Revue de presse sur le quartier Croix-Rouge - articles - décembre 2020.



Quelques articles ne proviennent pas du journal « L’union » ; l’origine est alors indiquée par le lien en tête d’article.

Les notes de bas de page [ ] sont du rédacteur.

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l’union 201231b
sécurité : Le couvre-feu à l’heure du contrôle

Ils se baladaient sans masque 5 minutes après le début du couvre-feu : les deux jeunes vont écoper chacun de deux amendes !Hervé Oudin
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La police était présente en force hier soir à Croix-du-sud pour faire respecter l’interdiction de circuler après 20 heures. Une manière de « border » la Saint-Sylvestre .

Quel est le nom de ton père ? Et le nom de famille de ta mère ? Où sont nés tes parents ? » Le contrôle de police va loin. Face à un cordon de six ou sept fonctionnaires, en uniforme ou en civil, deux jeunes dos au mur, qui ont eu le malheur de se balader sans masque, et après 20 heures. Dans le voisinage, sous les guirlandes de Noël qui scintillent sur fond de nuit, plusieurs véhicules estampillés police sont stationnés. D’autres groupes portant des uniformes bleus et des armes occupent le terrain.

Nous sommes sur l’avenue Léon-Blum, axe majeur du quartier Croix-du-sud. La police est en train de mener un contrôle du couvre-feu de grande ampleur en ce mercredi 30 décembre. « Ce soir une trentaine de policiers sont engagés », indique Valérie Saintoyant, sous-préfète, qui participe à l’opération. Bientôt, deux véhicules sont arrêtés à leur tour : « Vous avez tous une attestation de déplacement ? » interroge un agent, lampe de poche braquée vers l’intérieur d’un des habitacles.

Les policiers ce soir-là, ne se sont pas montrés très « coulants ». « Il était 20 h 05 quand nous sommes tombés sur ces jeunes » reconnaît Joseph Merrien, directeur départemental de la sécurité publique. Et les deux fautifs ne s’en tireront pas avec une simple réprimande : deux amendes de 135 euros pour chacun, une pour l’absence de masque, une pour la violation du couvre-feu, après bien entendu, un relevé de leur identité.

Certes, il s’agit bien de montrer que l’on ne badine pas avec les règles imposées par la crise sanitaire. Mais on comprend qu’il s’agit aussi de prévenir les habituels débordements de la Saint-Sylvestre toute proche.

Si Croix-du-Sud a été ciblé pour cette opération démonstrative, c’est notamment qu’il est repéré comme possiblement « chaud » lorsque l’année s’achève. « Demain soir (ce jeudi), ce genre d’opération sera intensifié, avertit la sous-préfète : 280 policiers et gendarmes seront mobilisés dans tout le département ; et ils n’hésiteront pas à intervenir en cas de plainte du voisinage pour tapage nocturne ! »

Baisse de la délinquance en décembre

Faut-il y voir une simple coïncidence, ou bien un des effets indirects du couvre-feu ? Toujours est-il que la préfecture a constaté une baisse de la délinquance (en tout cas de certaines de ses formes) en ce mois de décembre 2020, par rapport à celui de 2019.

À Reims, en zone police donc, les chiffres bruts sont les suivants : -5% sur la délinquance générale ; -50% sur les AVIP (atteintes volontaires à l’intégrité physique) ; -45% sur les cambriolages ; -50% sur les vols avec violence. Pour l’adjoint au maire chargé de la sécurité Xavier Albertini, il y a forcément un rapport de cause à effet entre ces diminutions et l’interdiction des déplacements à partir de 20 heures.

À l’inverse, c’est une augmentation qui est constatée sur le trafic et l’usage de stupéfiants ; mais ceci peut s’expliquer par plusieurs opérations menées par les forces de police dans ce domaine ; on se souvient notamment des deux coups de filet effectués début décembre dans le quartier Croix-rouge, notamment au 43, rue Newton. Autre augmentation : celle des infractions sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Là, c’est l’ambiance générale de début décembre en France, très anti- violences policières , qui peut contribuer à expliquer la chose. En zone gendarmerie, la tendance sur les atteintes aux biens est elle aussi à la baisse : -20%, dont -26% pour les cambriolages ; et -14% sur les AVIP.

L’ESSENTIEL

Dans sa nouvelle version , de 20 heures à 6 heures, le couvre-feu est en vigueur depuis le 15 décembre.

Une ample opération de contrôle du respect de cette mesure était effectuée hier soir dans le quartier Croix-du-sud de Reims.

C’était aussi une façon de prévenir les habituels débordements de la St-Sylvestre.

Possible effet du couvre-feu : les chiffres font apparaître une diminution de la délinquance pour ce mois de décembre.

Antoine Pardessus

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l’union 201231a
politique : Les nouveaux conseils de quartier en question

Les conseils de quartier ont plus de 18 ans d’existence. La municipalité entend en modifier les contours… pas suffisamment selon l’opposition. Archive Remi Wafflart
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Alors que s’annonce une refonte des conseils de quartier, le Groupe Faisons respirer Reims espère d’autres ajustements pour une plus grande démocratie locale.

Lors du dernier conseil municipal, Charles Germain, adjoint au maire délégué à la Concertation, à la vie associative et aux maisons de quartier, avait présenté le nouveau dispositif relatif aux conseils de quartiers rénovés. Deux grands objectifs selon lui : toucher le plus de Rémois possibles et les faire travailler sur « des sujets plus variés » (L’union du 18 décembre), sachant qu’après 18 ans d’existence, il y avait « une envie de moderniser et d’améliorer ces conseils de quartier ».

Des points à améliorer, afin que la démocratie locale s’exprime pleinement

Si ces conseils de quartier vont intégrer un concept plus large sous l’appellation « Inventons le Reims d’après, donnez vie à vos idées » et permettre à tous de s’exprimer, Dominique Ledemé, Groupe Faisons respirer Reims (Génération-S), tout en saluant « le travail de réflexion qui a été mené et qui aboutit à des propositions qui tiennent compte en partie des avis émis par les personnes consultées dont notre groupe », a estimé que les décisions prises « ne sont pas suffisantes pour redynamiser la participation active des rémoises et des rémois, participation faible dans l’ancien dispositif, participation faible au moment des élections municipales. Et nous savons tous que c’est un enjeu d’importance pour l’avenir de notre ville et de toutes les institutions ». Et de relever quelques points « à améliorer », afin que la démocratie locale s’exprime pleinement.

1 Périmètres

Les périmètres retenus pour les quartiers ne permettent pas, selon lui, la mise en place de véritable espace de participation citoyenne. « Maintenir 12 conseils de quartier, c’est considérer qu’un conseil peut fédérer l’expression et animer le quotidien de plus de 16 000 personnes. Et dans certains quartiers, bien plus…(le périmètre du conseil de quartier Croix rouge – Hauts de Murigny correspond, en nombre d’habitants, à la ville d’Epernay). Certains regroupements de quartier renvoient à des réalités bien différentes tant au regard de l’histoire qu’à celui de la nature de l’habitat. Leur étendue fait que les habitants ne se connaissent pas. La création d’ateliers participatifs peut répondre à la volonté d’associer les habitantes et les habitants. Par contre le souhait de les rendre commun à plusieurs quartiers ou à l’ensemble de la ville risque d’avoir un effet contraire si une attention n’est pas portée à la présence et à la prise en compte de l’expression de chaque quartier. »

2 Budget

« L’absence de moyens contribue à l’absence d’implication , estime l’élu. Le budget participatif n’est pas une obsession idéologique, c’est la traduction d’une confiance de la municipalité envers les citoyennes et les citoyens qui acceptent de s’engager dans la vie de la cité. » Et de déplorer qu’au cours des derniers mandats, toute action envisagée par un conseil de quartier « ne pouvait pas être mise en place sans l’aval et la participation des élus et des services municipaux. Ce sera encore le cas dans le dispositif qui nous est présenté. De nombreuses municipalités, pas toutes de gauche, ont expérimenté avec succès le budget participatif sur appel à projet ou non. Une meilleure implication des habitantes et des habitants y est constatée ».

