Revue de presse sur le quartier Croix-Rouge - articles - novembre 2020.



Quelques articles ne proviennent pas du journal « L’union » ; l’origine est alors indiquée par le lien en tête d’article.

Les notes de bas de page [ ] sont du rédacteur.

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l’union 201130a
faits divers : Magomed, l’impasse judiciaire

Plus de deux ans après la mort de Magomed Oumarov, au pied d’un immeuble de l’avenue Bonaparte, à Croix-Rouge, l’enquête patine. Archives E. Lantenois
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Né en Tchétchénie, Magomed, aîné et seul garçon d’une fratrie de quatre, était arrivé en France avec sa mère qui voulait « protéger sa famille »
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Le parquet vient de requérir la fin des poursuites initiées depuis la mort de ce Tchétchène de 17 ans, tué à l’été 2018. Depuis, l’omertà n’a pas permis de recueillir d’éléments de preuve.

Au bout du fil, l’une des trois sœurs cadettes de Magomed Oumarov traduit les propos de sa mère, Acia : « Mon fils n’était pas un garçon lié à des conflits mais il a été victime d’un meurtre pour lequel la justice est en train de baisser les bras. » Quelques jours plus tôt, le procureur de la République de Reims requérait un non-lieu total dans le cadre de l’enquête consécutive à la mort de son seul fils, tué d’une balle dans le dos qui ne lui était à l’évidence pas destinée alors qu’il discutait avec un groupe de jeunes au pied d’une barre d’immeuble désaffectée de l’avenue du Général-Bonaparte. C’était le vendredi 17 août 2018, peu après 22 heures. Magomed Oumarov avait 17 ans.

Ce choix du ministère public, s’il ne signifie pas nécessairement la fin des investigations ( voir par ailleurs) s’explique, détaille Acia Oumarov, par « l’absence de charges suffisantes à l’encontre des mis en examen, même si des éléments du dossier convergent vers les mêmes personnes » . La perspective que la mort de Magomed reste impunie apparaît évidemment insupportable pour sa famille : « Je veux toujours croire que la justice sera rendue et je m’oppose à ce non-lieu , traduit encore sa fille. J’en appelle à tous ceux qui détiennent des informations sur ce qui s’est passé, tout le monde doit se sentir concerné. Il faut que tout cela cesse et que les personnes qui font régner la terreur dans nos quartiers comparaissent devant la justice. »

Des propos qui font écho à ceux qu’elle nous tenait le 1 er octobre 2019, lançant ce jour-là un « appel à la vérité, qu’on sorte de la loi du silence qui fait du mal à tout le quartier, on sait que des gens savent, qu’ils ont peur de parler. » Car c’est bien cette « loi du silence » à laquelle n’ont cessé de se heurter les enquêteurs du service régional de police judiciaire depuis deux ans qui, aujourd’hui, remet en cause l’idée que l’épilogue de ce tragique fait divers puisse s’écrire devant une cour d’assises. La décision est désormais entre les mains de la juge d’instruction, en poste depuis l’été et… quatrième magistrat instructeur à piloter ce dossier depuis l’ouverture de celui-ci.

Je n’ai rien à voir dans cette histoire

« L’enquête sur le meurtre de Magomed risque-t-elle le naufrage judiciaire ? » , écrivions-nous le 13 juillet. Z., le dernier des suspects qui était encore incarcéré, accusé d’être le tireur du commando, venait d’être remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire après vingt mois de détention provisoire. Depuis, Z. est, pour sa propre sécurité, interdit de séjour dans la Marne. « J’en ai marre d’être incarcéré à tort, je n’ai rien à voir dans cette histoire » , déclarait cet homme de 25 ans contre lequel « il n’existe aucun élément matériel, seulement des rumeurs » , selon ses avocats, M es Ammoura et Guglielmi.

Le soir même de la mort de Magomed, la rumeur d’une expédition punitive liée à un contentieux entre jeunes de Croix-Rouge et Wilson circulait déjà. Deux mois plus tard, l’enquête rebondissait justement du côté de Wilson avec la mise en examen de deux jeunes du quartier : Z., soupçonné d’être le tireur, et M., chauffeur présumé de la voiture. Un troisième homme était mis en examen, domicilié à Croix-Rouge et soupçonné d’avoir informé le commando sur la présence de celui qui était véritablement visé – sans qu’on sache d’ailleurs si l’objectif initial était de tuer ou tirer pour faire peur.

Bronx , Nino et Blacko Togo

Depuis le début, Z. clame son innocence. Lors de l’audience qui avait entraîné sa remise en liberté, M e Ammoura avait retracé la genèse de sa mise en cause : « Un Tchétchène, cousin de la victime, a voulu mener sa propre enquête. Il a fait son petit tour à Croix-Rouge et Wilson et il a entendu dire que le tireur était (Z.). » Z. est mis en examen avec les deux autres en octobre 2018. Pourtant, selon un « PV de renseignement anonyme » rédigé par le SRPJ dès le 20 août 2018, trois jours seulement après le meurtre, une « source fiable à protéger » désignait comme auteurs de l’expédition trois individus surnommés « Bronx » , « Nino » et « Blacko Togo », lesquels auraient été envoyés à Croix-Rouge sur ordre d’un individu de Wilson, le même qui a dénoncé Z. au cousin de la victime. Aux yeux de M es Ammoura et Guglielmi, la manœuvre du supposé commanditaire était claire : détourner les soupçons du trio pour se protéger lui-même.

« Bronx » , « Nino » et « Blacko Togo » ont été identifiés. Seul le premier a été mis en examen, suspecté d’être le chauffeur – ce qu’il conteste. Aucune poursuite ne vise les deux autres, ni l’individu de Wilson. Z. ne serait-il donc qu’un leurre ? « Ce dossier n’est fondé que sur la rumeur. Il n’existe aucune preuve contre lui. Il ne s’est jamais contredit dans ses déclarations, contrairement à ceux qui l’accusent. Il faut regarder ce dossier autrement, creuser encore car toute la vérité n’a pas été faite. » Un vœu qui pourrait bien rester pieu. ( )

Fabrice Curlier avec Mathieu Livoreil

Les faits

Le 17 août 2018 , un homme encagoulé descend de voiture et tire sur un groupe de jeunes, avenue Bonaparte à Croix-Rouge. Lycéen de 17 ans d’origine tchétchène, Magomed Oumarov est mortellement touché.

La rumeur d’une expédition punitive liée à un contentieux avec des individus de Wilson se répand aussitôt dans le quartier.

Le 18 octobre 2018 , trois jeunes de Wilson et Croix-Rouge sont mis en examen et écroués, le premier pour « meurtre commis en bande organisée », les deux autres pour « complicité ». Tous contestent les faits.

Le 9 juillet 2020 , le jeune de Wilson accusé d’avoir tiré est remis en liberté sous contrôle judiciaire (les deux autres l’avaient été en 2019).

L’engrenage avant la mort de Magomed

Depuis des mois, enquêteurs et avocats pensent tenir le fil des événements qui ont abouti à la mort de Magomed, « victime collatérale » d’un engrenage qui ne le concernait pas. Le contentieux – d’origine inconnue – opposerait une fratrie de Croix-Rouge à un individu de Wilson. Le 16 mars 2018, un proche de celui-ci, entraîneur de basket au RCB, est tabassé devant ses jeunes élèves par une dizaine d’encagoulés dans un gymnase de Croix-Rouge. Six jeunes du quartier ont été condamnés, sans aveu ni explication, mais il se dit que le basketteur, lui aussi « victime collatérale », aurait été ciblé dans le but de se venger ou d’intimider l’adversaire de Wilson. Dès le lendemain, deux des agresseurs du joueur – dont un membre de la fratrie – se font tirer dessus avenue Bonaparte, depuis une voiture volée (cinq tirs au fusil d’assaut, aucun blessé, deux frères de Wilson condamnés, pas d’aveu). L’épisode suivant se déroule à la maison d’arrêt de Charleville-Mézières, où un détenu originaire de Wilson se fait tabasser en promenade par un membre de la fratrie et un ami, tous deux alors incarcérés pour l’affaire du basketteur. C’était le 14 août 2018. Trois jours plus tard, le commando ouvrait le feu avenue Bonaparte. Au sein du groupe pris pour cible se trouvait un autre des frères.

