’est une particularité rémoise : le parc locatif social est extrêmement développé. On compte 42 % de logements sociaux en ville, chiffre assez largement au-dessus de la moyenne nationale pour des villes de strates similaires. Et bien supérieur au taux de 25% requis par la loi. « La présence conséquente de logements sociaux au sein de la communauté urbaine du Grand Reims apparaît comme une singularité forte du territoire à l’échelle nationale. Elle est héritée à la fois d’une nécessité de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale et d’une importante dynamique de construction dans les années 1960-1970 », résume l’Agence d’urbanisme, de développement et de prospective de la région de Reims dans son rapport d’activités 2019.

Arnaud Robinet plaide pour un poste de police mixte

Vendredi, le maire a plaidé pour qu’un poste de police mixte (police nationale/municipale) soit installé à Croix-Rouge à l’image de ce qui a été accepté dans le quartier Europe. Le maire de Reims a par ailleurs rappelé qu’il avait doublé les effectifs de la police municipale et que onze recrutements étaient encore en cours. Il a, enfin, vanté le mérite des caméras de surveillance, qui ont été « d’une aide déterminante dans la résolution rapide de l’affaire » (l’agression de notre photographe, NDLR). Ne se privant pas d’une « pensée », non dépourvue d’ironie, « pour ceux qui s’interrogent encore sur la pertinence de la vidéoprotection. »

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l’union 210308e
société : Ici, tous les quartiers se retrouvent autour d’un ballon

Otis et Zakaria, les organisateurs, insistent sur le fait qu’ici, tous les quartiers sont présents, sans que cela ne pose problème. Hervé Oudin
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Reims Ils en ont assez de la mauvaise image qui colle à la peau des jeunes des quartiers. En toute simplicité, juste à travers un tournoi de football, ils veulent aussi montrer qu’ils peuvent ensemble faire des choses positives.

Ils ne tombent pas dans l’angélisme. Ces jeunes des différents quartiers de la ville savent bien qu’ils ne balaieront pas des accès de violence d’un simple tournoi de football. « Pour les gens, les quartiers, c’est juste le foot et le rap, mais qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? » , glisse Zakaria, 31 ans, de Croix-Rouge. Lui a un travail, « mais d’autres n’en trouvent pas, même s’ils cherchent » . Avec Otis, 34 ans, de Croix-Rouge également, il fait partie des organisateurs de ce tournoi qui réunit des habitants de tous les secteurs : Croix-Rouge, mais aussi Châtillons, Europe, Orgeval, Pont de Witry… « On parle beaucoup des quartiers qui s’embrouillent, mais la plupart du temps, on fait des choses ensemble et cela se passe bien. On n’en parle pas, c’est tout. Ici, vous voyez que tous les quartiers se retrouvent autour d’un ballon et que cela ne pose aucun problème » , insiste notre duo.

Sur le terrain Marcel-Thil au cœur du quartier des Châtillons, hier après-midi, le soleil illumine la pelouse synthétique. Et les sourires s’affichent sur les visages. On vient nous saluer naturellement. On prend des nouvelles de Christian, notre collègue violemment agressé à Croix-Rouge samedi 27 février. « À chaque fois qu’on avait besoin de lui, il était là. Entre les deux confinements, on a organisé un tournoi en salle, il est venu faire des photos. On espère vraiment qu’il va s’en sortir et on n’accepte pas ce qui s’est passé » , indiquent encore Otis et Zakaria. Ces derniers estiment qu’il faudrait davantage s’appuyer sur les grands frères dans les quartiers, sur les bonnes personnes. « Il y a des structures, mais vous voyez que les jeunes préfèrent ce qu’on organise. Nous, on ne peut rien faire cependant, juste essayer d’organiser ce type de d’échanges qui va plus loin que le simple fait de taper dans un ballon. » Dans le stade, tout le monde refuse que l’on parle uniquement de la violence. « Il n’y a pas de violence ici. Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. Je préfère cette image de jeunes de tous les quartiers qui jouent ensemble » , précise un habitant des Châtillons.

Un tournoi qui se déroule chaque dimanche depuis fin février

En plus, cela donne de bonnes idées aux petits frères. « Hier, on a amené les plus jeunes faire une rencontre avec ceux d’Orgeval, c’était super. » Et vendredi à Croix-Rouge, basket et foot étaient au menu en hommage à Mohamed-Hère Savane, ce jeune homme décédé d’une crise cardiaque en 2019, et en soutien à Christian Lantenois.

« Il n’y a plus de championnat amateur depuis cet automne. Ça leur manquait vraiment de ne pas jouer. Depuis fin février, on se retrouve chaque dimanche avec des équipes issues des différents quartiers, mais aussi des bandes de potes. Cela va durer pendant dix dimanches. On fera la seconde partie aux Thiolettes. » Et visiblement, ça marche. Appuyé sur la lisse, chacun supporte ses couleurs en se chambrant gentiment. On réclame un cliché au photographe. On discute autour de Raphaël Blanchard, adjoint au maire en charge du sport. On nous assure d’un soutien. Ça fait chaud au cœur.

Yann Le Blévec

Il y a le Croix-Rouge le jour et le Croix-Rouge la nuit

Les participants au tournoi ne veulent pas parler de violence, préférant mettre en avant les choses positives qui existent. Concernant Croix-Rouge, certains estiment « qu’il y a le Croix-Rouge le jour et le Croix-Rouge la nuit » . Pour eux, ce n’était pas comme cela avant. « Il y avait des bagarres parfois, mais on ne sortait pas les couteaux. » Ils regrettent qu’il n’y ait pas assez de choses proposées pour les jeunes. En tout cas, pas assez de choses qui correspondraient aux attentes de ces jeunes. « Il ne se passe rien à Croix-Rouge. » D’autres évoquent aussi les gens qui arrivent d’ailleurs, de Paris notamment. « Ils veulent dicter leur loi, cela crée des tensions. » Certains assurent que « 80 % de la population, on ne la connaît pas. Ceux qui ont grandi dans les quartiers, on se connaît, on fait des choses ensemble et il n’y a pas de problème. »

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l’union 210308d
Arrêtée le jour de ses 16 ans avec cannabis et ecstasy

Samedi vers 20 h 30, au lieu d’être chez elle pendant le couvre-feu, une adolescente marchait allée des Limousins dans le quartier Croix-Rouge lorsqu’elle a soudainement changé de direction à la vue d’une patrouille de police. Évidemment, un contrôle s’imposait.

Il s’est avéré que la demoiselle avait tout juste 16 ans ce jour-là, mais la célébration d’un anniversaire n’est pas un motif de dérogation. De même n’avait-elle pas le droit de détenir les deux sachets trouvés en sa possession : un petit morceau de résine de cannabis dans l’un, deux cachets d’ecstasy dans l’autre. Avait-elle prévu de les consommer lors de la petite fête qui s’annonçait ?

Soirée d’anniversaire gâchée, la jeune fille a été conduite au commissariat puis laissée libre avec une convocation devant le délégué du procureur. Elle aura l’obligation d’effectuer un stage de sensibilisation aux dangers des produits stupéfiants.

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l’union 210308c
Il vocifère contre les policiers, sa fillette dans le siège auto

Samedi à 20 h 15, lors d’un contrôle du couvre-feu, les policiers ont arrêté un automobiliste avenue Léon-Blum à Croix-Rouge. Il n’avait aucun motif valable et conduisait malgré une suspension de permis, avec sa fillette dans le siège auto.

Malgré sa présence, le père âgé de 29 ans s’est énervé contre les forces de l’ordre. Il a vociféré et ameuté les badauds qui pour certains ont dégainé leur smartphone pour filmer la scène. L’homme a fini par se calmer.

Il sera convoqué au commissariat pour le traitement de la procédure.

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l’union 210308b
Il a l’œil sur les caméras

Un habitant du quartier Croix-du-Sud est observateur : il nous signale que cela fait déjà deux ans qu’une caméra de vidéoprotection (ou surveillance, au choix) a été vandalisée non loin de chez lui, et que d’après lui, elle n’est toujours pas remplacée. Et bien sûr, au vu de ce qui s’est passé dernièrement dans ce secteur et dont notre confrère Christian a été victime, il se dit que cela vaudrait peut-être le coup d’en remettre une neuve. Cela dit, notre informateur précise aussi que cette caméra, après une première vandalisation, avait déjà été remplacée, mais que la nouvelle n’avait pas tenu longtemps…

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l’union 210308a
Vie changée

 

 

Il suffit parfois de pas grand-chose pour vous changer la vie : quelques coups de pinceau au sol, un ou deux panneaux…

Des habitants de l’allée Maurice-Lemaitre, à Croix-Rouge, peuvent en témoigner. Vous vous souvenez peut-être que ceux de l’immeuble au numéro 3 avaient « la boule au ventre » quand ils devaient quitter leur parking pour s’engager sur l’avenue du Général-Eisenhower, privés de visibilité qu’ils étaient en raison d’un stationnement sauvage sur le trottoir. Eh bien, tout s’est arrangé pour eux peu de temps après la parution de notre article sur ce sujet, avec marquage au sol, panneaux d’interdiction de stationner, et… quelques PV pour les réfractaires.

Encore une coïncidence ?

 

 

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l’union 210307e
Photographe agressé, le deuxième suspect libéré

Le deuxième suspect, Abasse Dianka, 21 ans, lors de son arrivée hier matin au palais de justice. F.C.
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Placé sous contrôle judiciaire, il a été mis en examen hier matin pour « participation à un groupement en vue de préparer des actes de violences ou des dégradations ».

Présenté hier matin au palais de justice de Reims dans le cadre de l’enquête ouverte après la violente agression de notre photographe Christian Lantenois, samedi 27 février au quartier Croix-Rouge (nos précédentes éditions), Abasse Dianka, 21 ans, en est ressorti libre sous contrôle judiciaire.

La veille, il s’était constitué prisonnier au commissariat où il avait été placé en garde à vue pour « non-assistance à personne en péril » et « participation à un groupement armé en vue de préparer des violences » . Au terme de son premier interrogatoire devant la juge, il a finalement été mis en examen pour « participation à un groupement en vue de préparer des actes de violences ou des dégradations, seule qualification retenue par le magistrat instructeur au regard des éléments d’enquête » , a annoncé par communiqué le procureur de la République Matthieu Bourrette.

Dans son communiqué, le procureur précise que « la peine encourue pour cette seule infraction – un an – ne permettait pas d’envisager, sur le plan légal, des réquisitions de placement en détention provisoire qui ne sont permises que si la peine encourue est d’au moins trois ans » .

« Conformément aux réquisitions du parquet » , Abasse Dianka « a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre dans le quartier Croix-Rouge, obligation de respecter un couvre-feu (en plus du couvre-feu administratif lié au Covid), obligation de pointage au commissariat, interdiction d’entrer en contact avec d’autres protagonistes du dossier. »

Sollicitée à la sortie du palais de justice, son avocate n’a souhaité faire aucune déclaration.

Selon les éléments communiqués mercredi par le procureur, Abasse Dianka est désigné comme étant l’individu « vu en train d’asséner plusieurs coups de bâton type bâton de marche en direction de la victime » , alors allongée sur le parking de la médiathèque après avoir été roué de coups par le principal suspect, mais « il semble que ces coups de bâton aient été assénés au sol et non à la tête ou sur le corps de Christian Lantenois » .

Il demande à un témoin d’appeler la police

D’autres éléments ont peut-être joué en sa faveur. Selon nos informations, l’agression commise, Abasse Dianka aurait demandé à un témoin en voiture d’appeler les secours. La vidéosurveillance le montre également en train d’échanger vivement avec l’auteur des coups. En repartant, les deux hommes « semblaient se disputer » , avait indiqué le procureur lors de sa conférence de presse mercredi. Le premier reprochait-il au second son comportement ? D’en avoir trop fait en ne sachant pas retenir ses coups ?

Français né à Reims en 1999, Abasse Dianka était déjà connu de la justice (lire ci-dessous). Il a le même âge qu’Anas Saïd Khebbeb, suspecté d’avoir violemment frappé le photographe et placé en détention provisoire mercredi après avoir été mis en examen pour « tentative de meurtre aggravé » . Huit fois condamné, le jeune homme était en situation irrégulière sur le territoire français. Sa famille auparavant domiciliée à Stains, en Seine-Saint-Denis, avait été relogée à Reims il y a trois ans.

Deux condamnations pour extorsion et détention de drogue

Né à Reims le 15 juin 1999, Abasse Dianka était déjà connu de la justice. « Il a été condamné deux fois par le tribunal correctionnel de Reims pour des faits d’extorsion, et de détention de stupéfiants, entre 2017 et 2019 » , indique le procureur Matthieu Bourrette dans son communiqué diffusé hier. Selon nos informations, la première condamnation date du 17 octobre 2017, pour des faits commis alors qu’Abasse Dianka était majeur depuis seulement trois semaines. Le 4 juillet 2017, six adolescents se trouvaient avenue Léon-Blum – non loin du parking de la médiathèque où Christian Lantenois a été agressé – lorsqu’une dizaine d’individus ont fait cercle autour d’eux et ont proféré des menaces pour se faire remettre leurs trois scooters avec les clefs. Au passage, la bande avait également volé le portable d’un des jeunes.

L’enquête avait permis d’identifier trois des auteurs en septembre 2017 : deux mineurs et Abasse Dianka, remis en liberté sous contrôle judiciaire puis condamné à un an d’emprisonnement dont huit mois assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve.

La deuxième condamnation – trois mois de prison ferme – a été prononcée le 12 novembre 2019 pour « acquisition, usage et détention non autorisée de produits stupéfiants » . Il avait été trouvé en possession d’une petite quantité de cannabis lors d’un contrôle de police, le 22 janvier 2018, toujours à Croix-Rouge.

Fabrice Curlier

Christian Lantenois toujours entre la vie et la mort

Hier soir, une semaine après l’agression, Christian Lantenois était toujours hospitalisé dans le coma au service réanimation du CHU de Reims. Son état est « critique » , mais « stable » , avec un pronostic vital qui reste engagé.

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l’union 210307d
sport : Un tournoi à Croix-Rouge en soutien à Christian

Les jeunes de Croix-Rouge ont tenu aussi à soutenir notre journaliste agressé.


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Vendredi, les jeunes du quartier Croix-Rouge ont tenu à organiser un tournoi de football et un tournoi de basket sur le city stade Mohamed-Hère Savane, du nom de ce jeune de 15 ans décédé brutalement d’une crise cardiaque en jouant au football sur ce même terrain le 13 février 2019.

L’idée était de rendre hommage au jeune homme, mais aussi après l’agression dont a été victime le journaliste de L’union, de montrer leur solidarité avec Christian Lantenois. « Les jeunes de Croix-Rouge ont voulu montrer qu’il se passe des choses bien ici. Les journalistes de L’union on les connaît, on a grandi ensemble, on voulait montrer qu’on n’accepte pas ce qui s’est passé » , a indiqué dans une vidéo Ismaël Taggae, danseur reconnu et directeur du Studio 511.

De plus, un autre tournoi est prévu ce dimanche après-midi sur le terrain Marcel-Thil aux Châtillons, qui va réunir plusieurs équipes des différents quartiers de la ville, toujours dans le même esprit.

 

 

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l’union 210307c
habitat : Le septième sans ascenseur, ça va un moment…

Hafeda et ses petits-enfants, de retour de courses. L’ascenseur étant en panne, ils vont devoir monter les sept étages à pied.A.P.


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Cette grand-mère qui habite un septième étage finissait par trouver le temps long avant que l’on ne vienne réparer l’ascenseur. Une intervention qui est survenue le lendemain de la visite du journaliste de L’union.

Avant de répondre à nos questions, Hafeda Abid reprend son souffle. Elle vient de monter ses sept étages à pied avec un sac de courses. Pas moyen de faire autrement : l’ascenseur de son immeuble, au 37 de l’esplanade Taittinger dans le quartier Croix-Rouge, est en panne.

« Depuis le 31 janvier », précise-t-elle. Nous sommes le 2 mars quand nous la rencontrons, cela fait donc un mois entier que cette grand-mère est condamnée à passer par l’escalier. C’est vrai qu’elle est encore jeune pour une grand-mère, 55 ans, mais tout de même.

Face à cette difficulté du quotidien, fruit du vandalisme (lire par ailleurs), la famille gère comme elle peut : « On ne remonte plus les dix kilos de pommes de terre à la fois, raconte ainsi Monia, la fille, on en laisse une partie dans la voiture, et on prend par petites quantités en fonction des besoins. »

Et même si petits-enfants, maman et grand-mère prennent la chose avec le sourire, c’est tout de même un sourire un peu jaune qui les anime tous.

D’autant que passer par les escaliers n’a rien de vraiment plaisant : « Le ménage n’y est plus fait » assure Hafeda. Quand nous montons les marches avec eux, les enfants commentent librement : « Ça sent le pipi, ici il y a du caca… » « Quand elle descend, ma grand-mère (Khedidja, la maman de Hafeda) prend du papier pour se protéger les mains » assure la fille Monia.