3 Proximité

Dans ce nouveau dispositif, la place des habitants resterait « incertaine » selon Dominique Ledemé. « La démocratie de proximité nécessite que nous allions au-devant des personnes, chose faites par la mise en place de la plateforme et de la borne interactive. Mais pour qu’un citoyen soit actif, il faut qu’il puisse être un acteur de plein exercice. Si nous pouvons apprécier que la présidence du comité de coordination soit accordée à un habitant, nous restons dans l’expectative quant au choix des habitants qui siégeront dans ces comités de coordination et quant à leur capacité d’exister face aux acteurs institutionnels et associatifs qui seront aussi nombreux qu’eux. En effet la prise de parole, l’exposé d’une idée qui peut devenir projet… n’est pas toujours facile quand on se trouve en face d’un élu, d’un représentant de la police ou du directeur de l’école où sont scolarisés les enfants. » Et de souligner l’importance de créer « un espace où les habitants pourraient se retrouver seuls pour échanger sans rapport d’autorité ».

L’articulation avec d’autres instances reste, selon lui, à définir, notamment avec les maisons de quartier, les conseils de citoyens… Autant de questions sans réponse pour le Groupe d’opposition qui s’est abstenu de voter la délibération.

Caroline Garnier

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l’union 201230a
Solidarité : La Chaîne d’Amandio a joué les pères Noël

En remettant leur dessin au père Noël, les enfants ont reçu un beau cadeau.
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Les bénévoles de la Chaîne d’Amandio ont gâté des familles de quartiers de Reims dans le besoin.

Depuis qu’elle a officiellement repris du service, en février dernier, la Chaîne d’Amandio, cette association créée par une assistante maternelle aquatintienne pour venir en aide aux familles dans le besoin, ne chôme pas. Pour les fêtes, malgré le confinement, elle était plus que jamais décidée à maintenir son « Noël pour tous », 4 e du nom. Sauf que cette fois, point de rencontre chez les particuliers. Covid oblige, c’est dans la rue que les festivités ont eu lieu.

Samedi 26 décembre, 11 heures. Direction Croix-Rouge où les premières familles attendaient les bénévoles et le père Noël, qui avait pris place dans la fourgonnette. Les quartiers Châtillons, Wilson, et enfin Europe, étaient aussi au menu de cette tournée de cadeaux et de réconfort, en cette fin d’année difficile. Des quartiers dans lesquels la Chaîne d’Amandio suit déjà des familles qui ont besoin d’aide. « On leur a donné rendez-vous, et le bouche-à-oreille a fait son travail : d’autres gens se sont inscrits », se réjouit Coco Alves, la présidente-fondatrice, avec son époux et une amie, de la Chaîne, à retrouver sur Facebook. « 140 enfants ont reçu des jouets, offerts par des particuliers, contre un dessin remis au père Noël, précise-t-elle. On avait lancé un appel aux dons début novembre. Et commencé à démarcher des sponsors pour nous soutenir. » Parmi eux, PicWic Toys à Thillois, qui a fourni le papier servant à emballer les cadeaux, Carrefour Tinqueux, qui a glissé 40 kg de chocolats dans les paquets, de même que Buffalo Grill, généreux avec ses nombreux goodies et bons de réduction. « On a récupéré des cartons dans des grandes surfaces, dans lesquels on a mis un jouet, un livre, un doudou et des bonbons. On était sept bénévoles pour tout emballer. On a commencé il y a près de deux mois ! Il y en a eu, du travail… » Mais ça valait le coup. Coco et ses acolytes ont ressenti énormément de bonheur durant cette journée. « Les mamans ont beaucoup souffert du confinement. Elles se sont vraiment senties isolées cette année. Elles ont eu du mal à nous laisser partir… »

Alors pour prolonger un peu cette bouffée d’oxygène, Coco Alves a eu l’idée, pendant ce « Noël pour tous », de faire un autre geste à leur égard : leur offrir un panier douceur (lire par ailleurs), sorte de « petite médaille » pour récompenser toutes ces mamans « au top pendant cette année difficile » .

Marion Dardard

Des paniers douceur pour les mamans

Noël se poursuivra un peu cette année pour une bonne vingtaine de mamans – « et nos quatre papas solos ! » – croisées par l’équipe de Coco Alves lors du Noël pour tous. En janvier, elles recevront des paniers douceur concoctés tout spécialement pour elles, par thème. Campagnard, avec un gros sac et une bouteille (sans alcool) ; « so chic », contenant des bijoux fantaisie ; « so zen », avec brosses massantes bien-être ; « charme » avec produits girly… Grâce, une fois encore, à la générosité des particuliers via la Chaîne d’Amandio sur Facebook, les « mères courage » seront gâtées en janvier. « Elles m’ont fait part de leur mal-être. L’idée d’un panier est née à ce moment-là. C’était une année chargée en sentiments. Elles se sont retrouvées coincées, car elles n’avaient pas la bonne carte pour faire du Click & Collect ; car leur gazinière est tombée en panne et qu’elles n’avaient personne pour les aider ; parce qu’il a fallu faire l’école à la maison. Je veux leur dire que ce sont des guerrières, que je les aime, qu’elles font un super boulot ! » Elle n’a pas encore distribué ses paniers, que Coco Alves est déjà en train de démarcher les grandes enseignes pour obtenir quelques galettes des Rois. Histoire d’apporter encore un peu plus de douceur après les fêtes.

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l’union 201226a
Deux jeunes tabassés par une bande à la sortie d’un drive

Les faits remontent à mardi soir. Vers 18 h 30, deux adolescents de 14 ans qui venaient de prendre un plat à emporter au Quick de Croix-Rouge ont été agressés par une bande d’individus qui les ont roués de coups et volé un téléphone portable.

Témoin des faits, un automobiliste s’est arrêté pendant que les agresseurs se dispersaient dans le quartier. Il a lui-même transporté les deux adolescents à l’hôpital. L’une des victimes, frappée de plusieurs coups de pied dans les côtes, a dû être hospitalisée.

Les deux garçons sont originaires du quartier Orgeval. Est-ce pour cette raison qu’ils ont été pris à partie, après avoir été reconnus par d’éventuels rivaux de Croix-Rouge ? Ou bien s’agit-il d’une coïncidence ? L’audition des victimes – qui n’a pas encore eu lieu – permettra peut-être de répondre à cette question. Les agresseurs sont jeunes eux aussi, entre 14 et 17 ans selon le témoin.

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l’union 201219a
Société : Des pères Noël solidaires au secours des parents pauvres

La belle, la bête et la boîte. Sous la sculpture « King-Duck », à Reims, un conteneur pour collecter des jouets qui seront offerts aux enfants. Christian Lantenois


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Particularité de la distribution de cadeaux, des contributions (minimes, de 1 à 3 €), sont demandées aux familles. « C’est une participation solidaire et un moyen pour qu’elles aient conscience que rien n’est gratuit », explique le Secours populaire de la Marne. Christian Lantenois
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Le Covid a aggravé encore la pauvreté. À l’approche de Noël, davantage de parents n’ont pas de quoi offrir un cadeau à leurs enfants. Des structures les aident, comme les pères Noël verts du Secours populaire.

Herica Bakoyan patiente près des étagères remplies de jouets. Son mari doit l’attendre sur le parking du Secours populaire de Reims, car les mesures sanitaires empêchent d’être deux pour choisir les cadeaux. Herica est venu du quartier Croix-Rouge afin d’en trouver un pour Ashot, son petit dernier. « C’est pour Noël, mais il a 7 ans aujourd’hui, donc on lui offrira peut-être pour son anniversaire. » Ses trois aînés ont plus de 11 ans, âge à partir duquel les pères Noël verts n’offrent pas de cadeau, « pour qu’il y en ait assez pour tous les autres » . Pour Ashot, sa mère cherche une « voiture Cars » , « c’est ça qui lui ferait le plus plaisir » .