Arrivé en france à l’âge de 2 ans

Né en Tchétchénie, Magomed, aîné et seul garçon d’une fratrie de quatre, était arrivé en France avec sa mère qui voulait « protéger sa famille »

Magomed Oumarov repose aujourd’hui aux côtés d’autres membres de sa famille, dans le cimetière d’un village près de Grozny, en Tchétchénie, petit pays du Caucase dévasté par deux guerres (1994-1996, puis 1999-2000) pour avoir voulu s’émanciper de la Russie. Il a deux ans lorsque ses parents se résignent à fuir cette terre natale. « Ma famille connaissait plein de gens qui sont morts… Aujourd’hui, c’est toujours dangereux là-bas de parler librement » , nous relatait la mère du jeune homme en octobre 2019. Le petit Magomed arrive à Reims, où sont déjà implantées d’autres familles tchétchènes ayant fui la guerre.

Après le divorce de ses parents et le déménagement de son père vers Strasbourg, Magomed grandit aux côtés de sa mère, dans un appartement de la rue Taittinger, quartier Croix-Rouge. Décrit par sa famille comme « très sportif » , rêvant comme tant d’autres de devenir footballeur professionnel, « très mature pour son âge » , l’adolescent, connu de la police pour des faits de petite délinquance, était au moment de son décès scolarisé au lycée Libergier, désormais fréquenté par deux de ses trois sœurs.

« Seule une mère qui a perdu son enfant peut comprendre comment j’étouffe dans la douleur, confiait sa mère l’an dernier . Et je ne peux rien y changer. J’existe, mais ce n’est pas ça la vie. Mon état de santé s’est détérioré mais je me dois de prendre soin de mes trois filles. » La semaine dernière, la deuxième d’entre elles détaillait : « C’est dur… Nous sommes tous bouleversés de cette situation dans laquelle nous nous trouvons depuis plus de deux ans. Ma petite sœur parle souvent de notre frère, ma grand-mère, qui est en Russie a eu un AVC – aujourd’hui, elle va mieux – à force de s’inquiéter pour ma mère. Dans le quartier, heureusement, les gens sont là pour nous. » À ses côtés, sa mère renchérissait : « Nous sommes venues en France avec l’espoir de demander l’asile, nous avions choisi ce pays car il protège ses habitants et leurs droits. J’avais l’espoir de protéger ma famille en venant ici mais ils ont pris la vie de mon fils en temps de paix. Aujourd’hui, les responsables de la mort de mon fils, qui m’ont privé de mon sentiment maternel de joie, continuent de profiter de la vie. »

Ce que signifie un réquisitoire de non-lieu

Le non-lieu est une décision qui répond à des critères objectifs (amnistie, prescription, etc.) ou à une logique juridique (manque de preuves, etc.). Le procureur de la République a, en droit français, l’opportunité des poursuites. Il est donc celui qui, dans le cadre d’une information judiciaire, peut prendre des réquisitions de non-lieu. Si le juge d’instruction en charge des investigations se conforme généralement à son avis, il conserve cependant sa liberté de décision. Pour ne citer qu’un exemple, les juges avaient, dans l’affaire de proxénétisme du « Carlton de Lille », pris une ordonnance de mise en accusation malgré la demande de non-lieu du ministère public. De même, un non-lieu, lorsqu’il est décidé par ordonnance du magistrat instructeur, n’a rien de définitif. Outre qu’elle peut faire l’objet de voies de recours, une information judiciaire peut être rouverte en cas de « charge nouvelle ».

Ne pas arriver aux assises avec un dossier aussi fragile

Le 30 juillet, la cour d’appel de Reims confirmait le placement sous contrôle judiciaire de Z., suspecté d’avoir tiré sur la victime et placé pendant 20 mois derrière les barreaux. Trois semaines plus tôt, le parquet avait vite fait appel de la décision d’un juge des libertés. Peu avant l’audience en appel, le juge d’instruction faisait savoir aux parties qu’elle considérait son instruction close… Résumons : aucun élément matériel ne permet d’établir la responsabilité d’une des personnes suspectées ; aucun ADN ni téléphonie ne permettent d’appuyer les ressentis des enquêteurs ; des témoins qui se rétractent et beaucoup de rumeurs…

Le 30 juillet, l’avocat général s’était raccroché au « risque de fuite » de Z. qui, depuis trois semaines, respectait parfaitement son contrôle judiciaire. « À part ça, je ne vois rien pour vous convaincre de le renvoyer en détention provisoire », admettait le magistrat. L’avocat de Z., lui, mettait en garde : « Il ne faudrait pas que nous arrivions devant une cour d’assises avec un dossier aussi fragile. » Quatre mois plus tard, il n’est pas, au vu des récentes réquisitions de non-lieu du parquet, le seul de cet avis.

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l’union 201128a
faits divers

Bagarre dans un parc du quartier Croix-Rouge

Mercredi vers 16 h 30, une altercation opposant deux jeunes gens a éclaté dans le parc Saint-Bruno, allée Edgar-Degas à Croix-Rouge. Le premier, qui n’avait pas le dessus, reculait pour éviter les coups de poing du second, lui-même suivi d’une quarantaine de camarades qui semblaient prêts à déclencher la curée. De nombreux riverains ont appelé la police. À l’arrivée des patrouilles, la bande avait détalé, aucune victime ne s’est fait connaître.

Le dîner brûle dans la nuit…

Hier matin à 3 h 45, une alarme incendie s’est déclenchée dans un appartement de la place Georges-Braque à Croix-Rouge, au n º 12, tandis que de la fumée se faisait sentir. Alertés par les voisins réveillés en sursaut, les pompiers ont découvert des aliments oubliés sur le feu. Reims

… le repas de midi en journée

Les pompiers sont retournés hier à 15 heures au quartier Croix-Rouge, rue Marie-Laurencin, pour un motif identique : déclenchement d’un détecteur automatique de fumée, découverte d’un repas oublié sur le feu. Au moins, cette fois-ci, personne n’a été réveillée.

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l’union 201127c
Société : Le Covid-19 les a précipités dans la pauvreté

Sandra et sa fille Éloïse viennent aux Restos du cœur depuis peu. La maman, qui n’arrive pas à trouver de travail, repart avec « de quoi tenir quatre jours ».G.L
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La pauvreté gagne du terrain, écrit l’Observatoire des inégalités dans son nouveau rapport. Le constat se vérifie aux Restos du cœur, qui voient déferler une « nouvelle population » de précaires.

Elles sont venues à deux pour se donner du courage. Elles avancent d’un pas hésitant, rue des Poissonniers à Reims, jusqu’au centre de distribution alimentaire des Restos du cœur, dont elles poussent la porte pour la première fois. Nihal et Marwa ont 24 ans. Elles sont arrivées du Maroc en septembre, pour faire leurs études à l’URCA. Inscrites en Master 2 « Data Science », elles sont studieuses, polyglottes, mais la crise les a ramenées à des nourritures moins spirituelles. « On est obligées de venir ici pour manger. On n’a pas de revenus et on ne peut pas demander plus à nos parents. » Ils leur donnent 700 € par mois, mais « la vie est chère ici » . Comme beaucoup d’étudiants étrangers, elles ont d’abord peiné pour trouver un logement. Maintenant, le problème est de pouvoir manger. « Je paie 450 € de loyer , calcule Marwa. Une fois que j’ai payé les charges, le transport, le wifi, il reste trop peu pour se nourrir… »

Timides, Marwa et Nihal doivent d’abord s’inscrire, auprès de bénévoles « chaleureux » qui les rassurent. Une fois les papiers remplis, elles voient leur cabas rempli en moins de cinq minutes. Pain, lait, yaourts, œuf, légumes, pâtes, conserves, fruits, chocolat, dentifrice… « On a de quoi tenir plusieurs jours, mais c’est sûr qu’on reviendra chaque semaine. »

Les deux amies font partie des 25 « bénéficiaires » qui se sont inscrits, mercredi matin, pour la toute première fois aux Restos du cœur. « Sur les 25 , relève Alain Weiss, bénévole à la tête du centre rémois, il y a 12 étudiants, ça en dit long… » Si les jeunes évitent les effets dévastateurs du Covid sur leur santé, ils sont, en revanche, frappés de plein fouet par la crise économique et sociale qui l’accompagne. Privés de cours, de job, d’argent, « ils arrivent de plus en plus nombreux aux Restos » , témoigne France, chargée de l’accueil lors des distributions (lundi et jeudi toute la journée et mercredi matin). Leur nombre pourrait doubler, voire tripler, cette année, pour atteindre « 150 à 200 étudiants aux Restos » , selon la prévision d’Yves Fouquet, président des Restos du cœur dans la Marne. Pour y remédier, une distribution spéciale étudiants vient même de voir le jour (lire par ailleurs).