Miracle ou coïncidence, un réparateur vient pour l’ascenseur

Ajoutons à cela un plafond qui se décompose dans la salle de bain sous l’effet de l’humidité, sans que personne n’intervienne, et l’on comprendra le sentiment d’abandon qui habite la famille. « Nous appelons Reims habitat, ajoute Hafeda, mais on a l’impression que ça ne sert à rien. » Fort heureusement, toute cette histoire (hormis celle du plafond qui tombe en lambeaux) peut aujourd’hui s’écrire au passé. En effet, miracle du recours à la presse locale, ou pure coïncidence ?

Le lendemain de notre visite, un réparateur venait pour l’ascenseur, et le ménage était fait dans l’escalier.

La famille retrouvait un vrai sourire. Et Hafeda pouvait économiser son souffle.

Antoine Pardessus

Les conséquences du vandalisme

La panne d’ascenseur déplorée par Hafeda n’est pas due à une défaillance purement technique. « On » a aidé l’appareil à tomber en panne. Interrogé par nos soins, le logeur Reims habitat nous a en effet donné les explications suivantes : « Suite à des actes de vandalisme sur les portes d’accès, l’ascenseur au 37 rue Pierre Taittinger n’avait pu jusque-là être remis en service par notre prestataire. Après une nouvelle intervention (le 3 mars), l’ascenseur est de nouveau opérationnel et accessible depuis » le niveau N-1 (côté rue Taittinger). « Les dégradations étant plus importantes sur les portes d’accès du rez-de-chaussée (côté esplanade et non plus rue Taittinger), l’ascenseur ne peut pour l’instant desservir ce niveau. Il dessert toutefois tous les étages de l’immeuble. » Autrement dit, Hafeda doit d’abord descendre (à pied) un niveau avant de pouvoir prendre l’ascenseur jusqu’à son septième étage.

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l’union 210307b
La ministre déléguée à la Ville était à Châlons jeudi

pour rencontrer des femmes dans des quartiers. Pourquoi ne pas avoir fait un crochet par le quartier Croix-Rouge à Reims après l’agression de notre journaliste lui a-t-il été demandé ? Elle a alors indiqué être attendue par la ministre de la Cohésion des territoires. Mais elle a affirmé que le Gouvernement allait annoncer des choses spécifiques prochainement, des éducateurs spécialisés et des mesures de médiation spécialisées.

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l’union 210307a
Mauvaises conduites en ville

Vendredi vers 23 heures, un automobiliste qui roulait trop vite a dû stopper sa course rue Thiers, au niveau de la rue de la Tirelire, après avoir été repéré par une patrouille de police. Le dépistage a révélé un taux de 0,95 mg d’alcool par litre d’air expiré (soit 1,90 gramme par litre de sang).

Plus tôt vers 19 h 30, le conducteur d’une voiture a lui aussi connu quelques soucis en se faisant contrôler rue Frédéric-et-Irène-Joliot-Curie. Il était en suspension de permis, et le test salivaire aux stupéfiants s’est révélé positif. Il sera reconvoqué après confirmation ou non du dépistage salivaire par la prise de sang.

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l’union 210306c
faits divers : agression de notre photographe : Un délinquant qui était en situation irrégulière

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, à son arrivée dans nos locaux, hier. Stéphanie Jayet
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La banderole géante a été déroulée ce vendredi devant L’union. Aurélien Laudy
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Anes Saïd Khebbeb, mis en examen pour « tentative de meurtre aggravé » sur notre photographe, a accumulé les condamnations sans jamais faire l’objet d’une procédure d’expulsion, alors qu’il se trouvait en situation irrégulière.

Du déferlement de violence dont a été victime, samedi dernier, dans le cadre de son travail, Christian Lantenois, peu de mystères subsistent : un homme court vers lui, le frappe plusieurs fois au visage, assez fort pour le faire tomber, et lui casse son lourd appareil photographique sur la tête avant de s’en aller sans se presser, entouré de ceux avec qui il s’apprêtait manifestement à un affrontement contre des rivaux.

La séquence a été filmée par la vidéosurveillance. Selon les conclusions de l’enquête de flagrance, l’auteur de cette attaque se nomme Anes Saïd Khebbeb, mis en examen pour « tentative de meurtre aggravé » et placé en détention provisoire.

Reste maintenant à expliquer comment ce jeune homme de 21 ans, qui reste présumé innocent, a pu se trouver là.

Car son profil comme son itinéraire semblent révéler des failles dans le traitement judiciaire et administratif dont il a nécessairement fait l’objet. Né en Algérie le 18 avril 1999, parti en Espagne durant sa prime enfance, il est arrivé en France en 2012, l’année de ses 13 ans. En Île-de-France, d’abord, puis à Reims depuis trois ans où, selon le procureur de Reims, il ne disposait que d’une carte de séjour espagnole.

Depuis trois ans, le jeune homme a accumulé les condamnations sans jamais faire l’objet d’une procédure d’expulsion

Interpellé à douze reprises sur le sol français, il a été condamné huit fois par la justice entre 2018 et 2019, notamment pour des faits de vols avec effraction, usage de stupéfiants et violences en réunion.

En 2019, il écope de six mois de prison dont deux ferme aménageables. Mercredi, le procureur de Reims a précisé qu’il avait été incarcéré du 16 avril au 19 mai 2020 pour ne pas avoir effectué un travail d’intérêt général. Malgré ce parcours de délinquant multirécidiviste, Saïd Anes Khebbeb, qui a eu à croiser des policiers, magistrats, agents de l’administration pénitentiaire, n’a jamais fait l’objet d’une interdiction de territoire français (ITF)… alors qu’il se trouvait en situation irrégulière, a-t-on appris, hier, auprès de l’entourage du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, venu rencontrer les équipes de L’union ( voir encadré).

S’il y a eu des fautes, il devra y avoir des sanctions

L’ITF est prononcée par un juge pénal contre un étranger qui réside en France et qui a commis un crime ou un délit. Elle peut intervenir comme peine principale ou, le plus souvent, comme sanction complémentaire à une peine de prison ou une amende.

Plus tôt dans l’après-midi, le ministre s’était entretenu en sous-préfecture avec les représentants de l’État, de la police et de l’administration pénitentiaire. « Depuis qu’il est majeur, cet individu n’a manifestement pas été suivi comme il aurait dû l’être , commentait ce collaborateur du ministre. Personne n’a jamais tiré de sonnette d’alarme à son sujet. On veut comprendre ce qui a pu rater dans le fonctionnement de l’administration de l’État. S’il y a eu des fautes, il devra y avoir des sanctions. »

sur le plan politique, cette histoire est du petit lait pour l’extrême-droite…

M. Darmanin, qui avait demandé en prévision de sa venue une inspection administrative et un rapport sous 24 heures au préfet de la Marne, Pierre N’Gahane, serait « en colère » , nous souffle-t-on encore.

À force d’accumuler les condamnations, Anes Saïd Khebbeb, qui ne possède aucun diplôme et ne pouvait prétendre à un emploi au vu de sa situation irrégulière, cochait toutes les cases pour être conduit vers un centre de rétention administrative en vue d’un éloignement forcé. « Ne me lancez pas sur le sujet, ça va m’énerver » , abrège un policier, frustré comme ses collègues par le nombre d’ITF prononcées.

Selon nos informations, à l’échelle de la seule circonscription de Reims, 350 à 400 individus interpellés se trouvaient en situation irrégulière pour la seule année 2020. Moins d’une vingtaine a fait l’objet d’une ITF. « Ces chiffres sont stables depuis des années » , précise cet autre policier. Cette réalité a-t-elle pu conduire à ne pas chercher, ou à ne pas transmettre aux services de l’État, les éléments relatifs à la situation administrative d’Anes Saïd Khebbeb ?

Impossible à dire. À l’autre bout du fil, ce bon connaisseur du dossier soupire : « Sur le plan politique, cette histoire est du petit lait pour l’extrême-droite… »

Mathieu Livoreil et corinne lange

Un deuxième suspect en garde à vue

Il était activement recherché depuis le début de la semaine. Lundi, il ne se trouvait pas à son domicile, dans le quartier Croix-Rouge, où les policiers, qui l’avaient identifié grâce à la vidéosurveillance, étaient venus le chercher. Hier, ce jeune homme de 21 ans, né à Reims et de nationalité française, a fini par se rendre au commissariat, où il a été placé en garde à vue « dans le cadre de la commission rogatoire délivrée par le juge d’instruction à présent en charge du dossier » , a précisé le procureur de Reims.

Selon nos informations, il s’agit de l’individu qui, selon les éléments communiqués mercredi par le procureur, a été « vu en train d’asséner plusieurs coups de bâton type bâton de marche en direction de la victime », alors allongée au sol après avoir été rouée de coups de poing au visage puis frappée à la tête d’un coup d’appareil photo par un premier individu qui, selon les enquêteurs, est Anes Saïd Khebbeb. « Toutefois, au regard des constatations médicales, il semble que ces coups aient été assénés au sol et non à la tête ou sur le corps de Christian Lantenois », avait ajouté le magistrat. À ce stade des investigations, ce deuxième suspect, déjà connu de la justice, est visé par deux délits : « participation à un regroupement armé en vue de préparer des violences » et « non-assistance à personne en péril ». Dans le cadre de l’information judiciaire ouverte mercredi, les douze autres individus regroupés autour de notre confrère le sont également.

Face aux équipes de L’union, Gérald Darmanin promet la vérité et des sanctions

Il y a les visites ministérielles programmées et orchestrées au millimètre. Et puis, il y a celles dictées par l’actualité. C’est à cette seconde catégorie qu’appartenait la visite du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ce vendredi dans les locaux du siège de L’union à Reims. Cette venue, presque impromptue, décidée en moins de 24 heures, fait suite à la violente attaque dont a été victime notre photographe Christian Lantenois, le 27 février dans le quartier Croix-Rouge à Reims. Et comme l’a souligné Daniel Picault, directeur général de Rossel Est Médias, en préambule : « Notre rédaction est touchée. Notre entreprise est touchée. La profession dans son ensemble est touchée. Et je pense que tous les Français sont touchés » .

Union sacrée autour de L’union

L’onde de choc et la vague d’émotion ressenties jusqu’au sommet de l’État, quelques heures après l’agression, a amené hier le premier flic de France à se rendre à Reims. D’abord pour participer à une réunion de travail en sous-préfecture avec les différents services concernés à qui il a demandé un rapport précis sur les faits et sur le mis en cause. Et ensuite pour aller à la rencontre des équipes de L’union-L’Ardennais, pour une visite qu’il a voulu informelle au siège de notre journal. Un déplacement volontairement « non-officielle » au cours duquel aucune déclaration n’était prévue. Il s’agissait avant tout, pour lui, d’affirmer son soutien aux journalistes et collaborateurs de notre photographe.

Entouré du maire de Reims, Arnaud Robinet et du préfet de la Marne, Pierre N’Gahane, Gérald Darmanin a souhaité venir soutenir les collègues de Christian Lantenois. Et répondre aux questions que n’ont pas manqué de se poser les équipes de L’union-L’Ardennais. « Deux questions reviennent régulièrement », a constaté Arnault Cohen, rédacteur en chef délégué, se faisant ainsi l’écho de toute une rédaction. « On a besoin de comprendre ce qu’il s’est passé, peut-être sur d’éventuelles défaillances de l’État, comprendre ce qu’il lui a pris à cet individu. Comment garantir, aujourd’hui, que des journalistes vont pouvoir faire leur travail et ensuite rentrer chez eux et non pas à l’hôpital » , a-t-il interrogé, de nouveau gagné par l’émotion. Le ministre de l’Intérieur les a promises, ces réponses. À commencer par la première. Et c’est à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) et à l’Inspection générale de l’administration qu’incombera cette tâche, celle de définir comment un homme en situation irrégulière est complètement passé sous les radars de l’administration, malgré de nombreux signalements (lire par ailleurs). Et s’il y a eu défaillance de l’État, des comptes devront être rendus. Un échange qui aura duré 1 h 10 au cours duquel tous ont réaffirmé leur attachement à cette notion de liberté de la presse. « On ne peut pas déserter les quartiers. Notre mission est d’informer de ce qui s’y passe et nous continuerons à y aller », a réaffirmé Daniel Picault, avec derrière lui un large portrait de Christian, appareil photo à la main.

Les autres points

À propos de Christian Lantenois

Sept jours après sa violente agression, notre collègue photographe Christian Lantenois se trouvait, hier, dans un état critique mais stable.

Ne pas stigmatiser Croix-Rouge

Le maire de Reims, Arnaud Robinet, se trouvait aux côtés du ministre de l’Intérieur, au siège de L’union. « Croix-Rouge, ce n’est pas forcément le quartier que l’on dépeint depuis quelques jours. Croix-Rouge, c’est un quartier qui vit pleinement, qui a des richesses. Il y a des énergies à Croix-Rouge. Malheureusement, une cinquantaine d’individus empêche nos concitoyens de vivre en toute liberté […] La presse a été attaquée. La liberté d’expression a été attaquée. La liberté de la presse a été attaquée, nous ne pouvons l’accepter ».

Sur France 5, le garde des Sceaux évoque l’affaire

Interrogé ce vendredi sur France 5, Éric Dupont-Moretti a assuré qu’il prendrait « les mesures qui s’imposent s’il y a eu dysfonctionnement ». En cause, le parcours de délinquant de l’agresseur présumé de notre collègue Christian Lantenois, alors même qu’il se trouvait en situation irrégulière au moment des faits. « Je vais regarder si dans le parcours de cet homme, il y a eu des dysfonctionnements avérés. » Pour le reste, le ministre de la Justice a insisté sur le fait qu’il n’en dirait pas plus sur le fond de l’affaire, une enquête étant toujours en cours.

La liberté de la presse s’affiche en grand

La banderole géante a été déroulée ce vendredi devant L’union.

Sept jours après la violente agression dont notre photographe, Christian Lantenois, a été victime à Reims, tout le monde reste suspendu à l’évolution de son état de santé. Aujourd’hui encore, les messages de soutien continuent d’affluer à notre rédaction, tant notre photographe est connu au-delà même des frontières du département ; tant son professionnalisme est reconnu.

Mais la liberté, celle d’agir et d’informer, reste une priorité de notre rédaction et du groupe Rossel. Ce matin, une affiche géante a été déployée devant le siège de L’union, rue Gutenberg à Reims. On peut y lire : Liberté d’agir, liberté d’informer, conclu par #Jesuisjournaliste.

Vanina Toulemonde, directrice générale adjointe du groupe Rossel Est Médias, détaille les raisons de cette initiative : « L’émotion reste vive dans notre entreprise après l’agression de Christian Lantenois. Et au-delà de cette agression, c’est la liberté de la presse et d’informer qui a été touchée. » Cette banderole « représente déjà le soutien que nous souhaitons lui apporter, mais il s’agit également pour nous de soutenir l’ensemble de la profession ». Le message doit être fort, audible et lisible. « Le monde des médias et de la presse est touché en ce qu’’il a de plus sacré, la liberté d’informer. Je l’affirme fermement : rien, ni personne n’entravera notre volonté d’informer, ni notre liberté d’écrire et de penser. Nous sommes un pilier majeur de la démocratie locale. Nous sommes et resterons libres. »

Il y a également ce #TiensBonChristian posté par les amis, journalistes et collègues de Christian, qui circule sur les réseaux sociaux depuis quelques jours.

Aurélien Laudy

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l’union 210306b
politique : La politique de peuplement, un enjeu de nos quartiers

Le maire, Arnaud Robinet, s’interroge aussi sur le fait qu’une personne en situation irrégulière, condamnée huit fois, se trouve sur le territoire français.
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Arnaud Robinet, maire, a attendu plusieurs jours avant de réagir suite à l’agression de notre confrère à Croix-Rouge. Il a énuméré vendredi tout ce qui est fait pour ce quartier, mais a aussi parlé de politique de peuplement.

L’air grave. Arnaud Robinet, maire de Reims, a tenu une conférence de presse vendredi après-midi suite à l’agression d’un journaliste de L’union au quartier Croix-Rouge. « J’ai attendu plusieurs jours, le temps de savoir ce qui s’était exactement passé. Christian Lantenois fait partie de notre quotidien, personnellement il a été photographe lors de mon mariage, il n’y a pas une minute où je ne pense pas à lui » , a-t-il dit, exprimant son soutien aussi envers la presse en général.