Le temps que la maman devant elle fasse son choix, Herica, 36 ans, brosse le tableau d’un quotidien précaire. « Je viens ici depuis trois ans, mais cette année c’est pire. On ne peut pas acheter des cadeaux pour tout le monde, on n’a pas assez. Avec le Covid, c’est plus difficile d’avoir du travail. On est huit à la maison, avec les enfants et deux grands-parents, et presque sans ressources. »

Une voix l’interrompt : « Bonjour Madame ! Vous allez être accompagnée par un père Noël vert… » C’est en fait une mère Noël couleur sapin qui vient à sa rencontre. Un peu de gel sur les mains, et bienvenue dans la salle aux trésors : une pièce aux allures de magasin, où près de 150 jouets sont entreposés, avec des affiches « Fille » et « Garçon ». Entre poupées, puzzles ou jeux de société, Herica hésite finalement, alors que des mamans attendent leur tour. Soad cherche de quoi égayer le Noël de Sirine et Wafa, 6 et 9 ans. « Cela m’aide beaucoup pour leur offrir un cadeau. Des fois je peux acheter, des fois non. Cette année, avec la crise, c’est bien plus difficile. » Quelques minutes plus tard, elle repart avec deux boîtes roses : des rollers pour la petite et des bracelets pour la grande. Fatoumata, 31 ans, suit à son tour les flèches au sol. Quatre de ses cinq enfants ont moins de 10 ans. Au pied du sapin, ils auront droit à des voitures, une poupée et du maquillage. « Chacun doit avoir un cadeau, sinon ce sera la bagarre à la maison ! » Elle part les bras chargés, mais la distribution n’est pas finie pour autant : comme les autres, elle enchaîne avec l’aide alimentaire.

Après les jouets, les colis festifs

Pour cause de Covid, l’organisation a été revue pour « fluidifier au maximum » , explique Jean-Marie Bertin, cadre du Secours populaire marnais. À l’étage, une seconde salle de jouets, quasi-identique, accueille ainsi les parents ; ces derniers (quasiment que des mamans, lors de notre reportage jeudi) doivent venir seuls, sur rendez-vous ; et la distribution des « colis festifs » (des denrées agrémentées de plats de Noël) a lieu en même temps que celle de jouets. Dans les locaux récents du Secours populaire, tout est parfaitement huilé, jusqu’au retour sur le parking, où des épicéas offerts par la mairie sont proposés aux familles, ainsi que des jouets d’occasion.

Assurée par une trentaine de bénévoles, la distribution va se poursuivre jusqu’au 24 décembre. Si 200 habitants de Croix-Rouge en ont profité jeudi, des centaines de parents d’autres quartiers ont rendez-vous dans les jours à venir. « On s’attend à faire un cadeau à 2 500 enfants dans la Marne, dont plus de 1 500 à Reims » , estime Jean-Marie Bertin, qui évoque une hausse globale de 36 % des demandes dans le département depuis le printemps.

La demande n’a jamais été si importante

Dans ce contexte, les pères Noël verts (couleur de l’espoir), créés en 1976, ont du pain sur la hotte. Selon une étude de l’Ifop, 20 % des parents ne pourront pas, cette année, offrir de cadeaux à leurs enfants ; et 14 % d’entre eux se tournent vers les associations pour les aider. Le Secours populaire en fait partie : Houria Tareb, sa secrétaire nationale, déclarait récemment à l’AFP que « la demande n’a jamais été si importante » .

Le plus délicat pour le Secours populaire est d’y faire face, alors même que la crise sanitaire a stoppé ses principales sources de recettes, comme les brocantes. « On estime à plus de 100 000 € notre manque à gagner depuis le printemps , chiffre Jean-Marie Bertin. Mais comme il est hors de question qu’un enfant n’ait pas de cadeau à Noël, nous avons dû être inventifs. Nous avons beaucoup fait appel aux entreprises et aux comités d’entreprise, dont celui de L’Union (don de huit trottinettes, ndlr). Des communes et une dizaine d’établissements nous ont remis des jouets neufs. Enfin, on a acheté des cadeaux sur nos fonds propres… » Père Noël jusqu’au bout.

À Reims, les drôles de bêtes du Toy’s tour collector

La cité des sacres est la deuxième ville de France, après Saint-Quentin, à accueillir, jusqu’au 4 janvier, une collecte géante de jouets, baptisée « Toy’s Tour collector ». Des sculptures de l’artiste rémois Angelo Lembo, étonnants croisements de bêtes sauvages et de personnages de dessins animés ou de BD, sont exposées, sur des conteneurs dédiés à la collecte de jouets. Les habitants peuvent les déposer à l’intérieur. Une fois nettoyés et réparés si nécessaire, les jouets sont transmis à la Croix-Rouge, qui les offrira aux enfants. Cinq lieux publics accueillent ce surprenant parcours caritatif : les Hautes Promenades (avec « King-Duck »), la place d’Erlon (« Dino-Lego »), la place du Forum (« Plutor »), la place Museux (« Big-Mouse ») et le parvis de la gare (« Oberarix », ce dernier ne pouvant accueillir de dons pour des raisons de sécurité).

L’aide bienvenue de la CAF

Devant l’aggravation de la précarité et la hausse du nombre de personnes aidées, la CAF de la Marne vient d’attribuer deux subventions, de 45 000 € chacune, au Secours populaire et aux Restos du cœur. Objectif : « Soutenir leur action auprès des plus démunis et leur permettre de reconstituer les stocks ».

Dossier réalisé par Guillaume Lévy

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l’union 201218b
Conseil municipal : Nouvelle formule pour les conseils de quartier

Parmi les choses qui ne changent pas, selon Charles Germain : le nombre de conseils (douze) et leur périmètre géographique.
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La municipalité va mettre en place un nouveau dispositif. Objectif : permettre à tous de participer.

Les conseils de quartiers existent à Reims, depuis 18 ans. Lors du premier mandat, ce sont plus de 889 réunions qui ont donc représenté la démocratie locale. Il y avait une envie de moderniser et d’améliorer ces conseils de quartier. » Lundi soir, lors du conseil municipal, Charles Germain, adjoint au maire de Reims délégué à la Concertation, à la vie associative et aux maisons de quartier a présenté le dispositif es conseils de quartier rénovés . Deux grands objectifs : « Toucher le plus de Rémois possibles et les faire travailler sur des sujets plus variés. »

La municipalité a donc lancé une large consultation auprès d’anciens conseillers de quartier, des directeurs des maisons de quartier, a regardé ce qui se passait dans d’autres grandes villes de France.

D’abord, ce qui ne change pas : le nombre de conseils (12) et leur périmètre géographique. « Il y a cette idée nouvelle que tous les Rémois peuvent participer, peuvent proposer des sujets de réflexion », indique Charles Germain. « Il faut vraiment travailler en mode projets autour d’ateliers participatifs et de réunions publiques d’échanges avec les habitants, et en cas de besoin avec des techniciens, avec des élus. Des comités d’organisation vont être créés afin d’organiser la concertation. Ils seront à la fois composés d’habitants et d’acteurs institutionnels (des représentants des Maisons de quartier, des bailleurs sociaux, du milieu scolaire et universitaire, d’associations, de commerçants, de la police nationale). »

Inventons le Reims d’après, donnez vie à vos idées

Ces conseils de quartier vont intégrer un concept plus large sous « l’appellation Inventons le Reims d’après, donnez vie à vos idées » , fait savoir Charles Germain. « Nous mettons en place de nouveaux outils ».