Dommage que le resto qui marche le mieux, ce soit le nôtre

Au-delà des jeunes, c’est toute une population d’intérimaires et de contrats précaires, de mères célibataires et de petits retraités, de commerçants ou d’indépendants fauchés par le confinement, qui se croisent désormais aux Restos. Même des restaurateurs, à l’arrêt forcé pour la seconde fois, sont contraints d’y venir, en passant devant ce slogan que Coluche n’aurait pas renié : « Dommage que le resto qui marche le mieux pendant la crise, ce soit le nôtre. » Alors que 9 000 Marnais sont inscrits d’ordinaire aux Restos, dont la moitié à Reims, ils pourraient être 2 000 ou 2 500 de plus cet hiver, dans les dix centres du département (un onzième est en projet à Sézanne, mais a besoin de dons pour se concrétiser). Les 560 bénévoles vont devoir suivre, tout comme la quantité de repas distribués, 1,4 million l’an passé. L’antenne du quartier rémois de Wilson, la plus grosse de la Marne, sert à elle seule 10 000 repas chaque semaine. Parmi cette « nouvelle population qu’on voit arriver, et qui devrait culminer début 2021 » , selon Yves Fouquet, il y a Sandra. Trentenaire originaire de Brazzaville, elle vient depuis cet été. « Vous voulez de la salade, Madame ? Des lasagnes ? Des aubergines ? » Sandra remplit son cabas, accompagnée de sa fille Éloïse, deux ans et demi et un sourire aussi large que la barre de chocolat qu’on vient de lui offrir. « Je vis à Reims chez ma nièce, et je n’arrive pas à trouver du travail. Je viens pour pouvoir apporter de la nourriture à la maison. Je ne veux pas que ma fille et moi nous soyons juste un poids. » Elle vient aux Restos chaque semaine. Dans son sac, « de quoi tenir quatre jours » .

Cette « aide indispensable » , Judith, 30 ans, la découvre. Un paquet de couches sous le bras, un bébé dans la poussette et un enfant de 4 ans à ses côtés, elle a la démarche gênée de ceux qui entrent ici pour la toute première fois. Résidant à Croix-Rouge, elle a fait des études mais ne trouve pas de travail. « Je cherche dans la santé pourtant… Je n’ai pas trouvé d’emploi et je me suis retrouvée dans une situation très difficile » , confie-t-elle. Ce qui l’est tout autant, pour elle comme pour beaucoup, ce sont les premiers pas dans un centre de distribution alimentaire. « Les gens sont très gentils, mais je me sens comme diminuée. Quand on a fait des études et qu’on se retrouve ici, sans argent, sans ressources, c’est dur » , s’étrangle la jeune femme. « Beaucoup ne pensaient jamais se retrouver ici , souligne, avec le recul, Yves Fouquet. Pour les gens qui poussent la porte la première fois, ce n’est jamais facile. Il ne faut surtout aucune condescendance quand on les accueille, mais plutôt leur faire comprendre que ce n’est pas honteux. Qu’on est là pour les aider et que ça peut arriver à tout le monde. »

Beaucoup vont basculer sous le seuil de pauvreté

Organisme indépendant fondé en 2003, l’Observatoire des inégalités a publié, hier soir, son « Rapport sur la pauvreté en France », qui s’appuie sur des données de 2018. Que dévoile-t-il ?

La pauvreté a gagné du terrain. En retenant un seuil de pauvreté fixé à 885 € par mois pour une personne seule, soit 50 % du niveau de vie médian (1 770 €), il y a en France 8,3 % de la population qui est pauvre. Cela représente près de 5,3 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, contre 4,9 millions cinq ans plus tôt (*).

La crise sanitaire va « enfoncer un peu plus la France des classes populaires », indique votre « Rapport ». Dans quelles proportions ?

Les données manquent encore, mais un certain nombre d’indicateurs montrent qu’avec la crise, beaucoup vont voir leurs revenus dégringoler et basculer sous le seuil de pauvreté. L’impact devrait être faible pour ceux qui vivent des minima sociaux, car ils sont maintenus, mais plus important pour ceux qui avaient des petits revenus. Les personnes en contrat précaire (CDD, intérim…), et qui ont vu leur contrat se terminer pendant le confinement, sont exposées au chômage et risquent de se retrouver dans la précarité. À la fin de l’été, il y avait déjà une hausse de 10 % des allocataires du RSA, soit 400 000 personnes supplémentaires vivant désormais sous le seuil de pauvreté. Les chômeurs en fin de droit touchant l’ASS (Allocation de solidarité spécifique) sont aussi quelques dizaines de milliers de plus. Selon les estimations, il devrait y avoir entre 800 et 900 000 chômeurs de plus à la fin de l’année. Il y a enfin la question des trois millions de non-salariés (travailleurs indépendants, petits commerçants, petits artisans), qui souffrent pendant cette période et qui n’ont pas accès aux indemnités chômage.

L’Observatoire met particulièrement l’accent sur les jeunes, premières victimes non pas du virus, mais de la crise économique…

Ils sont les premiers touchés. Beaucoup de jeunes ont perdu leur emploi et ils n’ont pas encore assez cotisé pour toucher le chômage. De plus, les moins de 25 ans n’ont pas accès au RSA. C’est la catégorie qui nous inquiète le plus.

* D’autres organismes fixent le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian, soit 1 063 €, ce qui donne un nombre plus important de pauvres (9,3 millions de Français).

Une distribution spéciale pour les étudiants

Face à l’afflux continu d’étudiants privés de ressources, les Restos du cœur rémois ont décidé de créer une nouvelle distribution de nourriture, spécialement pour eux. Elle aura lieu chaque samedi matin, rue des Poissonniers. Une particularité : ce sont des étudiants eux-mêmes, aidés par des bénévoles plus chevronnés, qui donneront les denrées alimentaires. La première distribution a lieu ce samedi 28 novembre.

Dossier réalisé par Guillaume Lévy

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l’union 201127b
Extension et reconstruction du groupe scolaire Joliot-Curie

Ce groupe scolaire, situé dans le quartier Pays-de-France, est composé de deux bâtiments. Celui en façade de la rue Joliot-Curie abrite l’élémentaire, une partie de la maternelle ainsi que le restaurant scolaire. Le projet qui prévoit une extension de deux classes comprend un réaménagement d’une partie des locaux intérieurs.

Le bâtiment donnant sur la rue Lavoisier qui héberge une partie de la maternelle doit être démoli. « Il s’agit en fait d’un préfabriqué. Du provisoire qui n’était pas voué à rester si longtemps en place, admet Véronique Marchet. Les conditions ne sont pas optimales pour le personnel comme pour les enfants. »

Un nouveau bâtiment doit être construit en lieu et place du préfabriqué, « avec une galerie permettant de faire le lien avec l’autre bâtiment qui sera donc rénové. »

Dans le nouveau bâtiment, seront aménagés deux classes de maternelle, un dortoir, une salle de motricité une tisanerie et une salle des maîtres. Par ailleurs, l’extension du groupe scolaire devrait permettre l’aménagement de deux classes de cours supplémentaires.

L’année 2021 sera dévolue aux études de conception liées à la reconstruction et l’extension de cet établissement scolaire. Budget estimé : 3 M€. Côté calendrier : « Une rentrée des maternelles dans leurs nouveaux locaux est envisagée en septembre 2023 mais l’extension de l’élémentaire devrait être terminée aux vacances d’été 2022. »

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l’union 201127a
Elle consulte son téléphone au lieu de se coucher, il la frappe

Domicilié allée Antoine-Watteau à Croix-Rouge, un homme de 64 ans a reproché à sa conjointe de consulter son portable plutôt que de venir se coucher. Elle lui a répondu, il l’a insultée, lui a craché au visage, l’a frappée sur le crâne et l’a poussée contre un meuble. Les violences ont cessé lorsque la fille du couple s’est interposée.