Depuis samedi, « je me demande ce que la Ville aurait pu faire de plus pour ce quartier, pour éviter ce drame. Je ne veux plus entendre que le quartier Croix-Rouge est un quartier abandonné. » Et l’édile d’énumérer tout ce que la Ville et le Grand Reims font à ce sujet. Il évoque les 130 millions dans le cadre de la rénovation urbaine (pointant notamment 11 348 heures d’insertion), 200 000 euros de subventions pour des actions qui concernent directement le quartier dans la cadre de la politique de la ville, la maison de quartier, la médiathèque, la Boussole qui va voir le jour en 2021, l’école municipale des sports, la cité éducative avec l’Éducation nationale qui concerne uniquement Croix-Rouge, nous avons des médiateurs axé sur le sport notamment… sans oublier la sécurité. « Je pense que l’on marche sur nos deux jambes, prévention et répression. On a aussi doublé les effectifs de police municipale, développé la vidéosurveillance, mis en place des patrouilles de police municipale dans le quartier, etc. » Arnaud Robinet cite aussi la cellule de veille tranquillité résidentielle. « Les trois bailleurs ont dans ce cadre notamment financé 22 000 heures de sociétés de gardiennage pour sécuriser les entrées d’immeubles. »

Pour des patrouilles de police nationale 24 heures sur 24

Le maire de Reims rappelle encore que la sécurité est une compétence régalienne de l’État. « Pourquoi dans un quartier de sécurité prioritaire, il n’y a pas de patrouille de police nationale 24 heures sur 24 ? Alors que tout le monde connaît les lieux de deal. » Il s’interroge aussi sur le fait qu’une personne en situation irrégulière, condamnée huit fois, se trouve sur le territoire français. « Ce n’est pas raciste de dire cela. Une fois en France, on doit respecter les lois et les règles. Tout comme cela peut fâcher de le dire, mais je pose des questions sur la responsabilité des parents quand je vois des mineurs de 13, 14, 15 ans, dehors très tard dans la nuit. Là encore, il existe des dispositifs pour aider les parents, les femmes seules notamment. »

Arnaud Robinet insiste : « Le quartier Croix-Rouge n’est pas une zone de non-droit. Il s’y fait de très belles choses. 40 à 50 individus essaient d’y faire régner leur loi, et les autres habitants sont les premières victimes. L’émotion est une chose. Mais ce que nous devons aux victimes ce sont des moyens pour pouvoir arrêter cette nuisance. »

Yann Le Blévec

La loi sur le droit au logement est dévoyée

Mais le maire a parfois le sentiment de « vider la mer avec une cuillère ». Dans le cadre de la rénovation urbaine, « on essaie de dédensifier le quartier, de démolir plus qu’on ne construit. Les bailleurs ont aussi l’obligation de reloger ailleurs que dans les quartiers prioritaires, ce qui est une bonne chose. » Mais le souci, c’est que cela fait de la place dans les logements sociaux de la Ville. Avec un taux de 43 %, Reims est bien au-dessus des 25 % réglementaires. « Le problème c’est que la loi sur le droit au logement est aujourd’hui dévoyée. On oblige les bailleurs de Reims à reloger des personnes qui ont été expulsées ailleurs, en région parisienne notamment où la situation est plus tendue, pour des violences, des non-paiements ou le non-respect des règles communes. » Les habitants de Croix-Rouge expliquent aussi comment ils voient apparaître un nom, puis deux, puis trois… sur une boîte aux lettres. Au bout de plusieurs mois, il se trouve que cet hébergement chez un tiers est un critère pour l’attribution d’un logement à Reims. « La question du peuplement est un enjeu de nos quartiers, comment parvenir à une vraie mixité. Nous les maires, on est parfois démunis. Adeline Hazan a d’ailleurs été injustement pointée du doigt à ce sujet. »

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l’union 210306a
Faits divers : Il vendait de la cocaïne pour arrondir les fins de mois

D’après ses déclarations, le prévenu achetait la cocaïne 30 à 40euros le gramme auprès de ses fournisseurs pour la revendre 60euros.


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Petite main d’un trafic de cocaïne piloté depuis Croix-Rouge, un homme récemment arrivé à Reims devra en repartir après avoir pris six mois de prison ferme.

On ne se fait pas que des amis, dans les milieux de la toxicomanie. En février 2020, les gendarmes de la section de recherches de Reims ont connaissance d’une dénonciation selon laquelle un certain Angélique Vati, Guadeloupéen de 24 ans, serait impliqué dans un trafic de cocaïne. Une enquête est ouverte. Les écoutes couplées à l’analyse de son environnement confirment les soupçons : une dizaine de consommateurs se fournissent auprès de lui, pas de quoi cependant en faire « la tête du réseau » , comme l’avait laissé entendre le dénonciateur.

offre d’emploi trouvée au bas des tours

Au fil des investigations, Angélique Vati apparaît plutôt comme « une petite main » , selon l’expression de son avocat, M e Arthur de la Roche, venu le défendre cette semaine en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel.

Arrivé à Reims il y a trois ans, et sans travail depuis 2015, il aurait saisi l’opportunité d’une « offre d’emploi » qu’il est inutile de chercher sur les sites agréés. « J’étais au quartier Croix-Rouge avec des potes quand des Guyanais m’ont proposé de vendre de la cocaïne. Je n’ai pas refusé. C’était pour arrondir les fins de mois. » Mission réussie : il s’est acheté une BMW estimée 13 000 euros.

Chez lui à Europe, les gendarmes ont découvert 56 grammes de cocaïne, un pistolet d’alarme, un fusil de chasse et un revolver calibre 6,35

L’homme n’habite pas Croix-Rouge mais le quartier Europe, non loin d’ailleurs de la caserne de gendarmerie. Le 24 février, venus en voisins, les gendarmes découvrent chez lui 15 grammes de cocaïne, un bloc de 41 grammes et 12 pochons pour emballer des doses. Il y a aussi un fusil de chasse, un pistolet d’alarme et un revolver calibre 6,35 (ça peut servir en cas de réclamation). Il y a enfin 300 euros dans une boîte métallique, 605 euros dans une autre.

D’après ses dires, il achetait la coke 30 à 40 euros le gramme pour la revendre 60 euros. Il n’a pas voulu dénoncer ses fournisseurs.

Si les organisateurs du trafic restent à identifier, leur façon de faire est connue, s’agissant d’un de ces réseaux qui ne cessent d’alimenter la métropole depuis la Guyane : des « mules » prennent l’avion avec des ovules de cocaïne transportés in corpore qu’elles expulsent à leur arrivée, d’autres les récupèrent et des « petites mains » sont recrutées pour assurer la distribution.

Coke, snack et Rhum arrangé

Quatre condamnations sont inscrites au casier judiciaire d’Angélique Vati, sans lien avec les stupéfiants : un recel, deux vols et un défaut de permis de conduire en 2017. Depuis, il avait disparu des écrans radars.

Sur les 905 euros, assure-t-il, seuls les 300 euros proviennent du trafic. Les 605 euros correspondraient à la vente de rhum arrangé, qu’il prépare lui-même pour des « bars créoles » . L’avocat demande à ne pas l’incarcérer pour éviter de compromettre son projet professionnel : celui d’ouvrir « un snack antillais » . « Il a une formation à l’hygiène prévue le 10 mars. »

Angélique Vati pourra y assister, à l’unique condition qu’elle soit ailleurs qu’à Reims, ville où le tribunal l’interdit désormais de venir : condamné à un an de prison dont la moitié avec sursis, il ressort libre avec l’obligation d’effectuer ses six mois ferme sous bracelet électronique au domicile d’une amie à Melun. Les 905 euros sont saisis, ainsi que la BMW.

Fabrice Curlier

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l’union 210305e
société : Votre collègue, bien sûr qu’il ne méritait pas ça Mathieu Livoreil

Devant une cinquantaine de personnes, plusieurs figures du quartier ont pris la parole pour dénoncer les violences dont a été victime, samedi dernier, notre confrère. Stéphanie Jayet
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Cinq jours après l’attaque subie par notre photographe, Christian Lantenois, des associations ont organisé, hier, un rassemblement sur le lieu de l’agression, dans le quartier Croix-Rouge, afin de s’associer à la peine de ses proches et dénoncer les violences qui gangrènent le secteur.

Elle en a les larmes aux yeux. Fadhila Djabeur soupire : « Franchement, ça me prend aux tripes, cette histoire. Il pourrait être mon père… » Autour d’elle, une cinquantaine de personnes sont réunies sur le parking de la médiathèque du quartier Croix-Rouge. Là où Christian Lantenois, l’un de nos photographes, a été très violemment attaqué, samedi dernier, dans le cadre de son travail – hier, son pronostic vital restait engagé. « Je suis née en Algérie, je suis arrivée en France quand j’avais un an, ce n’est pas pour autant que j’ai basculé dans l’obscurité » , résume-t-elle en faisant allusion à l’itinéraire de l’homme de 21 ans issu du même pays et qui, depuis mercredi, est mis en examen pour « tentative de meurtre aggravé ».

L’appel à ce rassemblement a été lancé par plusieurs structures – association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Croix Rouge université initiatives, collectifs de locataires, etc. Les objectifs sont pluriels : marquer son soutien à Christian et ses proches, condamner « cet acte odieux » et, au-delà, dénoncer les violences qui gangrènent ce quartier du sud de Reims « sans pour autant le réduire à cela » , souligne Mohamed El Haddaoui, le président de l’ATMF.

Les prises de parole se succèdent, bienveillantes et déterminées. Einstein est cité : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font du mal, mais par ceux qui regardent et refusent d’agir. » Des journalistes filment, les policiers surveillent. En guise de solidarité, des commerçants baissent leurs rideaux pendant quelques minutes.

Karine Blom, elle, est venue seule : « Toute cette violence gratuite, je n’en peux plus… L’éducation, c’est le rôle des parents. On est les premiers responsables de nos enfants, non ? Ce qui s’est passé me rappelle Bastien Payet… »

Cette femme de 51 ans connaît la mère de ce jeune homme, tué dans le centre-ville de Reims en mars 2019 et victime lui aussi d’un instant d’ultra-violence. « Je suis déçue de ne pas voir plus de monde » , ajoute-t-elle, triste.

Trois pas plus loin, une mère de famille glisse sur le ton de l’évidence : « Mais moi, je ne laisse pas ma nièce de 12 ans rentrer chez elle toute seule. » À l’écart des anciens du quartier, épicentre du rassemblement, des petits groupes d’adolescents observent. « Qu’est-ce qui se passe en fait ? C’est mon père qui m’a amené là, je ne sais même pas pourquoi… » , sourit l’un d’eux. Plus loin, Amine, 18 ans, né au Maroc avant d’arriver à Croix-Rouge en 2015, répète : « Votre collègue, bien sûr qu’il ne méritait pas ça… » A ses côtés, Abdel, son frère jumeau, analyse : « Ceux qui ont fait ça, ils essaient de faire comme dans les grands quartiers de Marseille, pour montrer qu’ils ont de la puissance, du terrain, que c’est un quartier fort. » Dans leur dos, un parking, surnommé « le mirador » par les policiers qui l’identifient comme l’un des points de deal du secteur. « Il faudrait être dans le déni pour ne pas reconnaître l’échec collectif à juguler la violence malgré les efforts déployés » , martèle un ancien. Les quelques-uns qui l’entourent acquiescent en silence.

Les faits

Samedi dernier , l’un de nos photographes a été très violemment agressé dans le cadre de son travail. Depuis, les marques de soutien à son égard se multiplient.

Mercredi, un homme de 21 ans a été mis en examen pour « tentative de meurtre aggravé » et placé en détention provisoire.

L’enquête se poursuit afin d’identifier les nombreux autres jeunes présents au moment des faits, passibles d’être poursuivis pour non-assistance à personne en péril.

Gérald Darmanin va rencontrer les équipes de L’union

Le ministre de l’Intérieur est attendu ce vendredi à Reims à la suite de l’agression de notre photographe samedi 27 février dans le quartier Croix-Rouge. Si aucune « séquence publique » n’est prévue (mais dans ce genre de déplacement, rien n’est jamais exclu au dernier moment), Gérald Darmanin « qui suit de très près ce qui se passe » devrait, dans un premier temps, assister à une réunion de travail en sous-préfecture de Reims avec les différents services concernés à qui il a demandé « un rapport précis sur les faits » et « sur le mis en cause ».

Le ministre doit ensuite venir rencontrer les équipes de L’union « de façon totalement informelle », explique l’entourage du ministre. Aucune séquence média n’est prévue lors de ce déplacement.

Le ministre de l’Intérieur était venu en septembre dernier à Reims, où il avait annoncé l’arrivée de quinze policiers nationaux supplémentaires.

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l’union 210305d
initiative : La mairie solidaire de notre photographe

Le visuel, si caractéristique de la Ville de Reims, a déjà été largement diffusé.
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Les services de la Ville ont détourné leur célèbre campagne de communication pour rendre un hommage émouvant à Christian Lantenois.

Depuis samedi, les messages de soutien se multiplient après la terrible agression dont a été victime notre photographe, Christian Lantenois, dans le quartier Croix-Rouge à Reims, samedi 27 février. Anonymes, élus, responsables d’associations, lecteurs, etc : tous affichent leur solidarité par des biais différents : certains par un simple coup de fil, d’autres choisissent le mail pour s’exprimer mais bien souvent c’est par la voie des réseaux sociaux (Twitter et Facebook) que nous arrivent ces messages.

L’onde de choc n’a pas épargné le service communication de la Ville de Reims, comme le confiait ce jeudi, Martin Bonne directeur de cabinet du maire et responsable de la communication. « L’initiative a été spontanée », explique Martin Bonne. Mardi, les graphistes du service ont réalisé une affiche sur laquelle est représenté Christian Lantenois, boîtier à la main.

L’émotion est très forte

On peut lire cette phrase : « Je suis journaliste et fier de l’être ». Une maquette qui n’est pas sans rappeler, bien sûr, la campagne de communication de la Ville de Reims, initiée en 2017, et primée en 2018 : « Je suis #Rémois et fier de l’être ».

« En de très rares occasions, il nous arrive de la détourner pour un petit clin d’œil », poursuit Martin Bonne. « Christian Lantenois est une figure locale. Il fait partie de tous les événements à Reims. L’émotion est très forte au sein de notre service communication depuis six jours. »

Les graphistes ont travaillé ce visuel et l’ont envoyé à une poignée de journalistes de L’union en guise de solidarité. « Certains l’ont relayé sur les réseaux sociaux et pour nous, cela signifiait qu’ils étaient d’accord pour qu’on le fasse également de notre côté. C’est la raison pour laquelle l’affiche s’est retrouvée sur la page Facebook de la Ville de Reims », poursuit Martin Bonne.

Une nouvelle marque de sympathie qui fait du bien en ces heures délicates.

Corinne Lange

UNE VILLE QUI COMPATIT

Le visuel a été publié sur la page Facebook de la mairie de Reims, hier matin. Le soir même, il avait été partagé déjà 465 fois, indice de l’énorme élan de solidarité qui se fait jour depuis l’agression dont a été victime Christian Lantenois. Un peu plus tôt dans la semaine, le dessin de Chaunu, très émouvant, avait lui aussi fait le tour des réseaux sociaux à vitesse grand V. Symbole de la compassion dont font preuve énormément de Rémois. À la hauteur de l’empathie qu’inspire notre photographe. Comme l’exprime cet internaute, avec des mots d’espoir : « On souhaite revoir M. Lantenois avec son appareil photo faire son job sur le terrain ! »

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d’erlon en large

Dans la série des coïncidences incroyables, voici une nouvelle histoire. Une habitante d’un immeuble à Croix-Rouge nous sollicite, se plaignant d’une panne d’ascenseur et d’un escalier non nettoyé, situation qui dure depuis un mois. Nous lui rendons visite. Que croyez-vous qu’il arriva ? Le lendemain, l’ascenseur était réparé, et le ménage fait dans l’escalier. Il ne faudrait pas que ce genre de choses se reproduise trop souvent, nous finirions par penser que nous avons un pouvoir magique…

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Une voiture et une moto incendiées

Mercredi vers 21 h 45, un incendie a été signalé dans les champs, entre Witry et Cernay-lès-Reims. Il s’agissait d’un véhicule en feu dont tout laisse penser qu’il était volé, comme cette moto retrouvée incendiée mercredi matin, avenue François-Mauriac à Croix-Rouge.

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faits divers : Leur moto fait du bruit, on les attaque à la hachette

A l’appel d’un ami importuné à Bétheny, on s’est armé à Reims pour venir punir les insolents . Illustration
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Bétheny S’attrapant avec deux jeunes qui bricolaient leur moto, un riverain a rameuté neuf copains accourus avec hachette, barres et battes pour les agresser et voler l’engin.

Les haches ou hachettes deviennent malheureusement tendance chez certaines personnes qui ont des comptes à régler pour des motifs divers et variés.

Le 30 janvier, à la suite d’une remarque jugée déplacée lors d’une veillée funèbre, un homme s’était vengé de son interlocuteur en tirant au fusil de chasse sur sa poubelle avant de s’acharner à coups de hache sur sa voiture, rue Georges-Cuvier dans le quartier rémois de la Neuvillette. Il avait pris une peine de cinq mois de prison ferme (L’union du 19 février) .

Le 21 février, c’est à Bétheny, commune pourtant réputée tranquille de l’agglomération, qu’une hachette a surgi dans le paysage pour punir deux copains de 17 et 20 ans qui faisaient trop de bruit en réglant une moto.