Les conseils de quartiers seront ainsi dorénavant « ouverts à tous les habitants qui souhaitent participer à la réflexion sur les sujets et projets qui les intéressent ».

La municipalité souhaite étendre les balades de quartier, (très prisées lors des conseils de quartier) : « ça fonctionne très bien et permet de recueillir l’expertise d’usage des habitants ».

Mais aussi multiplier les réunions maire /habitants comme ce fut parfois le cas lors du premier mandat au cours de réunion du conseil de quartier. « Elles permettent de présenter les projets et d’échanger sur des sujets de proximité. » Les premiers ateliers devraient être organisés courant du mois de mars, « si l’évolution de la crise sanitaire le permet ».

Douze conseils de quartier

Le découpage actuel est maintenu. Il s’agit donc des conseils de quartier Barbâtre/Saint-Remi et Verrerie ; Bois d’Amour/Courlancy/Porte de Paris ; centre-ville ; Cernay/Epinettes/Jamin/ Jaurès ; Charles-Arnould/Clairmarais ; Châtillons ; Chemin-Vert/Clemenceau/ Europe ; Croix-Rouge/Hauts-de-Murigny ; La Neuvillette/Trois-Fontaines ; Laon/Zola/Neufchâtel et Orgeval ; Maison-Blanche/Sainte Anne/Wilson ; Murigny.

Les Rémois, acteurs du Reims d’après

La municipalité souhaite associer davantage les Rémois dans la vie de la cité. Avec une ligne directrice : « rendre la démocratie participative plus simple d’accès et plus souple dans son organisation afin de toucher plus d’habitants, sur plus de sujets ».

En plus, de moderniser ses conseils de quartier, la Ville pérennise la plateforme numérique Inventons le Reims d’après créée pendant le confinement. Elle va d’ailleurs s’enrichir avec un appel à idées, la possibilité de s’inscrire aux ateliers de concertation, des mini-sondages en ligne, l’actualité sur les concertations, des vidéos en ligne, des restitutions d’ateliers ou des podcasts. Des bornes interactives seront présentes dans divers lieux de vie pour « solliciter les Rémois sur des questions, leur faire part du dispositif » . La municipalité compte aussi mettre en place la caravane de la concertation qui va sillonner les quartiers afin de présenter le nouveau dispositif, échanger avec les habitants, « pour recueillir les bonnes idées » , énumère Charles Germain. Par ailleurs, des boîtes à idées seront aussi disposées au sein des maisons de quartier, des mairies de proximité pour que tous les Rémois puissent partager une idée.

Aurélie Beaussart

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l’union 201218a
Des médiathèques et bibliothèque rouvrent

 

 

 

Les médiathèques Jean-Falala, Croix-Rouge et Laon-Zola et la bibliothèque Carnegie ouvrent à nouveau leurs portes au public à partir du mercredi 16 décembre. Les modalités d’accueil sont adaptées à la situation sanitaire. Outre le port du masque, le lavage de mains et la distanciation, des jauges ont été mises en place, il n’y a pas d’espace cafétéria, ni d’animation ou d’activité de jeu et d’écoute/visionnage sur place. Cependant, les usagers retrouveront le plaisir de flâner dans les rayonnages et de choisir en direct leurs lectures, leur musique ou leurs films, avec les conseils avisés des bibliothécaires.

Les bibliothèques Holden, Saint-Remi et Chemin-Vert poursuivent leur service de bibliodrive et la tournée du bibliobus est à l’arrêt.

 

 

 

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l’union 201217c
L’un des suspects écroués dans un trafic de drogue remis en liberté

Le 8 décembre, les policiers du SRPJ et de la sécurité publique de Reims ont interpellé une demi-douzaine de personnes lors d’un coup de filet qui visait un trafic de stupéfiants établi à Croix-Rouge, dans le secteur de la place Georges-Braque.

Au terme des gardes à vue, trois des suspects ont été mis en examen et écroués (L’union de lundi) : deux sous le régime de la détention provisoire, le troisième dans l’attente du débat sur sa détention, reporté à la demande de son avocat, M e Pascal Ammoura, pour lui permettre de préparer sa défense.

Ce débat s’est déroulé mardi après-midi. Visiblement, les arguments de l’avocat ont convaincu car son client, Abdoulaye Sissoko, 20 ans, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec plusieurs obligations à respecter (ne plus résider à Reims, travailler ou suivre une formation, ne pas contacter un certain nombre de personnes, etc.).

L’absence d’antécédents judiciaires – contrairement à ses co-mis en examen – est un élément qui a sans doute pesé en faveur du jeune homme.

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l’union 201217b
Sandwich et lampadaire percuté

Une collision en chaîne s’est produite mardi à 17 h 30 sur le boulevard Marcellin-Berthelot. Elle impliquait trois véhicules circulant dans le même sens : deux Kangoo qui ont pris en sandwich une Peugeot 206. Seuls des dégâts matériels ont été déplorés.

Plus tard à 21 h 30, ce même soir, un automobiliste a perdu le contrôle de sa voiture rue Joliot-Curie. Elle s’est immobilisée après avoir heurté un plot en béton, un lampadaire et un véhicule en stationnement. Le conducteur est indemne, son auto un peu moins.

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l’union 201217a
Voitures et poubelle incendiées

Mardi matin à 3 heures, une Ford et une Peugeot ont brûlé rue François-Dor. Les flammes ont endommagé une Fiesta. Dimanche à 20 h 30, une poubelle a été incendiée dans un local de la rue des Savoyards.

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l’union 201214a
Faits divers : Sale temps pour le deal de rue à Croix-Rouge

Image extraite d’un clip de rap tourné l’an dernier dans le hall du 43 Newton et qui vantait la bonne qualité du cannabis vendu sur ce lieu de deal : les policiers y ont débarqué le 1er décembre. Une semaine plus tard, nouveau coup de filet, cette fois-ci place Georges-Braque.
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Au 43 rue Newton, si certains habitants n’ont pas remarqué grand-chose, d’autres ont apprécié l’intervention de la police. Remi Wafflart
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En une semaine, deux coups de filet ont visé des points de vente de cannabis à Croix-Rouge. Coïncidence du calendrier mais même volonté de lutte contre le trafic de stupéfiants.

Jamais deux sans trois, dit l’adage. Pas fous, les policiers de Reims se gardent bien de dire s’ils vont récidiver dans les jours à venir, mais en l’espace d’une petite semaine seulement, ils ont déjà pas mal plombé l’ambiance du deal de rue à Croix-Rouge, dans le sous-quartier Croix-du-Sud.

Après un premier coup de filet qui a fait le ménage le 1 er décembre au 43 rue Newton (L’union du samedi 5 décembre), une seconde opération déclenchée mardi matin a visé un autre point de deal réputé du secteur, celui de la place Georges-Braque. Une demi-douzaine de suspects ont été interpellés et trois d’entre eux écroués après leur présentation vendredi au parquet (lire ci-dessous).

Huit incarcérations

Une semaine plus tôt, le coup de filet Newton avait été suivi de cinq incarcérations lors d’un renvoi de comparution immédiate. Le groupe sera jugé le 12 janvier, en compagnie d’un sixième prévenu laissé libre sous contrôle judiciaire tandis qu’un septième – le seul à avoir reconnu sa participation au trafic – a accepté d’être condamné en plaider-coupable à sept mois de prison dont trois mois ferme aménageables.

Ces deux opérations menées coup sur coup font un peu tapis de bombes sur les trafiquants de Croix-du-Sud, mais « elles n’ont aucun lien entre elles, si ce n’est qu’elles concernent des points de deal dans un même quartier » , réagit le procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette. L’occasion, pour le magistrat, de rappeler sa « volonté constante de lutter contre le trafic de stupéfiants et de la nécessité de travailler sur des enquêtes au long cours » , en complément de la « pression quotidienne » qu’exercent les unités de terrain pour perturber le deal.