Celle-ci a refusé d’être auditionnée par la police, la victime n’a pas voulu porter plainte mais le parquet n’en a pas moins décidé de poursuivre le sexagénaire. Il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire avec une date d’audience au tribunal.

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l’union 201126a
faits divers : Coup de filet après une série d’agressions

Les victimes - collégiens, lycéens, étudiants - étaient principalemen et agressées alors qu’elles traversaient, seules, le parc Saint-John-Perse.
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La police espère avoir neutralisé une bande de jeunes qui tabassait et dépouillait des passants à Croix-Rouge.

Depuis plusieurs semaines, les plaintes se succédaient avec une régularité désespérante, déposées par des jeunes gens blessés dans leur chair et dans leur tête. Des collégiens, des lycéens, des étudiants, tous dépouillés lors de vols avec violence commis à Croix-Rouge, principalement au parc Saint-John-Perse. Le mode opératoire était toujours le même, d’une telle brutalité que les enquêteurs n’hésitent pas à parler d’individus qui « se déplaçaient en meute, à une dizaine, pour repérer une proie isolée et fondre sur elle » .

Terrassées par le nombre, les victimes étaient dans l’impossibilité de se défendre, ce qui ne retenait pas les coups des agresseurs se laissant aller à une violence gratuite, haineuse. Le 13 octobre à midi, un étudiant de l’école de commerce Néoma fut même abandonné inconscient : il ne s’était réveillé qu’à l’hôpital. Comme d’autres avant lui (et après lui), la bande l’avait attaqué entre son école et la station de tram de l’avenue Eisenhower, alors qu’il marchait seul avec sa sacoche d’ordinateur, critère déterminant pour en faire une cible. Butin : l’ordinateur mais aussi son téléphone, son portefeuille et son sac à dos.

Effet de groupe

Confrontés à cette vague d’agressions, les policiers de la sécurité publique de Reims ont mis en place un « dispositif conséquent » pour tenter de réaliser un flagrant délit. Le 16 novembre à 19 h 20, cette surveillance a enfin porté ses fruits. Alors qu’elle était en planque dans le parc, la brigade anticriminalité a été informée de l’agression d’un jeune homme dépouillé de son vélo, de son portable et de ses écouteurs sans fil. Les agents ont vu une dizaine d’individus s’enfuir vers les tours Eisenhower. Cinq ont pu être rattrapés. L’un d’eux, retrouvé en possession d’un téléphone volé lors d’une agression le 6 novembre, a prétendu l’avoir acheté 60 euros à un inconnu croisé dans le quartier.

Deux autres suspects ont été interpellés le lendemain, dont un avec quelques difficultés (lire par ailleurs).

Sur les sept jeunes placés en garde à vue, un seul est majeur, les autres sont âgés de 15 à 17 ans. « Quand on les prend seul, en tête à tête, ils sont gentils comme tout » , commente un enquêteur, « mais dès qu’ils sont à plusieurs, ils changent radicalement. Beaucoup d’entre eux appartiennent à des familles auparavant domiciliées en région parisienne. Ils reproduisent ici ce qu’ils ont connu là-bas. »

Des mises en cause difficiles

Tous ont nié les faits, aussi bien le « flag » que les agressions précédentes. Les confrontations avec les victimes – derrière la glace sans tain – ont été décevantes. « Les descriptions n’étaient pas suffisamment précises. Quand les victimes se font agresser, ça se passe tellement vite qu’elles n’ont pas le temps de voir grand-chose. De plus, quand vous prenez des coups partout, vous cherchez à vous protéger plutôt qu’à dévisager ceux qui vous frappent. »

Au final, seul le flagrant délit a pu être retenu en procédure, et contre quatre des suspects. Le majeur, 18 ans, a fait l’objet d’une ordonnance pénale tandis que trois mineurs de 16 et 17 ans ont été placés sous contrôle judiciaire.

Étonnante coïncidence : depuis les arrestations du 16 novembre, plus aucun vol avec violence n’a été signalé au parc Saint-John-Perse.

Fabrice Curlier

Coursé par la police, il ameute ses camarades

Le 17 novembre, au lendemain des cinq arrestations réalisées en flagrant délit au parc Saint-John-Perse, la brigade anticriminalité a repéré l’un des jeunes encore recherchés devant un immeuble de l’esplanade Eisenhower. Il a pris la fuite à pied, tout en insultant les policiers et en appelant ses camarades à l’aide. L’un d’eux s’est mis en travers de la course des fonctionnaires. Ils l’ont maîtrisé et rattrapé ceux qu’ils poursuivaient.

En garde à vue, le fuyard a prétendu n’avoir rien à se reprocher : il aurait détalé par simple peur de la police. Son camarade, quant à lui, trouvait naturel de lui venir en aide. Pour le premier, 16 ans : rappel à la loi ; pour le second, 18 ans : ordonnance pénale (300 euros d’amende).

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l’union 201124a
coronavirus Éducation : Au lycée Joliot-Curie, face à l’épidémie

Vendredi dernier, au lycée Joliot-Curie, un groupe d’élèves attend de pouvoir accéder à la cantine. Photos : Christian Lantenois
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À la cantine de l’établissement, des agents de restauration (en haut) se préparent à servir le repas à près de 180 demi-pensionnaires, un chiffre quasiment divisé par deux depuis le dédoublement des classes.


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Vendredi, à la cantine du lycée, dont la jauge est limitée à 70 couverts par le protocole sanitaire.
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À la cafétéria ou dans les classes, l’immense majorité des élèves respectait le port du masque (ci-contre). Photos Christian Lantenois
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Dans cet établissement professionnel, les classes ont été dédoublées depuis que le ministre de l’Éducation nationale a, face à la contestation, assoupli son principe du « tous en classe ».

Vendredi midi, devant le lycée professionnel Joliot-Curie, au cœur du quartier Croix-Rouge. En guise de sonnerie qui signale la pause médiane, une voix féminine préenregistrée rappelle la nécessité de respecter les gestes barrières. La grande majorité des élèves porte le masque au-dessus du nez, et la plupart n’oublient pas de presser le distributeur de gel hydroalcoolique avant de filer déjeuner. « Vous avez vu, c’est devenu une routine… » , observe Marc Latché, le proviseur de cet établissement qui compte plus de 600 élèves, dont une cinquantaine est logée à l’internat, situé à l’arrière des bâtiments principaux.

Depuis septembre, l’épidémie de Covid-19 a, selon M. Latché, touché deux enseignants, cinq élèves (dont l’un en BTS) ainsi qu’un agent d’entretien et un assistant d’éducation.

En France, un hastag inondait les réseaux sociaux au retour des vacances de la Toussaint : #balancetonprotocole ; collégiens et lycéens diffusaient des photos de couloirs et réfectoires bondés tandis que le gouvernement annonçait un « protocole sanitaire renforcé » pour rassurer à la suite de sa décision de maintenir ouverts les écoles, collèges et lycées. Mais face à cette grogne croissante, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, revenait le 5 novembre sur le principe du « tous en classe », offrant aux lycées la possibilité (et non l’obligation) d’avoir moins de cours en présentiel. « Il y avait une véritable demande des enseignants , souligne M. Latché, à la tête de cet établissement depuis septembre 2019. Tout le monde vit dans ce climat anxiogène lié au Covid, chaque nouveau cas vient raviver les craintes et les peurs de chacun. Tout, ensuite, est allé vite (à la suite de l’annonce du ministre) : nous nous sommes réunis en conseil pédagogique, un plan a été proposé à la rectrice qui l’a validé pour deux semaines et nous avons ensuite informé les familles. »

Depuis le 16 novembre, les classes ont été dédoublées pour limiter le brassage des élèves, désormais un jour sur deux en distanciel

Dans une note adressée aux parents d’élèves datée du 13 novembre, le proviseur détaille les « modalités pratiques » de cet « enseignement hybride » mis en place depuis le 16 novembre. Sa vertu première est de limiter le brassage des élèves, dont les classes sont désormais passées de 36 élèves à 18, à l’exception des filières qui accueillent des classes de 24 élèves.