Alors qu’il coursait l’un des garçons, l’individu armé de la hachette a voulu le frapper dans le dos : la lame n’a que déchiré son manteau

Le premier garçon habite Bétheny, le second Reims, et ils se sont rendus l’après-midi au parc de la Couturelle pour bricoler leur moto. C’était un dimanche. Dans les petits immeubles entourant le parc, le moteur qui tournait trop fort et trop longtemps a fini par énerver quelqu’un. Il est allé voir les deux jeunes pour se plaindre. Des mots ont manifestement été échangés, car le riverain fort mécontent a appelé des renforts à la rescousse.

Vers 16 h 30, les deux bricoleurs ont vu débarquer neuf individus armés de bâtons, hachette, barres de fer et bombe lacrymogène.

Les plus jeunes de la bande ont 14 ans


Si le Rémois s’est fait malmener, la hargne des agresseurs s’est surtout concentrée sur son ami béthenyat qui a tenté de s’enfuir en escaladant la clôture d’un jardin. Alors qu’il lui courait derrière, l’individu muni de la hachette lui en a porté un coup dans le dos : la lame n’a pas touché son corps, mais déchiré le manteau.

Pour finir, le groupe est reparti en volant la moto (qui ne semble pas avoir été retrouvée).

L’enquête menée par les policiers de la sûreté départementale a permis d’identifier les membres de la bande, certains sans domicile fixe, les autres originaires de Reims, notamment du quartier Croix-Rouge. Deux ont 14 ans, quatre 17 ans, les trois derniers 18 à 21 ans. Tous ont minimisé, voire contesté leur rôle dans les violences.

L’un des individus a bénéficié d’un classement sans suite. Les majeurs sont ressortis du commissariat avec une convocation devant le tribunal correctionnel tandis que les mineurs - parmi lesquels on trouvait les plus virulents - sont convoqués devant le juge des enfants aux fins d’une mise en examen.

Fabrice Curlier

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faits divers : Comment la vie d’un journaliste a été brisée

À son arrivée au palais de justice, Anes Saïd Khebbeb hurlait des insultes.Hervé Oudin
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Le parking où figurait le groupe dont faisait partie le mis en examen. Archives F.C.
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Le procureur a livré, hier, le récit détaillé de l’agression dont a été victime, samedi, notre photographe Christian Lantenois. L’auteur présumé des violences, un homme de 21 ans, silencieux en garde à vue, a été mis en examen pour tentative de meurtre aggravé et placé en détention provisoire.

C’était un samedi comme les autres au sein du journal, plein de reportages et de joie de vivre. En début d’après-midi, ce 27 février, une jeune consœur de permanence apprenait « l’existence d’un rassemblement de jeunes dans le quartier Croix-Rouge, dans une logique d’affrontement » , selon les mots du procureur de Reims, Matthieu Bourrette, qui organisait hier après-midi une conférence de presse. Sans surprise, elle décide de se rendre sur place en voiture banalisée. Sans surprise, notre photographe, Christian Lantenois, se propose de l’accompagner. Parce qu’il doit assurer un autre rendez-vous à 15 h 30, il choisit de prendre un autre véhicule de service « avec les mentions apparentes du quotidien L’union » . Quinze minutes plus tard, les voilà garés sur le parking de la médiathèque.

vite repéré, le photographe n’a pas eu le temps de réintégrer la voiture

L’information reçue était valable : ils constatent en contrebas, sur un parking de la place Georges-Braque, « la présence effective de groupes cagoulés et de mouvements laissant penser à la préparation d’un rassemblement belliqueux » , a poursuivi le procureur, entouré du directeur départemental de la sécurité publique, Joseph Merrien, et du commandant de police chargé de l’enquête.

Il est à peine plus de 15 heures. Par souci de discrétion, la journaliste part d’un côté, Christian de l’autre. Ils sont filmés par des caméras de vidéosurveillance de la ville, exploitées par les policiers dans le cadre de leurs investigations. Matthieu Bourrette poursuit : « En restant éloigné d’une centaine de mètres des individus cagoulés qui étaient quelques dizaines, Monsieur Lantenois, demeurant à moins d’un mètre de son véhicule, prenait alors quelques clichés photographiques des agissements de ce groupe. »

Mais très vite, il est repéré : un homme court vers lui. Il s’appelle Anes Saïd Khebbeb, est âgé de 21 ans, habite à Reims depuis trois ans. Son casier judiciaire porte trace de huit condamnations ( voir par ailleurs). Christian Lantenois, 65 ans, tente de remonter en voiture. Il n’en a pas le temps. La suite n’est qu’un sinistre compte à rebours.

15 heures, huit minutes et 20 secondes : les deux hommes se font face. Dix secondes plus tard, Khebbeb est rejoint « par treize autres individus » .

Le jeune homme frappe à plusieurs reprises la tête du photographe « dont au moins une alors qu’il était au sol, manifestement avec les mains, mais également avec un objet long et cylindrique » : son lourd et imposant appareil photo

15 heures, huit minutes et 46 secondes : un autre individu assène des coups de bâton « de type bâton de marche » , semble-t-il au sol et non sur la victime « au regard des constatations médicales » . Identifié, cet homme est toujours recherché.

15 heures, neuf minutes et 23 secondes : le groupe quitte les lieux sans se presser, en marchant tranquillement.

Avant le drame, un affrontement semblait imminent entre bandes rivales

Les deux hommes vus en train de donner des coups « semblaient se disputer » pendant qu’un troisième emportait l’appareil photo, qui sera retrouvé à quelques centaines de mètres de là, endommagé et sans carte mémoire. « L’agression dans sa globalité a ainsi duré 57 secondes » , totalisait le procureur, visage grave et voix blanche. Depuis, Christian Lantenois se bat contre la mort ( lire ci-dessus).

Si cela ne constitue pas une circonstance aggravante sur le plan pénal, « il est manifeste que Monsieur Lantenois a été agressé alors qu’il exerçait son métier de journaliste-photographe et pour ce motif, au moment où il prenait des clichés photographiques ».

La police, rapidement arrivée sur place après voir eu elle-même écho du rassemblement en cours, a depuis cinq jours engagé « des moyens considérables » pour identifier les mis en cause, a appuyé le magistrat. L’enquête, menée par la sûreté départementale, a rapidement établi qu’à l’arrivée de nos deux journalistes, « plus de trente individus » s’apprêtaient manifestement à « affronter une autre bande du même quartier ou d’un autre quartier de Reims » .

Le matin même avait été acheté dans un magasin de sport de la ville « un certain nombre de clubs de golf, de bâtons et de battes de base-ball qui avaient par la suite été acheminés en fin de matinée dans le quartier Croix-Rouge ». De même, blocs de pierre et barrières avaient été déplacés, vraisemblablement pour freiner la progression des policiers qui auraient été amenés à intervenir dans le cadre de l’affrontement qui se préparait.

L’exploitation de la vidéosurveillance, ajoutée à d’autres images réalisées par des tiers, « la très bonne connaissance par les services de police de la population délinquantielle locale » et des témoignages ont permis d’identifier deux des auteurs présumés.

Anes Saïd Khebbeb a été interpellé lundi après-midi. Placé en garde à vue pour « tentative de meurtre aggravé » ainsi que pour le délit de « participation à un groupement en vue de commettre des faits de violences ou de dégradation », le jeune homme a choisi de garder le silence : « Aucune audition n’a pu être réalisée, il a refusé de quitter sa cellule, et a marqué un énervement quasi permanent » , a détaillé Matthieu Bourrette.

Déféré devant un juge d’instruction qui lui a signifié sa mise en examen, Anes Saïd Khebbeb a été placé dans la soirée en détention provisoire. À ce stade, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Mathieu Livoreil

Les faits

Samedi après-midi , notre photographe, Christian Lantenois, 65 ans, est attaqué dans le quartier Croix-Rouge, où il venait d’arriver pour réaliser un reportage.

Lundi après-midi , un jeune homme est interpellé dans ce même quartier et placé en garde à vue pour « tentative de meurtre aggravé ».

Hier , il a été mis en examen du même chef d’accusation et placé en détention provisoire.

toujours entre la vie et la mort

Depuis samedi, Christian Lantenois est hospitalisé dans le service de réanimation de l’hôpital Robert-Debré. Son pronostic vital reste « sérieusement engagé » , selon le procureur. Notre confrère, placé dans le coma artificiel, souffre « d’un traumatisme crânien très sévère, d’une fracture du rocher, d’un hématome sous-dural et d’une hémorragie cérébrale » .

Un multirécidiviste déjà condamné à huit reprises

Né le 18 avril 1999 en Algérie, Anes Saïd Khebbeb n’a pas encore 22 ans mais déjà un solide passé judiciaire : huit condamnations prononcées en 2018 et 2019 pour des affaires de « vols avec effraction, violences et usage de stupéfiants » . Les premières peines sont tombées pour des faits commis alors qu’il était encore mineur, prononcées par le tribunal pour enfants de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, où il vivait auparavant après avoir grandi en Espagne (il est titulaire d’une carte de séjour espagnole).

Comme nombre de familles domiciliées en région parisienne, la sienne a ensuite rejoint le parc social rémois, « il y a environ trois ans » , pour s’installer à Croix-du-Sud (l’un des sous-quartiers de Croix-Rouge).

ADDICTION AU CANNABIS

Grand brun longiligne, tout mince, visage encore adolescent qui contraste avec la gravité des faits qui lui sont reprochés, Anes Saïd Khebbeb n’a pas mis longtemps pour apparaître sur les radars du commissariat de Reims. Au chapitre des « usages de stupéfiants » , une première arrestation est intervenue en mars 2019, une deuxième en mai 2019 (300 euros d’amende), une troisième le 2 juillet 2019 (90 jours-amende à 10 euros), une quatrième dès le 15 juillet 2019.

Ce jour-là, surpris par une patrouille rue Berthe-Morisot à Croix-du-Sud, il fut trouvé en possession de 14 barrettes de cannabis dans sa sacoche. Au total, 88 grammes qu’il réservait pour sa consommation personnelle, avait-il dit. Déféré au parquet dans le cadre d’un plaider-coupable, il fut condamné à six mois de prison dont deux mois ferme aménageables.

ARRIVÉE MOUVEMENTÉE AU PALAIS DE JUSTICE

Jugé à la même époque pour des « violences en réunion » , il fut brièvement incarcéré l’année suivante, du 16 avril au 19 mai 2020, pour ne pas avoir effectué un travail d’intérêt général. Il était actuellement suivi par le juge d’application des peines dans le cadre de l’exécution d’une peine de sursis assortie de l’obligation d’effectuer un autre travail d’intérêt général.

Sans emploi ni formation, Anes Saïd Khebbeb a gardé le silence devant le juge des libertés et de la détention, tête basse, calme. Il était dans un tout autre état lors de son arrivée au palais de justice.

Sans doute électrisé par la présence de sa mère, qui hurlait en larmes contre la porte de la souricière qui venait de se refermer, le jeune homme a vociféré on ne sait trop quoi, avant que ses cris ne se perdent dans les couloirs du tribunal. Alerté par le remue-ménage, le procureur de la République Matthieu Bourrette est sorti pour discuter avec la mère, qu’il a réussi à calmer.

Fabrice Curlier

Comment l’enquête va se poursuivre

Si Anes Saïd Khebbeb est visé par une tentative de meurtre aggravé (par la préparation d’un autre délit), l’information judiciaire ouverte par le procureur de Reims inclut deux autres chefs d’accusation contre X : « participation à un groupement en vue de commettre des faits de violences ou de dégradation » et « non-assistance à personne en péril ». Toujours menées par les policiers de la sûreté départementale, les prochaines investigations seront conduites par une juge d’instruction.

Selon le procureur, celle-ci devra « recueillir les explications de Monsieur Khebbeb, au regard des éléments à charge » déjà accumulés. Des experts psychologue et psychiatre seront désignés.

Surtout, le principal défi sera « d’identifier et mettre en cause les autres protagonistes susceptibles d’être poursuivis » pour les délits déjà mentionnés et, enfin, de préciser encore un peu plus le déroulement des faits « ainsi que le ou les mobiles du passage à l’acte » . Hier soir, Anes Saïd Khebbeb a été placé en détention provisoire, conformément à la volonté du parquet. Plusieurs éléments ont été retenus par le juge des libertés et de la détention pour motiver sa décision : empêcher le mis en examen de fuir et éviter toute concertation avec les individus recherchés, notamment. Le juge Dufourd a aussi visé « le trouble occasionné à l’ordre public » , s’agissant de l’ « agression particulièrement violente d’un journaliste qui exerçait simplement son métier et qui a provoqué une vive émotion au sein de la population » .

Les autres points

Un rassemblement prévu cet après-midi à la médiathèque

À l’initiative de l’association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) et du comité de défense des locataires de Croix-Rouge, un rassemblement sera organisé cet après-midi, à partir de 16 h 30, sur le parking de la médiathèque du quartier. « Nous sommes tous très choqués par ce qui s’est passé et nous voulons dénoncer les très graves violences dont a été victime votre confrère », soulignait l’un des organisateurs. Cette manifestation est ouverte à tous.

Les mots de compassion du porte-parole du gouvernement…

Avant de démarrer son compte rendu du conseil des ministres, ce mercredi, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement a voulu depuis le perron de l’Élysée « avoir un mot pour votre confrère photojournaliste au journal L’union – L’Ardennais, Christian Lantenois, qui a été victime d’une agression, d’une attaque absolument inqualifiable par sa violence… Je veux assurer sa famille, ses proches, sa rédaction et toute votre profession du soutien absolu du gouvernement et de la détermintion absolue des pouvoirs publics à identifier et punir les auteurs de cet acte inqualifiable.  »

… et du procureur de la République

Ce furent les premiers mots de Matthieu Bourrette lors de sa conférence de presse d’hier après-midi : « Mes premières pensées seront pour Monsieur Christian Lantenois (…), pour son épouse et sa famille à qui nous avons proposé le soutien de l’association France victimes 51 dans cette terrible épreuve et aux collègues et amis, légitimement éprouvés par ce drame. » Nous n’avons pu qu’acquiescer.

Reporters sans frontières présent au palais de justice

Un responsable de l’ONG Reporters sans frontières était présent, hier, au palais de justice, aux côtés de la quinzaine de journalistes venus assister au récit glaçant du procureur de la République. Les éléments très circonstanciés communiqués par ce dernier sont venus confirmer que c’est bien le journaliste Christian Lantenois qui a subi un déferlement de violence, notamment frappé à l’aide de son propre appareil photographique.

L’avocat du mis en examen n’a pas souhaité commenter

Amine Sellemna a la difficile – mais évidemment nécessaire – mission de défendre les intérêts de celui qui est aujourd’hui derrière les barreaux. Sollicité hier à l’issue de l’audience devant le juge des libertés et de la détention, il n’a pas souhaité faire de commentaire.

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l’union 210304b
faits divers : Croix-Rouge, chronique d’une violence endémique

Depuis 2018, les violences à Croix-Rouge ont fait plusieurs blessés graves et un mort : un jeune de 17 ans tué par une balle qui ne lui était pas destinée.
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Les violences ne datent pas d’hier dans le quartier Croix-Rouge mais depuis trois ans maintenant, les règlements de compte par arme à feu, agressions sauvages et autres affrontements impliquant des bandes s’enchaînent à un rythme sans précédent. Chronologie brute.

La dramatique agression perpétrée à l’encontre de notre photographe Christian Lantenois s’inscrit dans une longue série de violences qui touche Croix-Rouge. Elles ont toujours existé dans le quartier mais depuis 2018, elles se succèdent à une fréquence jamais connue auparavant, certaines impliquant des individus de plus en plus jeunes, de plus en plus violents. Chronologie des principales affaires.

16 mars 2018, gymnase Lapique

A 18 heures, un basketteur originaire du quartier Wilson entame la séance d’entraînement des moins de 11 ans du RCB. Un quart d’heure plus tard, une quinzaine d’individus encagoulés surgissent dans le gymnase et se précipitent sur l’entraîneur qu’ils frappent à coups de batte, coups de couteau, coups de poing et coups de pied, certains portés en sautant sur la victime à terre. Le basketteur est sérieusement blessé.

17 mars 2018, avenue Bonaparte

Le lendemain à 16 h 30, deux des agresseurs du basketteur échappent à des coups de feu tirés depuis une voiture occupée par des individus encagoulés. Ils courent se réfugier au magasin Spar. Une balle traverse la vitrine.

Ces deux affaires, manifestement liées sur fond de rivalité entre groupes de Wilson et Croix-Rouge, ont abouti à huit condamnations (18 à 30 mois ferme) : deux jeunes de Wilson pour les tirs, six de Croix-Rouge pour l’agression du basketteur (dont le seul tort était de connaître un ennemi supposé de Wilson).