Soixante clients par jour

« Il y a plusieurs façons d’agir contre le trafic de stupéfiants, du simple flagrant délit d’usage à la mise en œuvre de très gros dossiers avec objectif d’identification des têtes de réseaux. Et puis il y a ces dossiers intermédiaires qui consistent à identifier un lieu de vente, son gérant, les salariés et la clientèle pour parler comme dans le commerce, car c’en est un. Ces deals de rue ne sont pas anodins. Ils génèrent un nombre important de clients et des rentrées d’argent qui alimentent l’économie souterraine. »

Dans l’immeuble du 43 Newton, « guetteurs » , « rabatteurs » et « vendeurs » recevaient le chaland à partir de 11 h 30, jusque tard le soir, sept jours sur sept. Place Georges-Braque, les surveillances ont permis de compter un client toutes les dix minutes en moyenne, « six par heure, 60 à la journée » . Peu de stupéfiants ont pourtant été saisis lors des perquisitions (300 grammes de résine dans l’affaire du réseau Newton). En pareil cas, la défense y puise un argument pour contester l’importance du trafic tandis que l’accusation rétorque que les dealers savent y faire pour disperser la marchandise.

Il y a d’abord la pratique des « nourrices » , « gardes-drogue » à domicile moyennant rémunération, mais pas que. « Au fil des dossiers, nous avons constaté des évolutions de comportement dans la gestion des stocks » , souligne Matthieu Bourrette. « Pour reprendre une expression commerciale, disons que les trafiquants préfèrent maintenant travailler à flux tendus. » Se faire prendre avec de faibles quantités permet en effet de limiter les coûts, en amende et mois de prison.

Le montant des espèces saisies reste lui aussi relativement modeste, certes 5 000 euros s’agissant du réseau Georges-Braque, mais cette somme est sans commune mesure avec ce que le trafic est supposé avoir dégagé depuis décembre 2019, date du début de l’enquête confiée au SRPJ de Reims quelques semaines seulement après un précédent coup de filet ayant ciblé le même point de vente… Treize personnes y avaient été interpellées les 26 et 27 novembre 2019 par leurs collègues de la sécurité publique (lesquels ont travaillé six mois sur le réseau Newton avant la descente du 1 er décembre).

Coups de feu, coups de couteau

« Au 43 » , comme le chante le refrain d’un clip de rap tourné l’an dernier, plusieurs locataires se félicitent du calme retrouvé (lire ci-dessus), mais pour combien de temps, là ou ailleurs ? Déjà, au 45 Newton, des allées et venues suspectes sont signalées. Le procureur ne se fait pas d’illusion. « Nous savons qu’un trafic chasse l’autre, qu’un trafiquant chasse l’autre. Lutter contre les stupéfiants, c’est comme pousser la pierre de Sisyphe qui n’en finit pas de retomber et de rouler, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Il faut continuer de pousser cette pierre car le trafic de stupéfiants, c’est la mort, physique ou sociale. Ses conséquences sanitaires sont énormes, il induit des actes de délinquance – vols, agressions, extorsions – liés au besoin de financer une consommation et tout cet argent obtenu de façon frelaté par les trafiquants est à l’origine d’un certain nombre de faits de violences entre bandes, de règlements de comptes. »

Place Georges-Braque, justement, la vie n’est pas toujours un fleuve tranquille. En septembre dernier, un mineur de 17 ans s’est pris trois coups de couteau au mollet lors d’une rixe impliquant 20 à 40 individus tandis qu’un soir de décembre 2019, une embrouille au bas des immeubles se terminait par des coups de feu qui faisaient sursauter tout le voisinage. À l’arrivée de la police, les belligérants avaient tous disparu… en abandonnant sur place une certaine quantité de cannabis.

Cannabis, Carambar et chocolat

Une demi-douzaine de personnes ont été interpellées le mardi 8 décembre par le SRPJ de Reims, dans le cadre de l’enquête ciblant le point de vente de la place Georges-Braque. Au terme des gardes à vue, trois d’entre elles ont été présentées vendredi à la justice et écrouées après avoir été mises en examen pour trafic de stupéfiants. Si Abdoulaye Sissoko, 20 ans, n’était pas encore connu des magistrats, il en va différemment des deux autres.

Six mentions sont inscrites au casier judiciaire d’Osman Merdji, 21 ans, dont quelques-unes pour des infractions à la législation sur les stupéfiants. Il faisait d’ailleurs partie des treize jeunes gens interpellés lors du précédent coup de filet mené en novembre 2019 place Georges-Braque. Il avait alors écopé d’une peine d’amende, en raison d’un rôle jugé subalterne. Cette fois-ci, il est soupçonné avec Abdoulaye Sissoko d’avoir constitué « le binôme » qui aurait géré le trafic démantelé la semaine dernière, ce que tous les deux contestent.

Décrit comme un élément gravitant autour du « binôme » , le troisième mis en examen, Alan Galleze, 24 ans, accuse plusieurs condamnations en lien avec les stupéfiants, mais « du petit stup, pas de trafic » , a souligné son avocate lors du débat sur la détention. Mardi, lors de son arrestation, il portait un bracelet électronique à la cheville, libéré cet été après deux années d’incarcération pour finir de purger sous ce mode aménagé les dernières de ses seize condamnations (des vols aggravés). Lui aussi conteste toute participation au trafic de cannabis, mais reconnaît avoir profité de ses visites place Georges-Braque pour rouler des clients : il en recevait certains pour leur vendre « chocolat, terre et Carambar » .

Fabrice Curlier

Un calme apprécié au 43 Newton, dans l’ancien squat des dealers

Le temps est plus que frisquet en ce matin de fin d’automne. Et rares sont les âmes qui vivent aux abords du 43, rue Newton. Un immeuble de 8 étages en béton, bardé de pierre noire à sa base, et qui n’a rien de vraiment particulier pour se distinguer de tous les autres qui se dressent dans ce quartier Croix-du-sud de Reims. Cette adresse était pourtant fameuse pour abriter un trafic de résine de cannabis. Mais la police est passée par là dernièrement : après six mois d’enquête, une centaine de fonctionnaires de la sécurité publique ont mené un coup de filet le 1 er décembre. Les habitants de l’immeuble ont-ils perçu un changement depuis ?

Pour cette jeune fille rentrant de son collège, et qui ne tient pas à donner son prénom, les choses n’ont pas vraiment changé : « Je n’ai jamais eu de problème dans l’immeuble » indique-t-elle, semblant même avoir ignoré la présence régulière de dealers au rez-de-chaussée. Une autre demoiselle, sortie promener son chien, dit en gros la même chose, sauf qu’elle au moins voit de quoi nous parlons quand nous évoquons le trafic : « Oui, il y avait des jeunes dans l’entrée, mais je n’ai jamais eu de problème, on rigolait même avec eux… »

Maintenant je respire !

Cette femme n’a pas remarqué grand-chose non plus, dit-elle. Peur de représailles, ou indifférence à la vie de l’immeuble ? Il n’en va pas de même de ce quadra Camerounais d’origine, et que nous appellerons James. Cela fait deux ans qu’il habite à cette adresse : « Si j’ai remarqué une intervention de la police ? Et comment ! Je n’avais jamais vu autant de policiers à la fois ! Et maintenant je peux dire que je respire, ce logement dans l’immeuble, pour moi maintenant, c’est de l’or ! » Pour autant, il dit ne jamais avoir été inquiété personnellement quand les jeunes trafiquants faisaient leurs petites affaires.