Alors que le protocole sanitaire mis en place en juin dans le cadre du déconfinement avait été reconduit en septembre, les classes, qui ont leur salle dédiée, sont depuis ce jour divisées en deux groupes, « un jour sur deux en présentiel » et le second en « continuité pédagogique à la maison » avec « alternance quinzaine pour les groupes » . Les élèves en distanciel suivent l’enseignement en visioconférence « où ils auront du travail en autonomie en début de séquence donné par leur professeur, des travaux de recherches ou toute autre combinaison (…) d’outils pédagogiques » .

Dans cet établissement, la fracture numérique n’est pas un mythe Tiphaine Le Pesq, proviseure adjointe, justifie ce rythme quotidien d’alternance présentiel/distanciel : « Nous craignions de décrocher des gamins avec une semaine en distanciel. » M. Latché résume l’équation délicate du moment : « Qu’ils viennent le plus souvent ici tout en étant moins nombreux. » Les internes et élèves en situation de handicap et accompagné dans leur quotidien scolaire (AESH) peuvent quant à eux toujours bénéficier du 100 % présentiel.

Dans cet établissement situé dans un quartier où le chômage fait des ravages, la « fracture numérique » n’est pas un mythe. Selon M me Le Pesq, elle aussi arrivée au lycée Joliot-Curie depuis la rentrée 2019, « 45 élèves » n’ont pas une connexion suffisamment performante à leur domicile pour suivre l’enseignement à distance. « Sans parler des difficultés financières que peuvent avoir leurs familles, dont certaines n’ont pas d’adresse mail » , rappelle M. Latché. Ces élèves, ainsi que ceux qui ont endommagé l’ordinateur dont ils disposent via la Région, continuent eux aussi d’être acceptés en présentiel.

Un bilan est prévu pour décider de la pérennité du dispositif : « Est-ce qu’on a perdu des gamins ? Combien éprouvent-ils des difficultés pour suivre en distanciel ? » , s’interroge déjà le proviseur. Depuis le début de la crise sanitaire, l’équipe dirigeante de ce lycée professionnel reconnaît que la phase la plus difficile a été le déconfinement de juin, lorsque « certains élèves qui ne sont pas revenus à l’école étaient vraiment durs à suivre. » Lors du premier confinement, tous ceux « qui ne se connectaient pas en distanciel étaient appelés. »

Pendant qu’il nous montrait le marquage au sol signalant le sens de circulation désormais autorisé entre les murs de son lycée, M. Latché confiait avoir « souvent l’impression de devoir agir dans l’urgence » lors des derniers mois, où l’univers scolaire s’était retrouvé à la croisée des problématiques sanitaires et, depuis l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre, terroriste. Quelques heures plus tard tombait un communiqué du rectorat : le 12 novembre, un élève de Joliot-Curie avait indirectement menacé une enseignante en formulant à un surveillant, selon l’expression du procureur de la République, Matthieu Bourrette « une référence explicite », à l’assassinat de Samuel Paty. Vendredi après-midi, pendant que l’élève concerné était placé en garde à vue, les enseignants décidaient d’exercer leur droit de retrait.

Mathieu Livoreil

“CONSCIENTS QUE CETTE SOLUTION HYBRIDE N’EST PAS L’IDÉAL”

Dans son courrier adressé aux parents d’élèves dans lequel il présente la nouvelle organisation de la vie scolaire, le proviseur se dit « conscient que cette solution hybride n’est pas l’idéal. Mais elle est pour nous le moyen d’éviter de nombreuses contaminations tout en assurant des cours de qualité en petit effectif et un contact au moins bihebdomadaire avec chaque élève. »

La cantine, toujours le lieu le plus propice à la contamination

Vendredi, à la cantine du lycée, dont la jauge est limitée à 70couverts par le protocole sanitaire.

En temps normal, 300 élèves déjeunent ici avec leur plateau-repas, parmi lesquels une cinquantaine en provenance du collège Joliot-Curie, localisé à quelques dizaines de mètres du lycée. Depuis qu’a été mis en place le système des classes dédoublées entre présentiel et distanciel, ils ne seraient plus que 180. Dans le self, une place sur deux a été barrée de scotch rouge sur les tables et les chaises, limitant désormais la jauge à 70 couverts en simultané. « Au début de l’année, nous avons eu les problèmes des files d’attente où la distance sanitaire ne pouvait que très difficilement être respectée » , explique Philippe Brochaye, gestionnaire du lycée Joliot-Curie. Un ordre de passage par classe a depuis peu été établi afin d’éviter les embouteillages : « On peut maintenant manger un peu plus tôt et un peu plus tard qu’avant », appuie-t-il.

Ce vendredi, alors que s’attablent les premiers adolescents, un constat s’impose : malgré les efforts récents, la cantine reste le lieu le plus propice à la contamination. Le port du masque est impossible et les distances sanitaires très compliquées à faire respecter, notamment dans les files d’attente. En bas de l’escalier menant à la cantine, une petite foule compacte, constituée de lycéens souvent épaule contre épaule, accaparée par leur portable pour la plupart, attend son tour.

Parmi les élèves interrogés, Mantine, inscrite en 1 re MS (métiers de la sécurité, filière où 100 % des élèves sont en présentiel), confie : « Moi, j’accepte les règles, elles ont plutôt tendance à me rassurer mais je ne suis pas spécialement angoissée. Si elles sont bien respectées ? Les sens de circulation dans les couloirs ne le sont pas toujours, et je vois souvent des masques sous le nez. » Deux tables plus loin, Matisse et Marie résument sur le ton de l’évidence : « Ici, nous sommes tous regroupés, y a pas de distance. C’est comme avant, en fait. Ça ne m’inquiète pas plus que ça mais je fais attention, surtout pour ma famille que je ne veux pas contaminer. » Un autre adolescent semble heureux de nous apprendre que « y a même des profs qui ne respectent pas les sens de circulation ! »

REPÈRES

O 28 octobre : Emmanuel Macron annonce que les écoles, collèges et lycées restent ouverts grâce à un « protocole sanitaire renforcé ».

O 2 novembre : après la rentrée des classes, élèves et professeurs critiquent l’insuffisance des mesures. Ailleurs qu’à Reims, des lycéens bloquent leur établissement.

O 5 novembre : le ministre de l’Éducation nationale acte la possibilité, pour les lycées uniquement, d’avoir recours à de l’enseignement à distance.

O 10 novembre : à l’appel de plusieurs syndicats, des enseignants se mettent en grève « sanitaire ». Des collèges réclament des règles identiques à celles dans les lycées.

LES AUTRES POINTS

Plus de travail pour les agents d’entretien et l’infirmière du lycée

Le protocole sanitaire impose un surplus de travail pour plusieurs personnels de l’établissement, à commencer par les agents d’entretien, chargés du nettoyage des locaux et de la restauration à la cantine. Leur première mission implique désormais de désinfecter les poignées de porte des classes tandis que la seconde comprend de désinfecter les tables de la cantine entre les services. Vendredi, l’une d’elles n’en faisait pas mystère : « Je suis polyvalente, c’est clair ! Si mon travail est impacté par le Covid ? Oui, bien sûr ! » Avant de formuler le souhait que « les élèves respectent un peu mieux les consignes. Pour ce qui me concerne, je ne vis pas mieux la crise qu’il y a six mois. » De son côté, Tiphaine Le Pesq, proviseure adjointe, salue l’implication de l’infirmière de l’établissement, en première ligne face aux cas de Covid : « Cela constitue pour elle un gros travail supplémentaire, elle nous fait des points réguliers sur la situation, met à jour le tableau des élèves impactés, doit aussi tenir au courant l’Agence régionale de santé… en plus de ces missions habituelles ! »

Un tiers des clusters concerne l’école et l’université

Dans les chiffres diffusés fin septembre par Santé Publique France, 285 foyers de contamination étaient recensés dans le milieu scolaire et universitaire, devenant ainsi la première « collectivité » de circulation du virus, devant les entreprises. Ce constat a contribué à changer la donne du « tous en classe », seulement modifié pour les lycées à ce jour.