20 mai 2018, avenue Bonaparte

A 15 heures, deux coups de feu sont tirés en direction d’un inconnu. Tout le monde s’enfuit, sauf un jeune du quartier qui ramasse les douilles, puis menace un témoin prêt à parler aux policiers. Il a été condamné l’automne dernier à quatre mois de prison, sans dire un mot sur cette affaire.

17 août 2018, avenue Bonaparte

Le drame. Vers 22 h 30, un homme encagoulé descendu de voiture abat d’une balle qui ne lui est pas destinée un adolescent de 17 ans, Magomed. En octobre 2018, trois suspects qui contestent les faits sont mis en examen : deux jeunes de Wilson (le premier pour « meurtre » , accusé d’avoir tiré ; le second pour « complicité » , en tant que chauffeur), le troisième de Croix-Rouge (pour « complicité » , soupçonné d’avoir renseigné le commando). Depuis, tous ont été remis en liberté et le parquet a requis un non lieu.

25 novembre 2018, rue Joliot-Curie

Vers 8 heures, un automobiliste de 42 ans qui vient de quitter son domicile voit trois individus lui barrer la route. L’un d’eux tire plusieurs coups de feu « à bout portant » , à travers le pare-brise. Une balle traverse le blouson du conducteur, les autres passent à côté. Deux hommes ont été mis en examen, un Guyanais et un Comorien qui contestent les faits. Remis en liberté sous contrôle judiciaire après un an de détention provisoire, ils viennent d’être renvoyés devant la cour d’assises pour « tentative d’assassinat » . L’origine du contentieux est inconnue.

7 décembre 2019, avenue Bonaparte

Vers 20 heures, quatre jeunes sont blessés par des coups de feu tirés depuis une voiture. Cinq heures plus tard, dans les rues d’Orgeval, plusieurs individus tirent des coups de feu en l’air.

Aucun blessé lors de cette opération commando qui aurait été menée en représailles et pour laquelle trois jeunes de Croix-Rouge ont été écroués. Les tireurs restent à identifier.

17 août 2020, place Maurice-Utrillo

Vers 0 h 25, une dizaine d’individus encagoulés mettent le feu à treize voitures et en saccagent onze autres à coups de bâtons et de barres de fer. Le but est d’attirer les policiers qui sont visés - avec les pompiers - par des tirs tendus de mortiers. Vingt minutes plus tôt, la police avait également essuyé des tirs de mortiers lors de son arrivée à Wilson, pour un feu de poubelle.

En octobre 2020, deux mineurs de 16 et 17 ans sont mis en examen pour les faits de Croix-Rouge, sans explication sur l’origine des violences (l’un nie, le second prétend n’avoir fait que « suivre la foule » ).

L’hypothèse envisagée est celle d’une démonstration de force menée – ou commanditée – par des dealers de Wilson et Croix-du-Sud (sous-quartier de Croix-Rouge), alliés dans le business et mécontents après l’arrestation d’un supposé lieutenant deux jours plus tôt à Wilson.

20 août 2020, rue Pierre-Mougne

L’affaire se passe aux Châtillons mais implique des protagonistes tous originaires de Croix-Rouge. Pour une raison inconnue, vers minuit, 15 à 20 individus viennent assiéger l’appartement d’une famille auparavant domiciliée à Croix-Rouge, mais qui a déménagé après des coups de feu tirés à travers sa porte en 2017. Les assaillants en veulent aux deux fils qui s’échappent par la fenêtre.

Quelques minutes plus tard, alors que le groupe est ressorti de l’immeuble, deux hommes munis d’une arme de poing surgissent et prennent en chasse un homme de 39 ans. Ils lui tirent dans le dos. Colonne vertébrale brisée, il s’écroule, rampe sous un fourgon.

Ses agresseurs l’en extirpent, le frappent d’une dizaine de coups de bâton ou de batte, l’insultent et lui sautent dessus en le poignardant trois fois.

La victime, depuis, est paralysée des jambes. Les deux frères - qui contestent - ont été mis en examen pour « tentative de meurtre » . Ce sont deux des agresseurs du basketteur, et l’un de ceux qui s’était fait tirer dessus le lendemain.

26 septembre 2020, stade du Creps

Vers 17 heures, une quarantaine d’individus armés de battes et de haches s’attaquent à des footballeurs de la Neuvillette, dont l’équipe U18 vient de jouer contre Taissy. Les agresseurs s’en prennent particulièrement à des jeunes originaires d’Orgeval. Trois blessés sont déplorés. L’enquête, pour l’instant, n’a pas abouti.

Octobre-novembre 2020, parc Saint-John-Perse

Une vague de vols avec violence touche des étudiants selon un mode opératoire identique : victime seule, qui traverse le parc avec sa sacoche d’ordinateur, attaquée par des individus qui « se déplacent en meute, à une dizaine, pour repérer une proie isolée et fondre sur elle » , relatait à l’époque un policier.

Les auteurs ne retenait pas leurs coups, se laissant aller à une violence qui n’était même plus nécessaire pour s’approprier les biens des victimes (l’un des étudiants, scolarisé à Néoma, fut abandonné inconscient et ne s’est réveillé qu’à l’hôpital).

L’enquête a permis d’identifier six mineurs âgés de 15 à 17 ans, un majeur de 18 ans, la plupart récemment arrivés de région parisienne où leurs familles vivaient auparavant. Commentaire du policier : « Ils reproduisent ici ce qu’ils ont connu là-bas. C’est une culture de la violence importée de la région parisienne. A Reims, des agressions de cette nature, on n’en voyait pratiquement pas avant. »

Fabrice Curlier

Quand les conflits se délocalisent au centre-ville

14 janvier 2020, 18 h 30, cours Langlet : Des jeunes de Croix-Rouge sont pris à partie par des jeunes d’Orgeval devant la gare, au niveau de la station du tram. Deux d’entre eux sont poursuivis jusqu’au cours Langlet, où ils se réfugient dans une chocolaterie. Les agresseurs les rattrapent à l’intérieur de la réserve où ils les frappent à coups de marteau (violente blessure à une main). Quatre mineurs d’Orgeval ont été mis en examen.

Dix jours plus tard, le 24 janvier, c’est une bande de Croix-Rouge qui débarque à Orgeval. Bilan : quatre blessés par arme à feu et arme blanche.

6 février 2020, 18 h 30, place du Théâtre : Deux bandes de Croix-Rouge et Orgeval se donnent rendez-vous « pour un combat à un contre un » entre les meneurs respectifs, d’après les dires de ceux de Croix-Rouge qui viennent à une dizaine, désarmés. Ceux d’en face débarquent deux fois plus nombreux avec béquilles, cannes, chaise, marteau, gazeuses, hachoir de boucher. Un premier jeune de Croix-Rouge est tabassé place du Théâtre (blessé léger), un deuxième de 13 ans rattrapé à l’intérieur du magasin Zara est frappé d’un coup de marteau à la tête (blessé léger), un troisième de 16 ans jeté à terre rue de Vesle est roué de coups de pied, « visage écrasé au sol » (coma, quatre jours de réanimation, toujours des séquelles un an après).

Sept jeunes d’Orgeval – dont cinq mineurs – sont actuellement mis en examen dans cette affaire pour « violences aggravées » et « tentative de meurtre » .

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l’union 210304a
faits divers : Coup de couteau lors d’une beuverie

Dimanche dernier, la visite d’un homme au domicile de son amie, avenue Bonaparte dans le quartier Croix-Rouge, s’est terminée à l’hôpital pour lui, au commissariat pour elle. Le couple avait bien arrosé ses retrouvailles, jusqu’au moment où Monsieur a repéré des SMS compromettants sur le portable de Madame. Il s’est enfermé dans les toilettes avec l’appareil pour lire les messages.

Grosse colère de la dame qui a exigé la restitution du téléphone. L’homme est sorti du petit coin, en précisant toutefois : « Il faudrait que tu me donnes un coup de couteau pour que je te le rende. »

Prison avec sursis

Ni une ni deux, la locataire est partie chercher un couteau à la cuisine, pour mieux revenir et porter un coup dans l’épaule de son ami (incapacité totale de travail d’une journée).

Présentée mardi au parquet de Reims dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (procédure dite de plaider-coupable), la femme âgée de 35 ans a été condamnée à quatre mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire.

Elle a l’obligation de suivre des soins alcoologiques, de travailler et d’indemniser la victime. Les dommages-intérêts seront fixés ultérieurement.

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l’union 210303a
L’agent de sécurité qui a secouru notre photographe témoigne

Dylan Vedani, agent de sécurité de la médiathèque Croix-Rouge à Reims, a porté les premiers secours à notre journaliste attaqué samedi. Hervé Oudin
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Dylan Vedani, né à Reims il y a vingt ans, formé au lycée Armand-Malaise à Charleville-Mézières, a été embauché à la médiathèque dix jours avant l’agression de Christian Lantenois. Hervé Oudin
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L’ambiance restait calme, familiale ou studieuse, hier à la médiathèque Croix-Rouge, comme un havre de paix, de culture et de détente, à quelques mètres du parking où notre collègue a été sauvagement agressé. H.O
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Hier soir, la compagnie de CRS sillonnait les rues de Croix-Rouge. Aurélien Laudy
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Chargé de surveiller l’entrée de la médiathèque Croix-Rouge devant laquelle notre collègue a été attaqué samedi, Dylan Vedani, un Rémois de 20 ans, lui a porté les premiers secours. Il raconte son intervention, tandis qu’à la médiathèque, des lecteurs déplorent le climat de violence atteint dans le quartier.

Il a été embauché le 17 février. Dix jours plus tard, il a tenté de sauver un homme. Notre collègue Christian Lantenois, photographe à L’union depuis plus de trente ans. « J’étais à mon poste, derrière le sas d’entrée de la médiathèque, quand un témoin est venu me voir, totalement en panique, pour me dire qu’il y avait eu une agression et que la victime saignait » , retrace Dylan Vedani, né à Reims il y a tout juste vingt ans, et formé au lycée Armand-Malaise, à Charleville-Mézières.

« Comme je suis chargé de la surveillance, il s’est adressé à moi, alors que je n’avais rien vu ni rien entendu. » La configuration des lieux fait que malgré la courte distance, une dizaine de mètres, entre l’entrée de la médiathèque et les places de stationnement où notre confrère a été roué de coups, Dylan n’avait pu voir l’agression.

« Je me suis précipité sur le parking et j’ai vu votre collègue à terre. Il saignait beaucoup au niveau de l’oreille. » Le jeune agent de sécurité, titulaire d’un brevet de secouriste, mesure rapidement la gravité des blessures et se positionne près de la victime. « J’ai pratiqué les gestes de premier secours. Je lui ai par exemple maintenu la tête, tout en observant ses blessures et en écoutant ce qu’il essayait de me dire. Steve, un collègue de la médiathèque est venu m’assister : il lui a pris la main et la serrait, on lui a parlé, on a essayé de le réconforter… »

Un ambulancier a pris le relais

Il ne se passe guère de temps avant qu’un ambulancier en voiture passe, apparemment par hasard, devant la médiathèque, et s’arrête en découvrant la scène. « Par chance, cette personne est arrivée assez vite, elle a pris le relais. » Dylan est, comme d’autres personnes présentes samedi, un peu plus critique sur l’arrivée des secouristes : « Les pompiers sont arrivés dix à quinze minutes après, et le SAMU encore plus tard, avec la police. » Christian Lantenois a été pris en charge longuement sur place, d’abord par les pompiers, puis par les urgentistes. « En partant, vers 17 heures, l’ambulance était toujours là, avec votre collègue à l’intérieur » , se remémore, émue, une fonctionnaire de la médiathèque. À l’intérieur de cet équipement culturel à la fois pointu et populaire, connu de tout le quartier, certains usagers disaient, ce mardi, leur colère. Mohamed et Saïda, venus avec leurs deux enfants, avaient « appris pour l’agression » et souhaitaient « que le journaliste s’en sorte » . En train de lire L’union et un article consacré à l’agression, Richard Dupuis, « Croix-Rougien » de 65 ans et professeur à la retraite, avait les larmes aux yeux. « Je connais Christian et ce qui lui est arrivé est horrible. Ça me donne envie de pleurer. J’adore Croix-Rouge, sa vie, ses fêtes, sa médiathèque, qui est un centre culturel mais aussi un centre de vie, mais le climat s’est dégradé ces dernières années. Récemment, un de mes proches s’est fait agresser et voler en pleine rue. »

Renforcement de la sécurité

Les agents de la médiathèque demeurent concentrés sur leur métier, mais la réalité les a, eux aussi, rattrapés. Ce mardi, des journalistes de Libération étaient en reportage au milieu des livres, et d’autres de TF1 allaient et venaient sur le parking. La veille, la directrice de la médiathèque avait transmis, de la part de toute son équipe, des « pensées à Christian Lantenois, lâchement agressé dans l’exercice de ses fonctions sur notre parking » . L’équipe se disait « sous le choc de la violence subie par votre confrère » (notre précédente édition).

À l’accueil de la médiathèque, Dylan Vedani a également besoin de parler, pour évacuer la pression qui pèse depuis ce samedi maudit. L’attaque a eu une autre conséquence pour lui et pour le bâtiment : l’entreprise Securitim, qui l’emploie, va renforcer la sécurité de la médiathèque, et lui a « demandé d’intervenir désormais le matin, en plus de l’après-midi » .

En parallèle, le jeune homme vise un autre objectif : devenir gendarme. Il passera les tests de sélection le 24 mars. D’ici là, son autre vœu est « que votre collègue se rétablisse » . Hier soir, Christian Lantenois était toujours dans un état critique.

Guillaume Lévy

Les faits

Samedi après-midi , entre 15 heures et 15 h 10, notre collègue, le photographe Christian Lantenois, est victime d’une très violente agression à Reims, au pied de la médiathèque du quartier Croix-Rouge, où il venait d’arriver dans le cadre d’un reportage.

Alors qu’il se trouve toujours dans un état critique , un individu a été interpellé, lundi, dans le quartier, et placé en garde à vue.

Comment ils ont pu faire ça un samedi avec autant de monde

Lectrice assidue, la Rémoise Marie-Lyne Fournel ne vit pas à Croix-Rouge, mais fréquente régulièrement sa médiathèque. « Je l’aime bien, elle est très belle et il y a du choix. J’y viens une fois par semaine. » C’était le cas le samedi 27 février. Elle raconte : « Je suis arrivée vers 15 h 15, l’agression de Christian Lantenois venait d’avoir lieu. Il était déjà au sol. Mais il n’y avait déjà plus personne, aucun individu suspect, donc j’ai cru que c’était un malaise. Je suis montée à l’étage de la médiathèque, où il y avait peu de monde, et aucune perturbation, comme si rien ne s’était passé. Quand on a vu que c’était si grave, on n’a pas compris que le SAMU n’arrive pas plus vite, alors que l’hôpital est à côté. Et on a tous été choqués par une telle agression en pleine journée. Comment ils ont pu faire ça un samedi après-midi, avec autant de monde, à un endroit où il y a tant de piétons, de familles, de voitures ? » Marie-Lyne Fournel, qui avait par ailleurs déjà côtoyé Christian Lantenois, partage aussi sa peine : « Quand j’ai su que c’était lui, ça m’a retournée. Depuis samedi, je pense tout le temps à lui. »

80 CRS déployés dans la soirée

C’était entendu depuis lundi : hier, en début d’après-midi, 80 CRS allaient prendre position dans les rues de Croix-Rouge afin de « sécuriser de manière très visible le quartier, pour au moins toute la semaine » , selon la prévision du préfet, Pierre N’Gahane. Mais, hier, à l’heure dite, aucun fourgon en vue. Et pour cause : la compagnie attendue a dû être redirigée à Beauvais, à la suite de plusieurs soirées de violences. Suffisant pour susciter stupéfaction et incompréhension dans les rangs policiers. « Je suis effaré, enrageait l’un d’eux. Un cap inadmissible a été franchi avec l’agression de ce photographe. La population et les élus sont outrés par toutes ces violences. L’État se doit d’envoyer un message très fort pour occuper le terrain, montrer sa présence. Et là, rien ! Alors même que les plus hautes autorités de l’État ont réagi pour exprimer leur indignation. C’est incohérent. C’est pitoyable. » L’agacement des autorités locales a porté ses fruits : une autre compagnie a été rendue disponible pour investir peu après 18 heures, les rues de Croix-Rouge. « Ça va calmer tout le monde de voir ces Robocop » , pronostiquait ce commerçant, plus tôt dans la journée.

Le pronostic vital de notre confrère toujours engagé

L’état de santé de notre photographe, Christian Lantenois, était toujours, hier soir, critique. Quatre jours après l’agression subie samedi après-midi, son pronostic vital reste engagé.