Je les laissais tranquilles

Chérif, lui, de la génération actuellement à la retraite, se montre lui aussi disert, soulagé. Cela fait quarante ans qu’il habite à cette adresse du 43. « Oui, depuis la venue de la police, ça va mieux ; avant vous aviez des jeunes qui squattaient dans le hall, avec des chaises, des fauteuils, ils faisaient comme chez eux… mais non, je n’ai jamais eu de problème personnellement avec eux, je n’ai jamais été agressé ni menacé : je les laissais tranquilles, et ils me laissaient tranquille. » Dans la discussion, on comprend qu’il était tout de même un peu étonné de l’action de la police, car « les policiers passaient ici deux à trois fois par jour, tous les jours, mais ils discutaient avec les jeunes et c’est tout. » Comme on l’a vu, ces simples contrôles ont fini par se transformer en interpellations.

Antoine Pardessus

LES AUTRES POINTS

Des dealers passés du 43 au 45, rue Newton ?

Lors de notre passage, le hall du 43, rue Newton était absolument dégagé, et nettoyé. Rien qui pouvait laisser penser qu’il abritait un supermarché de la drogue il n’y a pas si longtemps. Des ouvriers chargés d’installer des caméras à l’interphone, rencontrés sur place, semblent avoir été au courant du trafic. « Maintenant ils ont déménagé au 45 » croient-ils savoir.

Un tour au 45 nous fait découvrir un hall tout aussi « normal » que celui de son voisin. « Mais c’est à partir de la fin d’après-midi qu’ils viennent, quand il commence à faire un peu sombre, pas avant… » Pour sa part l’organisme logeur, en l’occurrence Plurial Novilia, s’il avait bien eu connaissance du squat du hall au 43, n’était pas au courant d’un déménagement de nos dealers du 43 au 45.

Place Braque, un parking surnommé mirador

Quelques centaines de mètres séparent le 43 Newton du secteur Georges-Braque. Si le point de vente du premier se trouvait dans l’immeuble, le second était en extérieur, sur un parking que les policiers surnomment « le mirador » en raison de son emplacement : légèrement en surplomb, avec vue dégagée sur l’avenue Bonaparte, le rond-point Blum et la place Georges-Braque.

Idéal pour repérer de loin l’arrivée des patrouilles. Et facile d’accès pour la clientèle, avec un arrêt du tram juste devant.

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l’union 201210a
CROIX-ROUGE

D’ici 2024, quatre quartiers emblématiques de Reims devraient connaître une profonde transformation.

370 M € vont être injectés pour tenter d’améliorer la qualité de vie des quartiers Croix-Rouge, Orgeval, Europe et Châtillons dans le cadre du deuxième plan de rénovation urbaine. Au total, 1 783 logements seront démolis, dont 1 182 à Croix-Rouge, 178 à Orgeval, 220 sur Europe et 205 sur Châtillons. Des logements seront encore réhabilités ou résidentialisés, le maître mot étant la dédensification.

Près de deux mille logements détruits

Dossier réalisé par Yann LE BLEVEC

C’est le quartier le plus concerné par ce nouveau plan de rénovation urbaine, après avoir déjà fait partie du premier plan. À noter notamment la construction d’une nouvelle maison de quartier à Pays-de-France dont la livraison est prévue en mai 2021, ou l’extension du groupe scolaire Joliot-Curie. On peut encore citer l’aménagement de la partie haute de la rue Raoul-Dufy, à Croix-du-Sud, l’aménagement du parking Arago, la démolition de 118 chambres étudiantes, la création d’une voie nouvelle Morisot-Dufy et le réaménagement de la rue Morisot, sans oublier la démolition d’immeubles rue Olympe-de-Gouges ou avenue Bonaparte.

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l’union 201207a
La réouverture des bibliothèques étudiée

L’adjoint à la Culture fait savoir que les trois médiathèques – Falala, Croix-Rouge et Laon-Zola – rouvriront au public mercredi 16 décembre.

Mais pour les bibliothèques où la surface (notamment à Holden) est réduite, « nous sommes encore en train de finaliser le protocole ». Les nouvelles modalités d’accueil, site par site, devraient être communiquées cette semaine.

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l’union 201205c
La vaccination se poursuit à Croix-Rouge

Loin d’être terminée, la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière bat son plein au quartier Croix-Rouge. Afin de limiter les hospitalisations liées à la grippe et aider les médecins au diagnostic Covid, il est encore plus important cette année de se faire vacciner.

Le collectif local de santé de Croix Rouge, composé du centre de soins infirmiers du quartier ainsi que des maisons de quartiers Billard et Watteau, les résidences ARFO, la CPAM…, se mobilise afin de promouvoir cette vaccination antigrippale tout le mois de décembre : sensibilisation dans les ARFO du quartier, porte à porte par un jeune des services des sports de la ville, et mini-conférences sur l’importance de la vaccination en live sur le Facebook de la maison de quartier Billard le 17 décembre à 11 heures et le 22 décembre à 15 heures.

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l’union 201205b
Après l’inondation, le bon prénom

Jeudi après-midi, une rupture de canalisation sur le chantier des Basses-Promenades a inondé le boulevard Roederer, jusqu’au parc Schneiter (L’union d’hier). Peut-être trop occupé à regarder où il mettait les pieds, le journaliste a commis une erreur relevée par de nombreux lecteurs et lectrices. L’une d’elles nous l’a fait savoir en ces termes : « Et le carton rouge du jour est décerné à… l’auteur de l’article car il a rebaptisé le parc Pierre-Schneiter du nom de parc André-Schneiter … On aurait pu accepter que l’auteur confonde le père (Pierre) et le fils (Jean-Louis) mais qui donc est cet André ? » Un résistant né à Reims, abattu par les Allemands le 29 août 1944 dans les Ardennes, et dont une rue porte le nom à Croix-Rouge.

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l’union 201205a
Faits divers : Coup de filet sur un lieu de deal

Image extraite d’un clip de rap tourné l’an dernier et qui vante la qualité du cannabis vendu au 43 rue Newton à Croix-du-Sud, sous-quartier de Croix-Rouge.
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Une quinzaine de personnes ont été arrêtées à Croix-Rouge.

Le 43 rue Newton est une adresse qui claque à Croix-du-Sud, sous-quartier de Croix-Rouge : l’immeuble est notoirement connu pour être un point de vente de cannabis. « Au 43 y’a de la peuffra* » , est également le refrain d’un clip de rap de très bonne facture, mis en ligne en juillet 2019 (108 000 vues à ce jour) et dont les paroles ne font pas mystère de ce qui s’y passe : « Tu veux d’la qualité ? Cherche pas/on fait d’la bonne/mon pote on a peur de personne » , chante une foule de jeunes gens hilares, avec gros plans sur des volutes de fumée et pluie de billets dans la cage d’escalier.

Mardi à 15 heures, fini de rigoler, avec un coup de filet déclenché par une centaine de policiers au 43 Newton ainsi qu’aux domiciles de tous les suspects identifiés au fil d’une enquête initiée en octobre 2019 par la sûreté départementale de Reims.

Une quinzaine de personnes ont été appréhendées, la plupart à Croix-Rouge. Une arme de poing avec chargeur garni a été saisie ainsi que 300 grammes de cannabis, une quantité somme toute assez faible mais que les enquêteurs relativisent en expliquant que ces « trafics de proximité » fonctionnent à flux tendus avec des caches dispersées pour éviter les grosses saisies. Plusieurs des personnes arrêtées sont d’ailleurs des « nourrices » qui acceptaient de stocker la marchandise moyennant rémunération.

Dans le quartier, certains logements inoccupés étaient squattés par les trafiquants – après effraction des portes et poses de nouvelles serrures – tandis qu’au 43 Newton, système d’éclairage et vidéosurveillance étaient dégradés pour ne pas gêner le business. Les surveillances physiques ont cependant permis de le caractériser, avec son lot de « guetteurs » , « rabatteurs » et « vendeurs » qui prenaient leur service en fin de matinée, jusque tard dans la soirée. Une quarantaine de clients ont été interpellés pendant les douze mois d’enquête. Leurs déclarations et le travail de terrain ont abouti au coup de filet de mardi.