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l’union 201123c
Rattrapé par la police, il crie à ses camarades de le libérer

Cette semaine, mardi après-midi, la brigade anticriminalité a voulu contrôler un groupe de jeunes dans le secteur Eisenhower, au quartier Croix-Rouge. L’un d’eux âgé de 17 ans a pris la fuite. Rattrapé, il a ameuté ses camarades pour qu’ils viennent le délivrer. Un copain de 18 ans s’est alors interposé, en insultant les policiers. Lui aussi a été maîtrisé, non sans difficulté car il s’est rebellé. Le mineur est ressorti du commissariat avec une convocation devant le délégué du procureur tandis que le majeur fera l’objet d’une ordonnance pénale (300 euros d’amende à payer).

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l’union 201123b
Il fume un joint à l’arrêt du tramway

S’il voulait prendre le tram à l’arrêt de la médiathèque Croix-Rouge, pas trop tard un soir de la semaine, c’est raté : ce jeune homme de 26 ans y a commis l’imprudence de fumer un joint à la vue de tout le monde, et notamment d’une patrouille de police. Dans ses poches ont été découverts un morceau de résine et un couteau papillon. L’imprudent fumeur a été présenté devant le délégué du procureur pour un rappel à la loi.

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l’union 201123a
Tensions à Croix-Rouge

Les policiers ont multiplié les rondes samedi soir après avoir reçu plusieurs appels de riverains s’inquiétant de voir des attroupements de jeunes avec des barres de fer. Les fonctionnaires de police ont contrôlé, vers 20 heures, avenue Léon-Blum, deux jeunes, âgés de 18 et 19 ans, porteurs de couteau. Ils ont été ramenés au commissariat. Ils vont faire l’objet d’une ordonnance pénale pour port d’arme prohibée.

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l’union 201122a
fait divers : Professeure menacée : Nous sommes les oubliés de la République

L’élève âgé de 16 ans a menacé de « faire un coup à la Samuel Paty » à l’enseignante devant un surveillant dans l’enceinte du lycée Joliot-Curie.
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Une collègue de la professeure menacée de mort indirectement au lycée Joliot-Curie témoigne, alors que l’élève concerné a été mis en examen pour menace de crime.

Vendredi soir, le rectorat de l’académie de Reims a annoncé qu’une enseignante du lycée rémois Joliot-Curie a été « menacée verbalement » par un élève. Les faits se sont produits le 12 novembre à l’intérieur de l’établissement situé dans le quartier Croix-Rouge, mais l’élève âgé de 16 ans n’a été placé en garde à vue que vendredi, après un signalement au parquet.

« La professeure concernée est très choquée. C’est quelqu’un de très efficace, de dévoué, solide, mais là elle est décomposée » , témoigne une collègue. Cette dernière confirme que les menaces verbales dirigées contre la professeure ont été dites à un surveillant. « L’élève a dit : Je vais lui faire un coup à la Samuel Paty (NDLR : cet enseignant décapité par un terroriste islamiste au collège du Bois-d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre) », affirme la collègue.

Le procureur de la République, Matthieu Bourrette avait indiqué vendredi une référence explicite aux événements récents des Yvelines. « Ce qui est inquiétant c’est qu’il a dit cela de façon très froide » , raconte encore la collègue.

Cette dernière évoque un jeune en détresse placé dans un foyer, qui dit par exemple « Je déteste la France ». « Il y a un vrai risque pour lui si on ne fait rien. Ma collègue a fait un rapport, elle a voulu l’aider, mais cela n’a pas été suivi d’effet. »

D’une façon générale, l’enseignante dit ne pas se sentir soutenue par la hiérarchie. « On est la cible d’insultes, d’injures, d’incivilités… mais il y a très peu de conseils de discipline. Il n’y a pas de réaction immédiate. » Les menaces à la professeure n’ont été signalées que quelques jours après. « La professeure a eu cours avec l’élève sans savoir qu’il l’avait menacée. Il est resté une semaine dans l’établissement après ses menaces. On a des classes de 36 élèves en quartier prioritaire. On est seul sans même un téléphone en classe. On est les oubliés de la République, nos jeunes sont les oubliés de la République » , déplore la collègue.

À la suite de cet incident, les enseignants ont décidé d’exercer leur droit de retrait vendredi après-midi. « Une équipe du rectorat s’est rendue sur place pour s’entretenir avec les professeurs. Le directeur académique des services de l’Éducation nationale de la Marne sera aux côtés des équipes lundi matin. Agnès Walch Mension-Rigau, rectrice de l’académie de Reims, assure de tout son soutien l’enseignante menacée et l’ensemble des personnels » , a communiqué l’académie.

Aurélie Beaussart et Yann Le Blévec

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l’union 201121b
Éducation : Jeune Rémois, Educ’Actions compte révéler le champion qui est en toi !

Une partie des champions rassemblés par Ismaël Taggae (à genou au centre). Leurs profils sont dévoilés un à un sur la page Facebook Reims Educ’Actions.
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Le projet Educ’Actions, initié par les champions de la ville de Reims, prend forme. Il vise à emmener chaque jeune, quel que soit son quartier, sur le chemin de la réussite.

Une « dream team » (équipe de rêve), pour faire des jeunes Rémois des champions ; un « boot camp » (entraînement militaire) pour contrer le décrochage scolaire et social de leurs aînés. C’est le plan d’attaque imaginé par le danseur, chorégraphe et professeur de hip-hop Ismaël Taggae pour faire rayonner sa ville et ceux qui la font vivre. Avec son dispositif baptisé Educ’Actions, c’est une fourmilière de talents sportifs et culturels qu’il est en train de façonner. Des talents d’aujourd’hui au service de ceux de demain.

1 Le contexte

Il y a 4 ans, avant d’ouvrir son studio de danse, Ismaël Taggae, l’artisan de ce dispositif ambitieux, voyageait de maison de quartier en maison de quartier, d’école en école, pour donner ses cours. « Dans chaque quartier, il y avait quelqu’un qui, comme moi, œuvrait pour sa discipline. Je me disais : ce serait bien qu’on fasse quelque chose tous ensemble. » À force d’en parler ici sur un parking, là à l’arrêt d’un feu rouge, ou encore dans une salle de danse… Ismaël décide de passer à l’action.

2 Des champions pour nos futurs champions

Il organise des réunions, provoque des rencontres entre acteurs des mondes associatifs, sportifs, culturels. « Je suis allé choisir les personnes qui ont le potentiel, les experts dans leur domaine, qui ont la pédagogie et qui n’ont pas toujours connaissance de la manière dont fonctionnent les choses à grande échelle, celle d’une ville . Pour eux, c’était vraiment flou. » Après moult échanges, enfin, les contours d’Educ’Actions, basé sur la transmission, deviennent plus clairs dans la tête de ces « champions pour nos futurs champions ».

3 Deux thématiques

Educ’Actions, c’est donc d’abord une équipe de champions pour les futurs champions. « On voit la jeunesse comme un smartphone emballé dans son paquet. Nous, les champions, devons leur installer des applications autour du sport, de la culture, du vivre ensemble, de la citoyenneté. Le but est d’intervenir chez un public jeune (les 7-13 ans) pour lui transmettre des bases solides de champion, pour qu’ils deviennent eux-mêmes des champions. » Au-delà de 13 ans, Ismaël construit, avec un ancien commando parachutiste de l’armée, un « boot camp », sorte de camp d’entraînement au long cours pour mettre à mal les décrochages scolaire et social. « L’ancien para, c’est Toufik Saker. Il a à cœur de leur transmettre ses valeurs, une base solide pour vivre dans notre monde d’aujourd’hui. »

4 Des stages d’une semaine

Dans un premier temps, c’est pendant les vacances scolaires, à travers des stages d’une semaine, que l’équipe de champions sera mobilisée. La première session pourrait avoir lieu aux congés de février. « Une heure d’activité, une fois de temps en temps, ça ne sert à rien », lance Ismaël. « Nous accueillerons les enfants par tranches d’âges (7-10 ans et 11-13 ans) par groupes de huit, sur deux activités. » Football et musique, boxe et danse, codage, jeux vidéos, atelier d’écriture, street-art, double dutch (sport de saut à la corde)… Les possibilités seront nombreuses. « On pourra réunir jusqu’à 100 jeunes par semaine » , qui participeront, dès le lundi, à un « boot camp » pour leur permettre de se rencontrer, de se connaître, et de faire naître entre eux des synergies. « Il s’agit de déceler le potentiel et les lacunes de chacun et de les orienter vers la bonne structure. C’est pour cela qu’ils goûtent à deux disciplines » , précise Ismaël, qui aimerait, à terme, « remettre des sections culture et sport dans les écoles. Aujourd’hui, c’est devenu optionnel. » En sus, chacun sera tenu de choisir une option diplômante (permis vélo, formation aux premiers secours, arbitrage…), « pour les rendre fiers, dès le départ, et croire en eux ».