Garde à vue prolongée, investigations toujours en cours

La garde à vue pour tentative de meurtre aggravé dont fait l’objet le jeune homme interpellé lundi après-midi dans le quartier Croix-Rouge a été prolongée, hier. Celle-ci, ne pouvant excéder 48 heures pour ce type de faits, connaîtra nécessairement aujourd’hui son épilogue. Le procureur de la République décidera alors de l’éventuelle mise en examen de ce suspect, soupçonné grâce aux caméras de vidéosurveillance (voir aussi page suivante) d’avoir joué un rôle dans le déferlement de violence subi par notre collègue.

Nous allons partout, oui, mais nous y allons prudemment…

Contacté pour évoquer la situation sécuritaire de Croix-Rouge, François Swiderski, secrétaire départemental du syndicat Alliance police nationale, dresse sensiblement le même constat que Christian Pous, du syndicat SGP-FO (notre édition d’hier) : « Malgré l’instauration des zones de sécurité prioritaire en 2013, les périodes de calme et d’embellie sont suivies de dégradations et de violences. »

Martelant que « le quartier n’appartient pas aux dealers » et que la police « essaie de le tenir », ce fonctionnaire relate la réalité de ses collègues : « Nous allons partout, oui, mais nous y allons prudemment pour ne pas se jeter dans la gueule du loup. Je vais vous donner un exemple : si nous devons intervenir le matin dans le quartier pour un différend conjugal, notre état d’esprit sera différent si nous devons y aller un samedi soir - là, on sort de la voiture et on regarde de tous les côtés en permanence, en espérant que le collègue en fasse autant. »

Tenant à souligner que « les collègues qui font les investigations dans les quartiers sensibles bossent comme des malades pour faire remonter la vérité », il conclut sur Croix-Rouge : « Une zone de non-droit, non, mais une zone de difficultés, oui. »

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Faits divers photographe agressé : Un homme en garde à vue

Sur le parking de la médiathèque se percevaient toujours, hier matin, les stigmates de l’agression subie par notre collègue, dont le pronostic vital est toujours engagé. Aurélien Laudy
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À sa manière, Chaunu lui apporte lui aussi son soutien, à la force du crayon et au nom de la liberté de l’information
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Deux jours après l’attaque dont a été victime notre confrère Christian Lantenois, toujours entre la vie et la mort, le procureur de la République a annoncé, hier, l’interpellation d’un individu, placé en garde à vue pour tentative de meurtre aggravé.

Communiquée par le procureur de Reims Matthieu Bourrette, l’information est tombée hier soir à 19 h 40 : « Dans le cadre de l’enquête criminelle ouverte samedi dernier des chefs de tentative de meurtre aggravé et non-assistance à personne en péril, à la suite de l’agression d’un journaliste photographe du quotidien L’union, dans le quartier Croix-Rouge de Reims, un individu, majeur, a été interpellé ce jour en fin d’après-midi par les services de police du commissariat de Reims et placé en garde à vue pour tentative de meurtre aggravé. » Aucune information n’a filtré sur l’homme arrêté.

Cette interpellation, survenue 48 heures seulement après les faits, témoigne du caractère prioritaire de l’enquête menée par les policiers de la sûreté départementale de Reims. Alors que notre collègue Christian Lantenois, grièvement blessé à la tête, est toujours dans un état critique, les circonstances précises du déferlement de violence dont il a fait l’objet demeurent, à ce stade, imprécises.

Frappé avec son propre appareil photographique ?

Néanmoins, d’après nos constatations, un scénario peut se dessiner.

Vers 15 heures, notre photographe s’est garé discrètement sur le parking de la médiathèque Croix-Rouge, hors de la vue de l’attroupement suspect pour lequel nous avions été appelés, place Georges-Braque. Selon toute vraisemblance, c’est en se dirigeant vers le groupe par la rue Jean-Louis-Debar, le long du Quick, qu’il aurait été repéré en raison de son appareil photo porté autour du cou. Il semble avoir été rattrapé par certains des individus avant de rejoindre son véhicule, à côté duquel il a été retrouvé au sol et longuement pris en charge par les secours avant d’être évacué.

Le nombre d’agresseurs reste à déterminer, ainsi que la nature des coups reçus, probablement portés avec un objet en raison de la gravité de ses blessures. S’agit-il d’une pierre ? Ou de son lourd appareil photographique, dont une partie a été retrouvée détruite plusieurs dizaines de mètres plus loin place Georges-Braque, tandis que l’autre a disparu.

Les heures à venir permettront peut-être d’avoir une connaissance précise de l’enchaînement des faits, qualifiés par la justice de « tentative de meurtre aggravé », crime passible de la réclusion à perpétuité devant une cour d’assises. La circonstance aggravante vise certainement la multiplicité des auteurs et l’usage d’une « arme par destination », ce qui peut être le cas de l’appareil photo s’il a été utilisé pour frapper.

80 CRS arrivent aujourd’hui pour sécuriser le quartier

En toute discrétion, le préfet de la Marne, Pierre N’Gahane, s’est rendu sur les lieux de l’agression, à Croix-Rouge, ce lundi matin, aux côtés du directeur départemental de la sécurité publique de la Marne, le commissaire Joseph Merrien. Dans la foulée, une réunion s’est tenue à la sous-préfecture de Reims, afin d’envisager « la sécurisation du quartier » . Dans ce cadre, indique le préfet, il a été convenu de « sécuriser de manière très visible le quartier, pour au moins toute la semaine » . Une compagnie de CRS (soit 80 policiers) est ainsi attendue, à partir de ce mardi, dans le quartier Croix-Rouge.

Un dispositif qu’il faut lire comme « une réponse immédiate » à l’agression de notre collègue, et qui pourrait s’accompagner d’« opérations de police complémentaires » dans les prochains jours.

Le journal porte plainte, la police lance un appel à témoins

Ce lundi 1 er mars en début d’après-midi, le journal L’union, représenté par sa directrice générale adjointe, a déposé plainte, à l’hôtel de police de Reims, « pour les faits de tentative de meurtre » dont notre collègue Christian Lantenois a été victime, samedi, devant la médiathèque Croix-Rouge à Reims. Une seconde plainte de notre journal a été déposée pour « atteinte à la liberté de la presse », « vol et destruction de bien privé », en l’occurrence l’appareil photo de notre collègue.

L’enquête de police se poursuit et s’est accélérée, hier après-midi, avec l’interpellation d’un individu, majeur, domicilié à Croix-Rouge. À la mi-journée, un appel à témoins avait été lancé par la police nationale : « Le samedi 27 février aux environs de 15 heures, une personne était violemment agressée rue Jean-Louis-Debar à Reims à proximité de la médiathèque. Une enquête est ouverte au commissariat de police de Reims afin de déterminer les circonstances de cette agression. Si vous avez des informations permettant d’aider les enquêteurs, contactez le commissariat de Reims au 03 26 61 44 00 (24 h sur 24, 7 jours sur 7). »

Mathieu Livoreil, Guillaume Lévyet Fabrice Curlier

Soutien : Le message de Chaunu à Christian

Grand professionnel, passionné par son job, notre photographe Christian Lantenois ne compte pas ses heures pour immortaliser l’actualité de nos départements.

À sa manière, Chaunu lui apporte lui aussi son soutien, à la force du crayon et au nom de la liberté de l’information.

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société : Ici, ça fait vingt ans que c’est de pire en pire

La plupart des habitants du quartier Croix-Rouge (ici, à l’arrière de la médiathèque) interrogéshier, soucieux de leur anonymat, insistaient sur la dégradation de leur quotidien. Aurélien Laudy
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Deux jours après la violente agression subie par notre photographe Christian Lantenois, des habitants de Croix-Rouge témoignent de la lente dégradation de leur quartier qui « a fini par devenir un ghetto ».

Comme la plupart, elle requiert l’anonymat. « Je ne veux pas d’ennuis, vous comprenez » , s’excuse cette femme de 65 ans, rencontrée hier matin à deux pas de la médiathèque Croix-Rouge, non loin du lieu de la très violente agression dont a été victime notre collègue, Christian Lantenois, samedi après-midi. Voilà plus de quarante ans que cette dame réside dans ce quartier populaire du sud de l’agglomération rémoise, où cohabitent barres d’immeubles aux façades décrépies ou fraîchement rénovées, hôpitaux, rues pavillonnaires et campus. « Ce que je pense de là où j’habite ? C’est pas terrible… Quand je suis arrivée, c’était encore à peu près bien, même si ce n’était déjà pas l’idéal » , confie-t-elle. Des souvenirs remontent : « Ma fille qui rentrait de son lycée du centre-ville m’appelait pour que je vienne la chercher à l’arrêt de bus par peur de rentrer à pied. »

Depuis quelques années, « c’est horrible » , soupire celle qui prend désormais soin d’éviter certaines rues « qui ressemblent plus à un coupe-gorge qu’à autre chose » . Un voile de tristesse passe dans ses yeux : « Ce n’est pas maintenant que je suis à la retraite que je vais avoir les moyens de déménager. »

Depuis des mois, violences, rixes et dégradations perturbent le quotidien de ce secteur, devenu une « une zone de non-droit » pour certains. Sur le pas de sa porte, Annick (prénom d’emprunt), là depuis trente ans, a la voix pleine de regrets : « Au début, le quartier était super mais les jeunes, maintenant, ils me font un peu peur. Avant, j’allais partout. Maintenant je n’irai pas jusqu’à la boulangerie avec mes petits-enfants. J’avoue que je ne sais plus trop… » Comme elle, de nombreux habitants s’interrogent sur ce qui leur « tombe dessus » .

Magalie, qui sort de la pharmacie, renchérit : « C’est devenu catastrophique. Avant, il n’y avait pas ça… » Ça ? Cette quadragénaire tend discrètement un bras vers quelques jeunes regroupés sur le trottoir d’en face. Pendant qu’elle marche à petit pas, les yeux rivés sur le bitume, le ton se fait colère : « La racaille, à un moment, faut la stopper ! Ce qui est arrivé à votre Monsieur, c’est terrible… Faut les punir une bonne fois pour toutes, qu’ils comprennent… Remettre le service militaire, je ne sais pas – excusez-moi, je m’emporte. » Sur le ton de l’évidence, elle lâche : « Dans le bus, le tramway, je baisse les yeux. » Deux rues plus loin, Rania, une étudiante de 20 ans, nuance : « Non, ça se passe plutôt bien. Après, j’ai toujours vécu ici, alors je ne sais pas trop comment ça se passe ailleurs. »

Une montée de la violence chez les très jeunes

Ce responsable associatif, domicilié depuis un demi-siècle dans le quartier, élargit la focale : « Ici, ça fait vingt ans que c’est de pire en pire et ça s’est accéléré. Croix-Rouge a fini par devenir un ghetto. Y a plus le respect… Les grands frères qui apaisaient les tensions ont grandi, sont partis. Aujourd’hui, les jeunes n’ont plus que les tours du quartier comme horizon, ils sont plein de colère pendant que les anciens se sentent abandonnés. » Faut-il le rappeler ? Dans ces rues, le taux de chômage culmine largement au-delà de la moyenne nationale et « il faut voir comment le 5 du mois, il y a la file d’attente devant la banque pour retirer son RSA » , insiste ce sexagénaire.

« Ça se dégrade » , maugrée ce retraité bien connu à Croix-Rouge, où il vit depuis plus trente ans. « Ça me rend triste. Et ce qu’ils ont fait à Christian, que je connais depuis des années, ça me fait mal au cœur ! Comment ils ont pu lui faire ça ? » Lui aussi porte un regard plein de dépit, parfois de désespoir, sur « son » Croix-Rouge. « Le quartier a beaucoup changé. Il y a beaucoup plus de délinquance et de violence, c’est une catastrophe. Beaucoup de personnes âgées cherchent à partir. Et beaucoup de jeunes sont laissés à eux-mêmes et font n’importe quoi. Des parents se foutent complètement de ce que font leurs jeunes : vers 15 h 30 ou 16 heures, ils sortent et les bagarres commencent, entre gamins dès 11 ou 12 ans. »

Ces jeunes inquiètent fortement cette animatrice d’une maison de quartier proche des lieux de l’agression, qui tient elle aussi à rester anonyme. « On est catastrophé par ce qui est arrivé à votre collègue. Mais ce qu’on constate ici, on le constate partout en France : il y a une montée de la violence de plus en plus importante chez les très jeunes. »

Ce « phénomène » est encore renforcé, observe-t-elle, par Internet. « Ils se mobilisent très vite par les réseaux sociaux, et malheureusement, quand on a l’alerte, c’est déjà trop tard. » Et le drame est au coin de la rue, car « ils n’ont pas de conscientisation de l’acte, de la violence. Quand on les voit avec des clubs de golf, des machettes ou des marteaux, c’est hallucinant… »

plus de moyens pour la prévention

Le cauchemar vécu, vendredi, devant une maison de quartier de Bondy (Seine-Saint-Denis), où un adolescent de 15 ans a été tué par balle, est présent à l’esprit des éducateurs. « C’est quelque chose qui nous pend au nez et que redoutent tous les professionnels qui travaillent sur le territoire. »

Ces éducateurs, Albain Tchignoumba, 35 ans, les voit comme une des réponses au problème. Cet enfant du quartier est aujourd’hui conseiller départemental (PS) du canton de Croix-Rouge (Reims 3). Lui aussi dénonce l’attaque « ignoble » d’un journaliste, et déplore l’évolution de son quartier. « La rénovation urbaine a eu des avantages, pourtant il y a une nette dégradation. Le climat d’insécurité est plus fort et désormais permanent. » Pour l’élu, céder au fatalisme ne rime à rien, pas plus qu’au « tout répressif » . Il préconise « plus de moyens pour la prévention, l’emploi, la formation, en mettant plus d’éducateurs, et en rétablissant la police de proximité. La vidéoprotection, c’est bien, mais insuffisant. »

Sur un banc, trois retraités qui prennent le soleil dans un square veulent moins charger les pouvoirs publics que responsabiliser les habitants.

« Si ça se dégrade autant, ce n’est pas la faute de l’État, c’est la faute des gens. Il y a de plus en plus de violence car il y a de plus en plus de gens à problèmes, sans travail, logés dans des appartements vides. Le journaliste agressé, il faisait juste son métier… »

Les trois amis regardent les jeux d’enfants au milieu du parc, sans bambins mais squattés par des jeunes. « Vous voyez, dans le temps, les femmes et les enfants pouvaient aller dans la rue, jouer dans un parc. Maintenant, beaucoup n’osent plus sortir. Et même nous qui habitons ici depuis trente ans, nous avons peur. »

Mathieu Livoreil et Guillaume Lévy

Notre collègue toujours dans un état critique

Le photographe Christian Lantenois , à L’union depuis 1993, se trouvait toujours, hier soir, entre la vie et la mort, au CHU de Reims.

Toute la journée d’hier , des messages de soutien et d’affection ont de nouveau afflué, de la part d’institutions comme la médiathèque Croix-Rouge ou de simples habitants, notamment parmi ceux rencontrés dans le quartier où il a été agressé.

la médiathèque Croix-Rouge apporte son soutien à notre journal

« Au nom de toute l’équipe de la médiathèque Croix-Rouge, et plus largement de la bibliothèque municipale de Reims, je souhaite transmettre toutes nos pensées à votre collègue Christian Lantenois, lâchement agressé dans l’exercice de ses fonctions sur notre parking », écrit Éléonore Debar, directrice de la médiathèque du quartier, devant laquelle notre collègue a été frappé. « Nous sommes sous le choc de la violence subie par votre confrère et lui souhaitons de s’en remettre avec le moins de séquelles possibles. »

Après les nombreuses réactions suscitées par cette agression, la directrice de l’équipement souhaite elle aussi « transmettre notre soutien à l’ensemble de votre rédaction dont le travail d’information sur le terrain ne doit pas être remis en question, même si cet événement affreux doit nécessairement la bouleverser. Notre travail de bibliothécaire rejoint le vôtre en matière d’accès à l’information, rôle qui reste plus que jamais nécessaire dans ces circonstances. »

3 QUESTIONS À…CHRISTIAN POUS POLICIER, SYNDICAT SGP-FO : La police ne peut pas être seule à gérer

Comment jugez-vous l’évolution du quartier ?

À l’évidence, un sentiment d’impunité s’est mis en place : depuis des mois, certains défient de plus en plus souvent les forces de l’ordre qui s’y rendent, et des affaires de violences sérieuses sont de plus en plus fréquentes. Tout ce qui peut représenter l’État de près ou de loin – pompiers, etc. – ou même un relais d’information peut potentiellement être pris pour cible. Quelques individus sont identifiés comme étant des voyous notoires mais derrière, la réponse pénale apportée n’est peut-être pas toujours suffisamment forte – il ne s’agit pas d’opposer justice et police.

Estimez-vous que ce quartier est devenu une zone de non-droit ?

J’ai été responsable du bureau de police du quartier entre 2008 et 2014, à l’époque où le quartier a été classé ZSP. Des zones où nous n’allons pas, il n’y en a pas. Des unités de police sont essentiellement dédiées aux quartiers sensibles, il y a les équipes des sections d’intervention, la brigade anticriminalité, et tous essaient de faire pour le mieux. Mais à la problématique de la réponse pénale se greffe celle des effectifs de police.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, était venu annoncer en septembre quinze policiers supplémentaires…

C’est une bonne nouvelle mais n’oublions pas notre sous-effectif initial. Les efforts doivent être prolongés dans la durée. Au-delà de ça, la police nationale ne peut pas être seule à gérer la problématique de la délinquance, tout de même très complexe.