Cinq incarcérations

Au terme des gardes à vue, quatre jeunes ont été remis en liberté avec des convocations en justice tandis que sept autres ont été déférés hier au parquet. Le seul qui a reconnu avoir dealé a accepté d’être condamné en plaider-coupable à sept mois de prison dont trois mois ferme aménageables. Les six autres se sont retrouvés à l’audience des comparutions immédiates mais en raison de l’épaisseur du dossier, les avocats ont demandé un délai pour pouvoir les défendre correctement.

L’affaire a été renvoyée au 12 janvier. D’ici là, cinq des prévenus ont été placés en détention provisoire, ce qui a suscité quelques tensions dans la salle. Il y avait ensuite du monde dehors pour attendre leur sortie. Des renforts policiers sont arrivés, les escortes ont pu passer sans incident à déplorer.

* « Peuffra » : frappe en verlan, terme utilisé dans les quartiers pour désigner du cannabis de bonne qualité.

Fabrice Curlier

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l’union 201204b
Le bibliodrive se poursuit

 

 

Les bibliothèques et médiathèques continuent de proposer le bibliodrive jusqu’au 15 décembre inclus.

Elles rouvriront progressivement en fonction de l’état sanitaire et des recommandations nationales.

Pour rappel, le drive piéton est ouvert du mardi au samedi de 14 à 18 heures, pour les médiathèques Jean-Falala, Croix-Rouge, Laon-Zola et de 14 à 17 heures pour les bibliothèques Saint-Remi, Holden, Chemin-Vert.

Réservation sur le site Internet : www.bm-reims.fr.

 

 

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l’union 201204a
Triathlon : Le Stade de Reims Triathlon a vu le jour

Le fonctionnement du club demeure, seule l’appellation change
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Le triathlon se met à la page. Il y a, bien évidemment, la référence Stade de Reims football depuis de nombreuses décennies. Le Stade de Reims rugby existe aussi. Il y a eu le Stade de Reims Athlétisme Athlétisme en son temps (devenu l’Efsra avec la fusion avec le Family Club). Le Stade de Reims Natation, fusion des trois clubs rémois, à savoir le Reims Natation 89, le Reims Champagne Natation et le Reims Avenir Natation, a vu le jour en 2018.

C’est aujourd’hui au tour du triathlon d’emboîter le pas. Depuis deux années désormais, les structures FAHN (formation du haut niveau) du lycée Arago et du Reims Triathlon ne font qu’une entité. Avec l’objectif d’accompagner les jeunes talents vers le haut niveau. Le club vient de se doter d’une nouvelle identité, le Stade de Reims Triathlon. Cela n’implique pas de réels changements dans le fonctionnement. Les parties club et formation participent à la même entité avec un budget différencié pour satisfaire aux différentes exigences.

 

 

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l’union 201130a
faits divers : Magomed, l’impasse judiciaire

Plus de deux ans après la mort de Magomed Oumarov, au pied d’un immeuble de l’avenue Bonaparte, à Croix-Rouge, l’enquête patine. Archives E. Lantenois
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Né en Tchétchénie, Magomed, aîné et seul garçon d’une fratrie de quatre, était arrivé en France avec sa mère qui voulait « protéger sa famille »
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Le parquet vient de requérir la fin des poursuites initiées depuis la mort de ce Tchétchène de 17 ans, tué à l’été 2018. Depuis, l’omertà n’a pas permis de recueillir d’éléments de preuve.

Au bout du fil, l’une des trois sœurs cadettes de Magomed Oumarov traduit les propos de sa mère, Acia : « Mon fils n’était pas un garçon lié à des conflits mais il a été victime d’un meurtre pour lequel la justice est en train de baisser les bras. » Quelques jours plus tôt, le procureur de la République de Reims requérait un non-lieu total dans le cadre de l’enquête consécutive à la mort de son seul fils, tué d’une balle dans le dos qui ne lui était à l’évidence pas destinée alors qu’il discutait avec un groupe de jeunes au pied d’une barre d’immeuble désaffectée de l’avenue du Général-Bonaparte. C’était le vendredi 17 août 2018, peu après 22 heures. Magomed Oumarov avait 17 ans.

Ce choix du ministère public, s’il ne signifie pas nécessairement la fin des investigations ( voir par ailleurs) s’explique, détaille Acia Oumarov, par « l’absence de charges suffisantes à l’encontre des mis en examen, même si des éléments du dossier convergent vers les mêmes personnes » . La perspective que la mort de Magomed reste impunie apparaît évidemment insupportable pour sa famille : « Je veux toujours croire que la justice sera rendue et je m’oppose à ce non-lieu , traduit encore sa fille. J’en appelle à tous ceux qui détiennent des informations sur ce qui s’est passé, tout le monde doit se sentir concerné. Il faut que tout cela cesse et que les personnes qui font régner la terreur dans nos quartiers comparaissent devant la justice. »

Des propos qui font écho à ceux qu’elle nous tenait le 1 er octobre 2019, lançant ce jour-là un « appel à la vérité, qu’on sorte de la loi du silence qui fait du mal à tout le quartier, on sait que des gens savent, qu’ils ont peur de parler. » Car c’est bien cette « loi du silence » à laquelle n’ont cessé de se heurter les enquêteurs du service régional de police judiciaire depuis deux ans qui, aujourd’hui, remet en cause l’idée que l’épilogue de ce tragique fait divers puisse s’écrire devant une cour d’assises. La décision est désormais entre les mains de la juge d’instruction, en poste depuis l’été et… quatrième magistrat instructeur à piloter ce dossier depuis l’ouverture de celui-ci.

Je n’ai rien à voir dans cette histoire

« L’enquête sur le meurtre de Magomed risque-t-elle le naufrage judiciaire ? » , écrivions-nous le 13 juillet. Z., le dernier des suspects qui était encore incarcéré, accusé d’être le tireur du commando, venait d’être remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire après vingt mois de détention provisoire. Depuis, Z. est, pour sa propre sécurité, interdit de séjour dans la Marne. « J’en ai marre d’être incarcéré à tort, je n’ai rien à voir dans cette histoire » , déclarait cet homme de 25 ans contre lequel « il n’existe aucun élément matériel, seulement des rumeurs » , selon ses avocats, M es Ammoura et Guglielmi.

Le soir même de la mort de Magomed, la rumeur d’une expédition punitive liée à un contentieux entre jeunes de Croix-Rouge et Wilson circulait déjà. Deux mois plus tard, l’enquête rebondissait justement du côté de Wilson avec la mise en examen de deux jeunes du quartier : Z., soupçonné d’être le tireur, et M., chauffeur présumé de la voiture. Un troisième homme était mis en examen, domicilié à Croix-Rouge et soupçonné d’avoir informé le commando sur la présence de celui qui était véritablement visé – sans qu’on sache d’ailleurs si l’objectif initial était de tuer ou tirer pour faire peur.

Bronx , Nino et Blacko Togo

Depuis le début, Z. clame son innocence. Lors de l’audience qui avait entraîné sa remise en liberté, M e Ammoura avait retracé la genèse de sa mise en cause : « Un Tchétchène, cousin de la victime, a voulu mener sa propre enquête. Il a fait son petit tour à Croix-Rouge et Wilson et il a entendu dire que le tireur était (Z.). » Z. est mis en examen avec les deux autres en octobre 2018. Pourtant, selon un « PV de renseignement anonyme » rédigé par le SRPJ dès le 20 août 2018, trois jours seulement après le meurtre, une « source fiable à protéger » désignait comme auteurs de l’expédition trois individus surnommés « Bronx » , « Nino » et « Blacko Togo », lesquels auraient été envoyés à Croix-Rouge sur ordre d’un individu de Wilson, le même qui a dénoncé Z. au cousin de la victime. Aux yeux de M es Ammoura et Guglielmi, la manœuvre du supposé commanditaire était claire : détourner les soupçons du trio pour se protéger lui-même.