À noter qu’un suivi familial est aussi prévu, dès la fin du stage. « On ne les laisse pas dans la forêt comme ça. Il y a quelque chose d’ultra construit derrière » , affirme-t-il.

5 Déjà une vingtaine dans l’aventure

Les champions européens du club Europe Top Team, le coach Alexandre Favette spécialiste de boxe de cross fit, Younès pour la thématique jobs, des infirmières pour le pôle santé… Ils sont déjà une vingtaine lancés dans l’aventure Educ’Actions aux côtés d’Ismaël, le fédérateur, qui publie petit à petit sur la page Facebook du projet toutes les nouvelles recrues. Des publications qui pourraient bien donner envie à d’autres d’en faire autant. « Ce projet test pourrait être reproduit dans d’autres villes », imagine déjà le « Rémois à vie », prêt, pour sa part, à démarrer dans sa ville, son « char d’assaut ».


Ismaël Taggae, un enfant de Reims

« J’ai grandi à Wilson, mes grands-parents sont de Croix-Rouge, mes meilleurs amis du Pont de Witry, d’Orgeval, Maison-Blanche », glisse le champion du monde de breakdance, créateur de l’école de danse Studio 511.

« Je suis un enfant de ma ville, pas d’un quartier. J’avais envie d’y construire des choses. J’ai commencé à proposer des idées à travers des vidéos. Mais à la veille des élections, le timing était mal choisi. J’ai mis le projet Éduc’Actions en stand-by sur les réseaux, mais j’ai continué à bosser en interne… »

Marion Dardard

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l’union 201121a
Une professeure menacée de mort par un élève

Les faits se sont produits le 12 novembre au lycée Joliot-Curie, dans le quartier Croix-Rouge. Archives
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Les menaces visant l’enseignante ont été tenues par l’élève à un surveillant. Âgé de 16 ans, ce lycéen est en garde à vue.

Le rectorat de l’académie de Reims a annoncé hier soir, par communiqué, qu’une enseignante du lycée rémois Joliot-Curie a été « menacée verbalement » par un élève, confirmant une information révélée en fin d’après-midi par France 3 Grand Est. Les faits se sont produits le 12 novembre à l’intérieur de cet établissement du quartier Croix-Rouge, mais l’élève âgé de 16 ans n’a été placé en garde à vue qu’hier, après un signalement au parquet.

Contacté par L’union, le procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette évoque des « menaces verbales indirectes » : elles n’ont pas été proférées en présence de l’enseignante, mais tenues à un surveillant qui les a ensuite rapportées.

La teneur exacte de ces propos n’a pas été précisée, mais il y a « une référence explicite aux événements récents des Yvelines, selon le surveillant qui les a entendus » , indique le procureur. C’est-à-dire la décapitation de Samuel Paty par un terroriste islamiste au collège du Bois-d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre. Placé en garde à vue pour « menace et acte d’intimidation sur un professeur » , l’élève n’était pas connu de la police et de la justice.

« Une mesure conservatoire a été prise à l’encontre de cet élève qui sera convoqué devant le conseil de discipline » , ajoute le rectorat.

À la suite de cet incident survenu le 12 novembre, les enseignants ont décidé d’exercer leur droit de retrait hier après-midi 20 novembre. « Une équipe du rectorat s’est rendue sur place pour s’entretenir avec les professeurs. Le directeur académique des services de l’Éducation nationale de la Marne sera aux côtés des équipes lundi matin. Agnès Walch Mension-Rigau, rectrice de l’académie de Reims, assure de tout son soutien l’enseignante menacée et l’ensemble des personnels. »

Fabrice Curlier

Six jours avant, au lycée Jean-Jaurès

L’affaire du lycée Joliot-Curie survient quelques jours après l’agression d’un professeur d’anglais du lycée Jean-Jaurès, le 6 novembre, attaqué par un élève de 1 re qui a tenté de l’étrangler à l’issue de la classe, avant de lui jeter une table dans sa direction (L’union des 7 et 8 novembre) . Même si cet élève était connu de son entourage pour une pratique plutôt rigoriste de l’islam, « aucun mobile d’ordre religieux » n’était à rechercher dans cette agression, avait indiqué le procureur de la République. D’après les déclarations du lycéen, celui-ci n’avait pas apprécié que l’enseignant, occupé à autre chose, l’éconduise alors qu’il le sollicitait à propos du cours tout juste achevé.

Mis en examen pour « violences volontaires sans incapacité sur une personne chargée de mission de service public » , l’adolescent âgé de 15 ans (il en aura 16 le mois prochain) a été placé dans un établissement éducatif, hors du département. Le lycée Jean-Jaurès l’a exclu dans l’attente de son passage en conseil de discipline.

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l’union 201119a
Justice Assises de la Marne : Si j’avais tué ma famille, je m’en souviendrais

Trois experts se sont succédé à la barre hier, dont le psychologue Jean-Luc Ployé. Benoît Blary
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Au quatrième jour du procès devant la cour d’assises de la Marne, commence à se dessiner le profil de l’accusé.

Benjamin Burel naît le 2 janvier 1982 à Reims. « Ses parents vivent dans le quartier Croix-Rouge », rapporte l’enquêtrice judiciaire qui était appelée à la barre mercredi. Ils se séparent peu de temps après sa naissance. Sa mère se remet en ménage avec un M. Foucher qui lui donnera deux enfants. La famille s’établit alors au Châtelet-sur-Retourne, où Benjamin Burel vit de 2 à 18 ans. Il qualifie son enfance de malheureuse. « Je n’ai pas eu le même traitement que mes demi-frères et sœurs, dit-il. Je n’ai pas le souvenir d’un seul câlin mais de claques. »

Il suit sa scolarité à Bergnicourt, au Châtelet et à Juniville. Entre au CFA interprofessionnel de la Marne à Châlons-en-Champagne pour y apprendre le métier de boulanger-pâtissier. Allergique à la farine, il met fin à son parcours scolaire.

Travaillant comme ouvrier sur un chantier, Benjamin Burel est victime d’un accident du travail en 2000. « Cela lui vaut d’être handicapé à hauteur de 55 % par la commission technique d’orientation et de reclassement professionnel (Cotorep). » En 2001, il décide d’aller s’installer en Corse. Il y reste jusqu’en 2003, étant alors cuisinier à Tolla.

Un Benjamin ange et un Benjamin démon

À son retour, il retrouve Estelle Charlier qu’il avait commencé à fréquenter deux ans plus tôt. « J’avais eu un déclic pour elle, comme un coup de foudre. » Ils habitent tour à tour à Amagne, Warmeriville et Bergnicourt. Jusqu’à accéder à la propriété au Châtelet-sur-Retourne. De leur union naissent deux enfants, Mathys et Alexis, ainsi que des problèmes financiers. Le couple est surendetté. Sous le vernis de ce qui pourrait sembler être une famille idéale - l’avocat général, Jacques Louvier, fait une analogie avec la famille Ingalls de La Petite maison dans la prairie - apparaissent également une addiction à l’alcool et des violences conjugales.

Benjamin Burel reconnaît pouvoir consommer beaucoup d’alcool. « Principalement du Pastis et du vin rouge ». Ce, depuis son séjour en Corse, où il prétend avoir été violé. « Une fois alcoolisé, je deviens vulgaire et violent, mais plus avec le matériel qu’avec les personnes. »

« Il dit lui-même qu’il y a deux Benjamin, précise l’expert-psychologue, Jean-Luc Ployé, un Benjamin ange et un Benjamin démon. Pour autant, il n’est pas fou. »

Depuis le 10 septembre 2016, il n’a eu de cesse de clamer son innocence. « Ce n’est pas parce que je suis alcoolique et violent que je suis un meurtrier, argue-t-il. Tuer ma femme et mes enfants… On est parti dans la quatrième dimension. C’est trop violent, ça va au-delà de ce que j’ai l’habitude de faire. Si j’avais tué ma famille, je m’en souviendrais. Ce n’est pas crédible du tout. C’est impossible ! En attendant, je suis seul, et entre quatre murs. »

Les faits

Benjamin Burel , 38 ans, est jugé depuis vendredi par la cour d’assises de la Marne, à Reims.