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On est habitué à voir Christian près de nous

David Guion, comme Xavier Chavalerin, ont ouvert leur passage devant les micros par un message pour notre photograph
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David Guion, comme Xavier Chavalerin, ont ouvert leur passage devant les micros par un message pour notre photographe.

Dimanche, Christian Lantenois aurait dû être là, à sa place, au bord de la pelouse du stade Auguste-Delaune pour immortaliser la rencontre entre le Stade de Reims et Montpellier (0-0). Notre confrère, photo-journaliste chevronné et grand habitué des terrains de sport, a manqué ce rendez-vous, lâchement agressé dans le quartier Croix-Rouge à Reims la veille.

Présent hier en conférence de presse pour évoquer le déplacement des Rémois à Nantes (demain, 21 heures), Xavier Chavalerin a spontanément tenu à apporter, au nom des joueurs, un message de soutien. « Ce qui est arrivé nous a tous touchés dans le vestiaire, on était vraiment sous le choc. »

David Guion, dans la foulée, s’est également associé à la démarche. « En tant que citoyen, je ne peux pas du tout admettre cette violence. Christian est un personnage familier, qui passe beaucoup de temps ici, entre nous, le centre, les féminines, il vient en stage au Touquet… On est habitué à le voir près de nous. Je m’associe à l’ensemble du club et bien sûr à la rédaction du journal. Je lui souhaite beaucoup de courage et on lui transmet tout notre soutien ainsi qu’à sa famille dans ces moments difficiles. »

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d’erlon en large

Nous vous avions rapporté, au début du mois de février, la « boule au ventre » qui prenait régulièrement des habitants de l’allée Maurice-Lemaitre, quand ils sortaient de leur parking sur l’avenue du Général-Eisenhower, dans le quartier Croix-rouge.

Eh bien ces habitants viennent de nous faire savoir que leur problème (un stationnement gênant la visibilité) est désormais résolu.

Est-ce un effet de notre article ? En tout cas la coïncidence peut apparaître troublante…

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faits divers : Un journaliste à terre et beaucoup de questions

Dans le quartier Croix-Rouge, les bandes s’affrontent de part et d’autre de l’avenue Bonaparte. C’est non loin d’ici que notre confrère Christian Lantenois s’est fait agresser. O. Durand
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L’agression violente d’un photographe de L’union-L’Ardennais, samedi dans le quartier Croix-Rouge,à Reims, s’est déroulée dans un contexte de tension grandissante, ces derniers jours.
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Ce dimanche, les journalistes de la rédaction (ici Carole Lardot, rédactrice en chef en charge de l’innovation) ont été sollicités par de nombreux médias. De nouvelles interviews sont programmées aujourd’hui.
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Christophe Deloire est secrétaire général de RSF.
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Les circonstances de la violente agression dont a été victime un photographe de L’union, samedi lors d’un reportage à Reims, restent floues. Elle s’est déroulée dans un quartier sous tension depuis plusieurs jours.

L’émotion était vive et les questions nombreuses, hier soir, au lendemain de la violente agression dont a été victime l’un des photographes de L’union-L’Ardennais. Samedi vers 15 heures, alors qu’il accompagnait une journaliste dans le quartier sensible de Croix-Rouge, à Reims. Christian Lantenois a alors reçu un très violent coup à la tête, dont l’origine n’était pas clairement établie, vingt-quatre heures après les faits. Longuement médicalisé sur place par le Samu, le journaliste avait été évacué aux urgences de l’hôpital Robert-Debré dans un état critique.

Hier soir, l’état de santé du photographe était encore extrêmement préoccupant et son pronostic vital toujours engagé.

Contacté à plusieurs reprises hier, le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, souligne que les investigations se poursuivent mais ne souhaite pas en dire davantage sur l’enquête ouverte, la veille, pour tentative de meurtre. On ne connaît donc toujours pas précisément les circonstances de l’agression, ni les avancées des enquêteurs dans la recherche des auteurs de l’attaque.

On sait cependant que les faits se sont déroulés dans un contexte très tendu, ces derniers jours, dans le quartier Croix-Rouge. Il semble, en effet, que la présence d’un groupe de jeunes à ce moment-là n’était pas anodine. Elle fait suite à plusieurs rixes constatées les jours précédents. C’est ce que confirme Xavier Albertini, adjoint au maire de Reims en charge de la sécurité : « Il y a eu des montées en tension depuis le début des vacances scolaires. Nous avons eu deux rixes avérées. » Il a d’ailleurs été décidé de prévoir des policiers en points fixes en milieu de semaine. Mais samedi, ils n’étaient pas présents.

Cette tension n’est pas comparable avec les événements qui ont pu secouer la ville avant les dernières élections municipales. À l’époque, il s’agissait d’affrontements entre quartiers, de lutte de territoires. « Cette fois, cela semble totalement endogène , poursuit Xavier Albertini. Ce sont des bagarres au sein du quartier. On ne sait pas pourquoi elles ont lieu, ni s’il existe des causes objectives. » L’élu évoque une désocialisation, de la violence entre jeunes avec des armes comme des machettes ou des extincteurs. « On n’est pas apparemment dans des bandes qui cherchent l’affrontement avec la police. D’ailleurs, il n’y a pas eu de problèmes lors des interventions des policiers. »

C’est pour cela que l’adjoint au maire ne réclame pas le renfort de CRS. « Il n’y a pas de heurts avérés. On n’est pas dans un schéma de confrontation. Les acteurs des rixes se dispersent aussitôt après les faits. Des renforts ne régleraient pas le problème sur le fond. Nous travaillons dans ce quartier à une politique de relogement, de mixité, de démolition de certains immeubles, c’est un travail à long terme. »

Cela dit, la violente agression d’un journaliste dans l’exercice de son métier n’en finit pas de susciter des réactions, jusqu’au plus haut niveau de l’État, et un engouement médiatique très fort ( lire par ailleurs). Elle continue aussi, et surtout, de plonger dans la douleur la famille de Christian Lantenois, de laisser sous le choc la totalité de ses collègues au sein du quotidien régional, et de hanter particulièrement sa consœur qui était avec lui à Croix-Rouge, samedi.

Hier, elle a accepté de raconter ce qu’elle avait vécu. « J’étais de permanence de faits divers. Ces jours-là, on ne sait jamais ce qui peut arriver » , confie Sabine ( prénom d’emprunt). « Vers 14h30 , j’apprends qu’une trentaine de jeunes encagoulés se sont rassemblés près de la place Georges-Braque. En arrivant en voiture banalisée dans le quartier, pour des questions de sécurité, j’aperçois le groupe d’individus postés sur un parking jouxtant l’avenue Bonaparte. Je me gare en amont. Puis, je pars faire un tour. »

La journaliste tient à rester en retrait, discrète. Pour ne pas attirer l’attention. « L’idée est simplement de jeter un coup d’œil rapide. Je chemine comme n’importe quel passant et à bonne distance de l’attroupement. En quelques mètres, j’ai un aperçu global de la situation : les personnes regroupées semblent jeunes et sont toutes vêtues de masques et de vêtements noirs. » Une impression se dégage de la scène. « Aux abords, la vie semblait cristallisée par la présence de ces jeunes gens. Des habitants se regroupaient et les piétons jetaient des regards inquiets en direction du groupe. »

Le calme avant la tempête. « Quelques minutes plus tard, de l’agitation en provenance du parking résonne dans le quartier. Sans voir ce qui se passe, je comprends qu’il y a du mouvement. Je décide alors de retrouver rapidement mon véhicule en faisant un détour pour ne pas risquer de croiser la bande. En arrivant, à proximité de ma voiture, j’aperçois mon collègue photographe allongé au sol, une femme est à ses côtés. Quelques badauds sont à proximité. »

Sabine pense alors que Christian Lantenois a fait un malaise. Elle ne sait pas ce qui vient de se produire. « Les pompiers viennent tout juste d’arriver sur place. En me rapprochant, je vois que Christian semble conscient mais que du sang s’écoule de son oreille. Juste avant d’être hissé dans le véhicule de secours, il parvient même à glisser quelques mots rassurants sur son état de santé. » Sur place, les choses vont alors très vite. « Des véhicules de police débarquent. Les témoins sur place sont sollicités de toute part et sont invités à ne pas empiéter sur les lieux de l’agression. Après avoir laissé mes coordonnées je dois quitter les lieux. »

Ce n’est que plus tard, dans la journée, que la journaliste découvrira la gravité de la blessure de son confrère photographe.

Yann Le Blevec et Arnault Cohen

Le roi lion

Prévu, comme d’habitude, pour couvrir le match de Ligue 1 Reims – Montpellier (0-0) d’hier après-midi, notre photographe Christian Lantenois a manqué ce rendez-vous. Contraint et forcé.

La veille, en reportage dans le quartier rémois de Croix-Rouge, il avait été lâchement agressé.

Hier soir, son pronostic vital restait toujours engagé. Les témoignages de soutien ont afflué toute la journée à notre rédaction, Christian étant une figure connue de nos territoires, et surtout, un vrai passionné de sport.

François Nascimbeni

les faits

Hier soir , le pronostic vital de Christian Lantenois, photographe de L’union était toujours engagé.

L’enquête pour tentative de meurtre se poursuit.

L’agression s’est déroulée dans un contexte de forte tension à Croix-Rouge.

société : Notre rédaction face aux très nombreuses sollicitations des autres médias

Toute la journée d’hier, l’agression de Christian Lantenois a fait l’objet d’une très grande couverture médiatique. Télévisions, radios, presse écrite… les confrères journalistes de la France entière ont témoigné leur solidarité et interrogé notre rédaction pour comprendre les faits.

L’écho médiatique donné à l’agression de Christian Lantenois est à la hauteur de l’émotion suscitée. Ce dimanche, à la découverte des faits, les téléphones de la rédaction de L’union et de L’Ardennais n’ont cessé de sonner. Le Journal du dimanche, M6, France 3, France Info, BFM TV, France Inter, Radio classique, France Bleu, Le Figaro et bien d’autres encore : nos confrères de la France entière nous ont sollicités pour témoigner de leur solidarité envers notre rédaction.

Ils ont également souhaité relayer largement l’information et relater les faits. L’enjeu ? Comprendre ce qui a bien pu se passer samedi alors que notre confrère était en reportage dans le quartier Croix-Rouge mais également interviewer les journalistes de la rédaction afin d’expliquer comment nous travaillons. Entre coups de fil, plateaux en direct, enregistrements, ce tourbillon médiatique a été aussi surprenant qu’intense.

Si ce genre de sollicitations est assez rare, il est très important pour nous d’y répondre favorablement. Il n’est pas simplement question de confraternité, mais de pouvoir porter à la connaissance du plus grand nombre de citoyens la gravité des faits commis. En expliquant, décryptant la façon dont nous travaillons au quotidien, en revenant sur l’émotion suscitée par cette agression ignoble, en donnant des nouvelles de notre confrère, nous souhaitions également éclairer les lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs sur la réalité de notre travail de journaliste de presse quotidienne régionale. Libre ensuite à chaque rédaction de monter son sujet, de solliciter les interlocuteurs qu’elle souhaite, de mettre les faits en perspective.

De notre côté, nous nous sommes contentés de faire notre travail de journalistes en ne relatant que les faits, en expliquant les zones d’ombre qui entourent cette agression, sans jamais émettre le moindre jugement. En toute humilité, et sans oublier ce qui fait le sel de notre métier : rigueur et proximité.

Géraldine Baehr-Pastor

Samedi maudit pour la presse d’Arnault Cohen

Dans un monde normal, il aurait dû prendre place au bord de la pelouse du stade Delaune à Reims, hier à 15 heures. Comme il le fait depuis bientôt trois décennies, cet amoureux de sport en général et de football en particulier avait rendez-vous avec les 22 acteurs du match Reims-Montpellier. Au lieu d’immortaliser avec son téléobjectif les plus belles actions de la rencontre, Christian Lantenois se bat contre la mort sur un lit d’hôpital.

La veille, ce photographe de L’union-L’Ardennais a été pris pour cible par des voyous dans un quartier sensible de Reims, alors qu’il ne faisait que son travail. Il accompagnait une consœur qui venait d’être alertée de coups de feu dans le quartier Croix-Rouge. Avant cela, il faisait des photos dans une déchetterie. Après, il prévoyait un reportage sur un producteur de champagne sans alcool, puis, le soir, la couverture de deux rencontres sportives. Ainsi va la vie d’un journaliste de presse quotidienne régionale (PQR). Dans une journée, ces femmes et ces hommes parcourent inlassablement leur territoire avec un stylo ou un boîtier à la main, afin de remplir la plus noble des missions : informer leurs concitoyens. Les journalistes de PQR n’ont d’autre vocation que raconter la vie des villages, des villes et des quartiers, de leurs habitants, de leurs acteurs économiques, culturels, associatifs, politiques. Ils ne sont pas censés mettre leur vie en danger. Or, lors de ce maudit samedi, ce photographe a croisé la route de « vauriens qui pourrissent la vie de nos quartiers » , comme a vivement réagi le maire de Reims, Arnaud Robinet.

Ce journaliste aguerri n’aurait pas aimé devenir le symbole malgré lui d’une liberté de la presse malmenée dans les quartiers sensibles. Il est plutôt le représentant de ces milliers de journalistes locaux qui ne comptent pas leurs heures pour témoigner, montrer, informer. Et s’il se bat aujourd’hui sur un lit d’hôpital, c’est pour retrouver la pelouse du stade Delaune… et tous les autres reportages à couvrir dans sa région.

Ce journaliste aguerri est devenu le symbole malgré lui d’une liberté de la presse malmenée dans les quartiers sensibles

Un enseignant de l’université s’inquiète des fractures dans la société

L’agression alimente les débats, à l’heure où la violence semble monter un peu partout. Nous avons sollicité à ce sujet Olivier Dupéron, enseignant en droit public à l’université de Reims, pour avoir son analyse. Bien sûr, ce dernier se veut prudent, tant que l’enquête n’a pas abouti. « Il est toujours difficile de dire des choses pertinentes dans ces moments-là, tout devient banal face à de tels faits » , dit-il.

Mais il admet que tous les observateurs ont constaté qu’une partie de zones du territoire semble incontrôlable. Ce dernier évoque le taux de pauvreté élevé. « On sait notamment que Croix-Rouge est l’un des quartiers avec le taux de pauvreté le plus élevé en France » , précise-t-il. Selon des chiffres de l’Insee de 2017, les populations les plus pauvres à Reims sont concentrées dans trois quartiers du sud de la ville : Pays de France-Est avec un taux de pauvreté de 64,8 % soit 1 247 personnes sur 1 924, Croix du sud-sud-ouest avec un taux de 63,6 %, soit 1 655 personnes sur 2 602 et Pays de France-Centre avec un taux de 57,2 % soit 1 137 personnes sur 1 988.

« Mais il y a aussi des choses formidables qui se passent dans ce quartier, à travers notamment la politique de la ville. Je ne voudrais surtout pas jeter l’opprobre sur ce quartier. » Croix-Rouge a bénéficié d’une rénovation urbaine notamment depuis une dizaine d’années. Mais les habitants ont souvent regretté des ravalements de façade, mais derrière, rien ne changeait… Ce sont souvent eux les premières victimes, ou otages, de ces violences. Témoins impuissants de l’évolution d’un quartier qui, à son origine, abritait une grande mixité.

« Il y a désormais des lieux où le droit a du mal à trouver sa place, on ne sait plus si c’est permanent ou si c’est par flambées » , poursuit Olivier Dupéron qui s’interroge aussi sur l’impact du confinement. « Ce confinement suscite des dérèglements psychologiques. L’impact peut encore être plus grand dans des quartiers déjà fragiles. » L’enseignant rappelle que l’université est présente dans ce quartier. « Cela pose la question de la manière d’y vivre, de la façon de s’y déplacer. » Le maître de conférences évoque encore un contexte politique étrange actuellement, « et qui devrait durer jusqu’à la présidentielle » . Une période où le rapport à l’autorité est de plus en plus compliqué. « On sent poindre chez certains jeunes un rejet de toute forme d’institution, service public, mais aussi journalistes. Un véhicule de presse, ça reste une institution. Et on se paie une institution. Une fraction de la société est vomie par une partie de la jeunesse. Et c’est inquiétant pour les périodes à venir, dans la recherche du vivre-ensemble. Il n’y a plus une fracture, mais des fractures dans la société. »

Et à ce sujet, Olivier Dupéron craint l’exploitation politique qui pourrait être faite de l’agression du journaliste de L’union. « Gardons-nous de tout commentaire péremptoire. Il faut laisser le temps à l’enquête, à la justice, même si on ne doit pas se montrer naïf face à la violence. »

Reporters sans frontières alerte depuis des années

Christophe Deloire est secrétaire général de Reporters sans frontières. Ce dernier dénonce des faits extrêmement graves. « On parle quand même d’une enquête pour tentative de meurtre d’un journaliste » , souligne-t-il. Ce qui est très rare en France. « On alerte depuis des années sur les violences verbales. Et des violences verbales, il y a la haine, et de la haine peut naître malheureusement ce type de tragédie. Il s’agit là d’une des agressions les plus terribles de ces dernières années. »

Ce responsable de Reporters sans frontières parle d’une violence qui est montante depuis quelque temps. « On l’a vue lors des récentes manifestations et notamment celles avec les gilets jaunes. On a quand même entendu des confrères dire que cela ressemblait à Bagdad, qu’ils se sentaient davantage en sécurité sur certains théâtres d’opérations de guerre que dans certains endroits en France. Il y a quand même eu une tentative de lynchage de journalistes » , sans parler de ceux qui ont été intimidés, insultés.