« Bronx » , « Nino » et « Blacko Togo » ont été identifiés. Seul le premier a été mis en examen, suspecté d’être le chauffeur – ce qu’il conteste. Aucune poursuite ne vise les deux autres, ni l’individu de Wilson. Z. ne serait-il donc qu’un leurre ? « Ce dossier n’est fondé que sur la rumeur. Il n’existe aucune preuve contre lui. Il ne s’est jamais contredit dans ses déclarations, contrairement à ceux qui l’accusent. Il faut regarder ce dossier autrement, creuser encore car toute la vérité n’a pas été faite. » Un vœu qui pourrait bien rester pieu. ( )

Fabrice Curlier avec Mathieu Livoreil

Les faits

Le 17 août 2018 , un homme encagoulé descend de voiture et tire sur un groupe de jeunes, avenue Bonaparte à Croix-Rouge. Lycéen de 17 ans d’origine tchétchène, Magomed Oumarov est mortellement touché.

La rumeur d’une expédition punitive liée à un contentieux avec des individus de Wilson se répand aussitôt dans le quartier.

Le 18 octobre 2018 , trois jeunes de Wilson et Croix-Rouge sont mis en examen et écroués, le premier pour « meurtre commis en bande organisée », les deux autres pour « complicité ». Tous contestent les faits.

Le 9 juillet 2020 , le jeune de Wilson accusé d’avoir tiré est remis en liberté sous contrôle judiciaire (les deux autres l’avaient été en 2019).

L’engrenage avant la mort de Magomed

Depuis des mois, enquêteurs et avocats pensent tenir le fil des événements qui ont abouti à la mort de Magomed, « victime collatérale » d’un engrenage qui ne le concernait pas. Le contentieux – d’origine inconnue – opposerait une fratrie de Croix-Rouge à un individu de Wilson. Le 16 mars 2018, un proche de celui-ci, entraîneur de basket au RCB, est tabassé devant ses jeunes élèves par une dizaine d’encagoulés dans un gymnase de Croix-Rouge. Six jeunes du quartier ont été condamnés, sans aveu ni explication, mais il se dit que le basketteur, lui aussi « victime collatérale », aurait été ciblé dans le but de se venger ou d’intimider l’adversaire de Wilson. Dès le lendemain, deux des agresseurs du joueur – dont un membre de la fratrie – se font tirer dessus avenue Bonaparte, depuis une voiture volée (cinq tirs au fusil d’assaut, aucun blessé, deux frères de Wilson condamnés, pas d’aveu). L’épisode suivant se déroule à la maison d’arrêt de Charleville-Mézières, où un détenu originaire de Wilson se fait tabasser en promenade par un membre de la fratrie et un ami, tous deux alors incarcérés pour l’affaire du basketteur. C’était le 14 août 2018. Trois jours plus tard, le commando ouvrait le feu avenue Bonaparte. Au sein du groupe pris pour cible se trouvait un autre des frères.

Arrivé en france à l’âge de 2 ans

Né en Tchétchénie, Magomed, aîné et seul garçon d’une fratrie de quatre, était arrivé en France avec sa mère qui voulait « protéger sa famille »

Magomed Oumarov repose aujourd’hui aux côtés d’autres membres de sa famille, dans le cimetière d’un village près de Grozny, en Tchétchénie, petit pays du Caucase dévasté par deux guerres (1994-1996, puis 1999-2000) pour avoir voulu s’émanciper de la Russie. Il a deux ans lorsque ses parents se résignent à fuir cette terre natale. « Ma famille connaissait plein de gens qui sont morts… Aujourd’hui, c’est toujours dangereux là-bas de parler librement » , nous relatait la mère du jeune homme en octobre 2019. Le petit Magomed arrive à Reims, où sont déjà implantées d’autres familles tchétchènes ayant fui la guerre.

Après le divorce de ses parents et le déménagement de son père vers Strasbourg, Magomed grandit aux côtés de sa mère, dans un appartement de la rue Taittinger, quartier Croix-Rouge. Décrit par sa famille comme « très sportif » , rêvant comme tant d’autres de devenir footballeur professionnel, « très mature pour son âge » , l’adolescent, connu de la police pour des faits de petite délinquance, était au moment de son décès scolarisé au lycée Libergier, désormais fréquenté par deux de ses trois sœurs.

« Seule une mère qui a perdu son enfant peut comprendre comment j’étouffe dans la douleur, confiait sa mère l’an dernier . Et je ne peux rien y changer. J’existe, mais ce n’est pas ça la vie. Mon état de santé s’est détérioré mais je me dois de prendre soin de mes trois filles. » La semaine dernière, la deuxième d’entre elles détaillait : « C’est dur… Nous sommes tous bouleversés de cette situation dans laquelle nous nous trouvons depuis plus de deux ans. Ma petite sœur parle souvent de notre frère, ma grand-mère, qui est en Russie a eu un AVC – aujourd’hui, elle va mieux – à force de s’inquiéter pour ma mère. Dans le quartier, heureusement, les gens sont là pour nous. » À ses côtés, sa mère renchérissait : « Nous sommes venues en France avec l’espoir de demander l’asile, nous avions choisi ce pays car il protège ses habitants et leurs droits. J’avais l’espoir de protéger ma famille en venant ici mais ils ont pris la vie de mon fils en temps de paix. Aujourd’hui, les responsables de la mort de mon fils, qui m’ont privé de mon sentiment maternel de joie, continuent de profiter de la vie. »

Ce que signifie un réquisitoire de non-lieu

Le non-lieu est une décision qui répond à des critères objectifs (amnistie, prescription, etc.) ou à une logique juridique (manque de preuves, etc.). Le procureur de la République a, en droit français, l’opportunité des poursuites. Il est donc celui qui, dans le cadre d’une information judiciaire, peut prendre des réquisitions de non-lieu. Si le juge d’instruction en charge des investigations se conforme généralement à son avis, il conserve cependant sa liberté de décision. Pour ne citer qu’un exemple, les juges avaient, dans l’affaire de proxénétisme du « Carlton de Lille », pris une ordonnance de mise en accusation malgré la demande de non-lieu du ministère public. De même, un non-lieu, lorsqu’il est décidé par ordonnance du magistrat instructeur, n’a rien de définitif. Outre qu’elle peut faire l’objet de voies de recours, une information judiciaire peut être rouverte en cas de « charge nouvelle ».

Ne pas arriver aux assises avec un dossier aussi fragile

Le 30 juillet, la cour d’appel de Reims confirmait le placement sous contrôle judiciaire de Z., suspecté d’avoir tiré sur la victime et placé pendant 20 mois derrière les barreaux. Trois semaines plus tôt, le parquet avait vite fait appel de la décision d’un juge des libertés. Peu avant l’audience en appel, le juge d’instruction faisait savoir aux parties qu’elle considérait son instruction close… Résumons : aucun élément matériel ne permet d’établir la responsabilité d’une des personnes suspectées ; aucun ADN ni téléphonie ne permettent d’appuyer les ressentis des enquêteurs ; des témoins qui se rétractent et beaucoup de rumeurs…

Le 30 juillet, l’avocat général s’était raccroché au « risque de fuite » de Z. qui, depuis trois semaines, respectait parfaitement son contrôle judiciaire. « À part ça, je ne vois rien pour vous convaincre de le renvoyer en détention provisoire », admettait le magistrat. L’avocat de Z., lui, mettait en garde : « Il ne faudrait pas que nous arrivions devant une cour d’assises avec un dossier aussi fragile. » Quatre mois plus tard, il n’est pas, au vu des récentes réquisitions de non-lieu du parquet, le seul de cet avis.


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