« Il faut attendre bien sûr les résultats de l’enquête, mais les choses ici sont allées encore plus loin. » Pour Christophe Deloire, il est temps « d’écouter l’alerte de Reporters sans frontières, de se pencher sur le problème et de trouver des solutions pour que les journalistes ne soient plus des cibles ». RSF exprime, par ailleurs, évidemment tout son soutien à notre collègue, à ses proches et à l’ensemble de la rédaction de L’union.

Yann le Blevec

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Des incendies de voitures

Plusieurs incendies de voitures ont amené l’intervention des pompiers, à Reims, notamment dans la nuit de samedi à dimanche. Vers 1 h 30, une voiture a ainsi pris feu au niveau de l’allée du Vignoble, dans le quartier Croix-Rouge. Vers 4 heures du matin, c’est rue des Sculpteurs-Jacques, toujours à Croix-Rouge, qu’une voiture a brûlé. Enfin, un feu de voiture a été bien remarqué dimanche vers 17 h 30 à Villers-Allerand, dans la côte, entre Reims et Épernay.

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insolite : Sacrée découverte à la déchetterie

Photo prise lors de l’agression de Christian Lantenois.
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Christian Lantenois a débuté à L’union au milieu des années 80.


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FAITS DIVERS : Enquête ouverte pour tentative de meurtre d’un journaliste L’un de nos confrères photographes a été grièvement blessé, hier, lors d’un reportage. Son pronostic

vital était engagé samedi soir. Le parquet de Reims a ouvert une enquête pour tentative de meurtre.

Ce samedi après-midi avait bien commencé. Le soleil réchauffait l’atmosphère de cette avant-dernière journée de février. À L’union, dans notre bâtiment flambant neuf de la zone Colbert, l’ambiance était détendue. À 14 h 30, Christian, notre confrère photographe, qui avait couvert la veille un match de basket, s’accordait une courte pause entre deux reportages. Sabine (*), l’une des journalistes de permanence, chargée des faits divers, allait enfin pouvoir déjeuner sur place ! Mais à peine s’est-elle éloignée du bureau que son téléphone a sonné, plusieurs fois de suite, de façon insistante.

Un habitant de Croix-Rouge voulait lui faire part de très fortes tensions dans le quartier. « Faut que j’aille sur place, il y a, paraît-il, un problème avec des bandes de jeunes » , dit-elle. « Je t’accompagne ! » , propose aussitôt Christian, ce passionné de terrain, toujours prêt à rendre service. « Je peux y aller toute seule » , insiste Sabine, en avançant qu’il faut se montrer prudent et se faire discret à Croix-Rouge quand les esprits s’échauffent. « Je vais d’ailleurs prendre la voiture banalisée pour ne pas me faire repérer » , lâche la jeune femme. Mais Christian, qui n’a jamais manqué de courage, insiste. Il a, lui aussi, pris la direction du quartier Croix-Rouge, dans une voiture aux couleurs de L’union.

En grande détresse, à côté de la voiture floquée L’union

Sur place, les deux reporters sont restés à distance l’un de l’autre, toujours dans un souci de discrétion. Ce qui s’est ensuite passé est très difficile à savoir, d’autant qu’il reste encore de nombreuses zones d’ombre et que l’enquête était loin d’être bouclée, samedi soir. Mais ce qui est certain, c’est que notre confrère photographe a été retrouvé en grande détresse, à côté de sa voiture, à proximité de la médiathèque Croix-Rouge.

« Il était 15 h 15 ou 15 h 30 quand je me suis garée sur le parking de la médiathèque , raconte Marie-Lyne F., une habitante de la Cerisaie, qui vient régulièrement à Croix-Rouge. Quand je suis sortie de mon véhicule, j’ai entendu des gémissements. C’est alors que j’ai découvert avec effroi votre photographe que je connais et que j’ai reconnu. Il était allongé au sol. La porte de la voiture L’union était ouverte. Au départ, j’ai cru qu’il avait eu un malaise mais un homme de 40 ou 50 ans qui se trouvait à côté de lui m’a dit qu’il avait été blessé par trois hommes qui étaient partis avec son appareil photo. » La femme poursuit : « Au bout d’environ vingt minutes, les pompiers puis le Samu sont enfin arrivés. Cela m’a paru une éternité ! » Matthieu Bourrette, le procureur de la République de Reims, s’est rendu sur place en milieu d’après-midi avec sa collègue de permanence. « Le pronostic vital de la victime est engagé » , a-t-il indiqué, en précisant qu’ « il est trop tôt pour avoir des informations précises sur ses blessures » . Reste que les enquêteurs ont tout de suite su qu’il ne s’agissait pas d’un accident. Matthieu Bourrette a d’ailleurs ouvert une enquête pour tentative de meurtre, laquelle a été confiée à la Sûreté départementale. Selon le procureur, les faits ont eu lieu vers 15 heures. Samedi à 19 heures, il n’y avait pas encore eu d’interpellation. « On vérifie tout » , a dit samedi soir Matthieu Bourrette, en faisant notamment référence aux caméras de surveillance installées dans le quartier. « Il semble que du matériel photo ait été détruit » , a-t-il ajouté.

Des coups de feu ?

À propos des rassemblements de jeunes qui ont été à l’origine du reportage à Croix-Rouge de Christian et Sabine, Matthieu Bourrette a indiqué que lorsqu’il s’est rendu à proximité de la médiathèque à 16 heures, il ne restait que « de petits groupes épars » .

D’après des témoignages qui ne peuvent pas encore être vérifiés par les enquêteurs, trois coups de feu auraient été entendus samedi dès 13 h 30, près du magasin Spar qui se trouve avenue Bonaparte, dans le secteur « Pays de France ». Un témoin dit avoir vu un automobiliste encagoulé tirer sur une voiture, sans faire de victime. C’est ce premier acte de violence qui aurait provoqué, une heure plus tard, le rassemblement d’une trentaine de jeunes, voire davantage, près de la médiathèque Croix-Rouge. Ces derniers auraient été vus avec des extincteurs, des barres de fer et de clubs de golf. Samedi soir, on a d’ailleurs appris qu’un directeur de magasin de Décathlon à Reims avait appelé la police pour signaler que des jeunes étaient récemment venus acheter un nombre impressionnant de clubs de golf…

* Nous avons utilisé un prénom d’emprunt afin de préserver la sécurité de notre consœur.

Les faits

Samedi 27 février, 14 h 30 , une rédactrice et un photographe sont alertés de fortes tensions entre bandes de jeunes dans le quartier Croix-Rouge.

Par mesure de précaution , les journalistes décident de partir séparément, à deux voitures, dont une banalisée.

Placé en retrait, le photographe est toutefois repéré par des individus qui l’ont agressé.

Le procureur de la République de Reims a ouvert une enquête pour tentative de meurtre.

Cette affaire a suscité une vague de réactions jusqu’au plus haut niveau de l’État.

Valérie Coulet

Contexte délicat depuis le début des vacances

Xavier Albertini, adjoint au maire de Reims en charge de la sécurité, livre le contexte régnant à Reims. « Depuis le début des vacances scolaires, voilà une semaine, marquées par le beau temps, de nombreux rassemblements de jeunes se tiennent sur le domaine public. Ces regroupements se soldent parfois par des affrontements, des rixes nécessitant l’intervention conjointe des polices nationale et municipale, alertées par la vidéo protection. De plus, pour prévenir ces affrontements, des forces de l’ordre sont aussi prépositionnées. Ce phénomène est démultiplié par le besoin de décompression après le confinement et en raison du couvre-feu. Ces rixes sont apparemment liées à des problèmes de territoires, parfois à la défense d’intérêts illicites. Ce sont souvent des jeunes de 13 à 17 ans, qui se rassemblent avant d’aller s’affronter avec un sentiment d’impunité quand la majorité des habitants de ces quartiers veut simplement vivre en paix. »

« La Ville, avec les bailleurs sociaux, les forces de l’ordre et la justice, réalisent un très important travail de fond, car nous ne pouvons pas reculer, sans quoi c’est notre République que l’on détruit. »

Un dingue de boulot

Qui s’est rendu à une rencontre sportive dans la Marne, l’Aisne et les Ardennes a sûrement croisé Christian Lantenois sans le savoir, tant il a couvert de matchs depuis le bord du terrain, boîtier en mains. Christian adore son métier de photographe de presse, notamment couvrir l’actualité sportive. C’est par cette porte qu’il a débuté à L’union au milieu des années 80, comme correspondant, avant d’être embauché en 1993. La photo, c’est sa vie, car avant d’entrer à L’union-L’Ardennais, il a travaillé dans un magasin de photo, puis pour un photographe, réalisant notamment les traditionnelles photos de classe dans les établissements scolaires. Il a d’ailleurs transmis sa passion à l’un de ses fils, Édouard, qui a aussi signé des clichés dans nos pages, étant désormais journaliste chez nos confrères du Progrès en région lyonnaise.

Né en juillet 1955, Christian aurait pu lever le pied après l’accident cardiaque qu’il a enduré en septembre 2018, devant le Parc des Princes à Paris, alors qu’il allait couvrir un match du Stade de Reims, « son » Stade de Reims, face au Paris Saint-Germain. Et, quatre mois seulement après ce lourd accident, il revenait, avec son boîtier et ses objectifs, à la rédaction pour couvrir l’actualité, sportive ou non, retrouvant en plus des journalistes de L’union et L’Ardennais, les collègues des autres médias locaux avec qui il entretient de solides amitiés.

Jovial, passionné, « dingue de boulot », toujours prêt à partir en reportage, surtout quand ce n’était pas inscrit au programme comme hier après-midi, Christian, c’est le photographe rêvé des rédacteurs, toujours en alerte pour aller immortaliser un événement et le livrer, à vous lecteurs, dans nos colonnes. Un témoin de notre société. Il en paye aujourd’hui, si injustement, le prix.

Frédéric Gouis

presse : Comment nous travaillons sur les faits divers

Même si nous ne sommes pas envoyés sur des conflits armés à l’étranger, une prudence et une attention soutenue sont nécessaires dans la couverture des faits divers locaux. Deux confrères détaillent les précautions prises sur le théâtre de ces événements afin de les relater.

Partir en reportage sur un fait divers, ce n’est pas aller relater un conseil municipal, une rencontre sportive ou l’inauguration d’un nouveau pont… Le fait divers vous fait parfois côtoyer la mort. Un accident routier, un homicide… Vous devez alors faire preuve de détachement, tenter de ne pas vous laisser envahir par l’émotion, pour relater les faits avec précaution et respect des victimes, sans tomber dans le voyeurisme.

Et puis, il est un autre type de faits divers, celui lors duquel vous pouvez devenir la cible. Pendant une manifestation, une rixe, une émeute. Fabrice Curlier, spécialiste des faits divers au sein de notre rédaction à Reims depuis le siècle dernier, s’entoure de précautions. « Déjà, je n’interviens qu’avec un véhicule non floqué au nom du journal. Ensuite, pour chaque quartier, j’ai des endroits tranquilles, à l’écart des endroits les plus chauds, où laisser le véhicule, pour éviter de me faire repérer. Je termine le trajet à pied jusqu’au lieu de l’incident. Forcément, je n’ai pas de carnet à la main ou de stylo, seulement un petit appareil photo dans une poche. Le but est de se faire le plus discret possible, de ne pas montrer que je suis journaliste. Après, je sais bien que les auteurs de faits divers ne sont pas bêtes. Depuis le temps, je les connais de vue, eux aussi me connaissent… »

Au-delà de ces prudences préliminaires, c’est ensuite sur le lieu de l’incident que Fabrice Curlier redouble de vigilance. « Je scrute pour savoir où sont placées les forces de l’ordre et les pompiers. Je me dirige alors vers eux pour bénéficier de leur protection en cas de problème. Après, s’ils ne sont pas encore arrivés, je regarde les attroupements. Je m’écarte bien sûr de ceux que je juge les plus inquiétants, me rapprochant à l’inverse de ceux constitués parfois par des familles et apparaissant plus calmes. »

Au fil des années, notre journaliste « faits-diversier », comme nous l’appelons dans notre jargon, mesure la situation. « Dans certains quartiers, il faut savoir que vous êtes dans un territoire où vous n’êtes pas le bienvenu, le risque y est permanent pour ceux qui arrivent de l’extérieur comme nous. Journalistes, nous sommes assimilés aux autorités, des collabos des forces de l’ordre… »

Autre point de vue, celui d’un photographe, cette fois-ci. Photographe à L’union depuis 1985, Hervé Oudin a aussi couvert des dizaines de faits divers. « Lors des émeutes à Bernon, un quartier d’Épernay, en 2010, ou à Vitry-le-François (en 2008), vous savez à l’avance que l’atmosphère est très chaude, que cela va être risqué. » Lui non plus ne sort alors pas son gros boîtier, ayant un petit appareil photo plus discret pour ne pas attirer l’attention.

Car, « dans ces quartiers difficiles, vous savez que, si c’est tranquille le matin, dès l’après-midi cela peu vite devenir dangereux car les journalistes sont considérés comme des voyeurs ». Une situation qui s’est aussi reproduite lors du mouvement des gilets jaunes : « C’était haro sur la presse, avec des situations parfois très tendues. »

Frédéric Gouis

Une charte pour les faits divers

Notre rédaction dispose d’une charte qui précise les modalités de traitement et de suivi des faits divers et de la justice. Ce document commun pose les grands principes auxquels les journalistes s’engagent et qui assurent une homogénéité et une équité dans le traitement des faits. Attitude sur le terrain, protection des sources, droit de suite… tous les aspects du reportage sont évoqués. Le document est en outre régulièrement réactualisé.

L’éditorial de Géraldine Baehr-Pastor et Carole Lardot, rédactrices en chef : Rien ni personne n’entravera notre volonté d’informer

La rédaction et la direction générale de L’union-L’Ardennais condamnent avec la plus grande fermeté l’agression inacceptable dont notre photographe, Christian Lantenois, a été victime ce samedi dans l’exercice de ses fonctions. Alerté d’une rixe dans le quartier Croix-Rouge de Reims, ce photographe chevronné, qui connaît parfaitement le terrain, s’est rendu sur place avec l’une de nos consœurs pour constater les faits et rendre compte du climat de tension qui règne dans la cité. Selon les premiers éléments dont nous disposons, il a été lâchement et violemment pris à partie alors qu’il se trouvait seul. À l’heure où nous bouclons ces lignes, son état de santé est extrêmement préoccupant. Nous lui apportons, ainsi qu’à sa famille, tout notre soutien et notre solidarité. Nos pensées vont également à notre consœur, choquée, qui était aux côtés de Christian quand les secours l’ont pris en charge. Cette agression n’est pas le fruit du hasard : voiture du journal repérée, appareil photo brisé, c’est bel et bien le journaliste qui était visé. Notre profession, pilier de notre démocratie, ne pliera pas face aux insultes, tentatives d’intimidation et autres pressions dont elle est régulièrement la cible. Rien ni personne n’entravera notre volonté d’informer, ni notre liberté d’agir et de rendre compte de l’actualité. Renoncer à ce reportage, c’était nier que la violence est une réalité que vivent 25 000 habitants de ce quartier. Renoncer à ce reportage, c’était fermer les yeux, abandonner un pan de territoire et ceux qui y vivent. Renoncer, c’était trahir la réalité, et faire tomber définitivement dans l’oubli le quotidien de milliers de citoyens. Nous ne renoncerons jamais à exercer notre métier. Depuis plus de 75 ans, nos journalistes sont sur le terrain pour témoigner de ce qu’ils observent. Rien ni personne n’entravera notre volonté d’informer, ni notre liberté d’agir, d’écrire, de penser et d’être l’un des garants de notre démocratie. Ce samedi, un pas de plus a été franchi dans l’inacceptable. Pour notre rédaction, cette réalité est insupportable. Une plainte va être déposée, nous espérons que les auteurs des faits seront rapidement identifiés, interpellés et condamnés.


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