Il est accusé d’avoir tué sa compagne (Estelle Charlier – 29 ans) et leurs deux enfants (Mathys et Alexis – 7 et 2 ans) entre les 9 et 10 septembre 2016 au Châtelet-sur-Retourne, dans les Ardennes.

Les trois victimes avaient été découvertes noyées dans la baignoire du pavillon familial.

Diligentée par les gendarmes de la section de recherche (SR) de Reims , l’enquête avait abouti au renvoi du père de famille devant la cour d’assises des Ardennes, du 17 au 24 septembre 2019.

Il avait été condamné à une peine de réclusion criminelle à perpétuité, sans période de sûreté.

Clamant son innocence , il avait aussitôt fait appel.

Sophie Bracquemart

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l’union 201118b
Elle l’invite à boire, elle se fait taper dessus

Invité à boire chez une demoiselle rue des Savoyards à Croix-Rouge, un Rémois a fini par s’énerver à force d’écluser les verres. Il était 3 h 40 du matin lorsque la police fut appelée au secours : Cédric Rossi, 33 ans, avait saisi la locataire par le cou et l’avait frappée, tout en menaçant de la tuer. Interpellé puis présenté au parquet dans le cadre d’un plaider-coupable, l’agresseur a été condamné à sept mois de prison ferme, avec incarcération immédiate.

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l’union 201118a
Coursé par la police dans l’auto chipée à Papa

Samedi vers 1 heure du matin, les policiers repèrent une voiture qui circule bien trop vite avenue du Maréchal-Juin. Quatre personnes sont à bord. Ils décident de contrôler tout ce petit monde mais le conducteur accélère. Il fonce vers Croix-Rouge, grille un stop et un feu rouge, roule en sens inverse puis finit par percuter une voiture en stationnement rue Yvon-et-Claire-Morandat. Il parvient à redémarrer et c’est reparti pour un tour dans le quartier.

Accidenté, l’ado s’enferme dans l’auto

Allée des Landais, deuxième accident : un poteau métallique stoppe brutalement la voiture. Le chauffard engage une marche arrière pour s’échapper, mais la patrouille lui bloque le passage. Il refuse d’ouvrir. Les agents doivent casser la glace pour pouvoir le maîtriser.

C’est Papa qui va être content : au volant, son fils de 17 ans qui avait pris le double des clefs à son insu pour aller se balader. Il avait pris les trois copains en chemin (l’un d’eux avait un morceau de résine de cannabis). D’après ses déclarations, il a « pété un câble » , sous l’effet de la panique, après avoir vu les policiers derrière lui.

Le paternel a récupéré son fils et sa voiture, celle-ci en triste état. Ils ont rendez-vous le 19 janvier dans le cabinet du juge des enfants.

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l’union 201117d
Bibliothèques et médiathèques

Les drives piétons sont accessibles du mardi au samedi de 14 à 18 heures aux médiathèques Jean-Falala, Croix-Rouge et Laon-Zola et de 14 à 17 heures aux bibliothèques Saint-Remi, Holden et Chemin-vert. Inscription et réservation sur www.bm-reims.fr. Renseignement sur la page Facebook « bibliothequedereims ». Restitution soit via les trappes extérieures des médiathèques, soit au moment du retrait de commande dans les autres bibliothèques.

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l’union 201117c
Il fume un joint à l’arrêt de tram

Un soir de la semaine dernière, un jeune homme de 26 ans qui attendait le tramway à l’arrêt de la médiathèque Croix-Rouge a fumé un joint à la vue de tout le monde, et notamment d’une patrouille de police.

Il avait sur lui un morceau de résine et un couteau-papillon.

L’imprudent fumeur a fait l’objet d’un rappel à la loi.

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l’union 201117b
Alcool et tablettes de chocolat

Vendredi à 11 h 30, la police a repéré deux individus qui s’échangeaient des bouteilles d’alcool derrière le magasin Match de Croix-Rouge. Soupçonneux, les agents ont fouillé leur voiture et découvert 39 bouteilles de champagne ainsi qu’un sac conçu pour ne pas faire réagir les portiques antivols. Ils ont également saisi une bouteille de vodka, quatre d’armagnac et une vingtaine de tablettes de chocolat. L’un des suspects a prétendu avoir tout acheté auprès d’un inconnu au prix imbattable de 5 euros ! L’origine du butin n’a pu être établie.

Laissés libres, les deux hommes de nationalité géorgienne sont convoqués le 14 février au tribunal.

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l’union 201117a
santé : Une école et une crèche fermées à cause du covid

Certains parents de l’école maternelle Provençaux-Auvergnats ont dû s’organiser à la dernière minute. Christian Lantenois
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L’école maternelle Provençaux-Auvergnats et la crèche Clairmarais ont dû fermer leurs portes en raison de cas de Covid parmi le personnel, au grand dam de parents.

Dans un arrêté du samedi 14 novembre, le préfet Pierre N’Gahane suspend « l’accueil des usagers » dans l’école maternelle Provençaux-Auvergnats de Reims, comprenant huit classes, dans le quartier Croix-Rouge, jusqu’au samedi 21 novembre inclus. Au total, 141 élèves sont concernés.

Une décision qui fait suite à l’apparition de trois cas confirmés de contamination au Covid-19 parmi les personnels de l’école et « le prononcé de mesures d’isolement à l’endroit de 28 personnels » . Dans ces conditions, estime le préfet dans son arrêté, il est impossible de « garantir le fonctionnement de l’école, en particulier l’accueil des élèves dans le respect des règles sanitaires » .

Pour le préfet, il est donc nécessaire de suspendre temporairement l’accueil des usagers dans l’école pour limiter la propagation du virus.

« L’équipe enseignante a fait son maximum pour que chaque famille soit jointe par téléphone ce week-end, par l’enseignante de son enfant, pour expliquer la situation et rassurer. La continuité pédagogique se met en place selon des modalités numériques (mise à disposition de documents sur des padlets et/ou échanges par mail avec les familles), à l’instar de ce qui avait été mis en place lors du confinement du printemps et qui avait bien fonctionné », explique Bruno Claval, inspecteur d’académie.

Une mauvaise nouvelle pour les parents, comme ce papa de Yacine. Lundi matin, le jeune Rémois aurait dû déposer sa fille de 4 ans à l’école et filer travailler. Sauf qu’il a trouvé portes closes. Sur le portail de l’établissement, une simple affichette indique que l’établissement est fermé « du lundi 16 au vendredi 20 novembre sur décision du préfet après avis l’inspecteur d’académie et du maire ». Les cours ne reprendront que le lundi 23 novembre dès 8 h 20. « C’est un peu la chienlit comme on dit ! J’ai dû passer plusieurs coups de téléphone pour qu’on m’explique ce qui se passait. Moi, je travaille à la Citura et ma femme à l’hôpital. Pas le choix, j’ai dû appeler mon employeur pour expliquer la situation et me mettre en chômage partiel pour garde d’enfant. On s’assoit sur 15 % de notre salaire, c’est pas terrible quand même ! Surtout, je ne comprends pas pourquoi certains parents ont été prévenus et pas d’autres. » , explique ce père. Il est 16 h 30, les grands de l’élémentaire des Provençaux qui jouxte la maternelle, s’apprêtent à sortir.

À côté de Yacine, une maman indique avoir été appelée par la maîtresse samedi : « Du coup, ça va, on a pu s’organiser. » Ludovic, papa d’Aaron, 4 ans, a lui du mal à comprendre : « Moi, ça fait déjà une semaine que mon fils ne va pas à l’école. Au début, seule sa classe a fermé. Puis toute l’école. J’ai reçu un mail hier (dimanche) pour me dire que c’était fermé jusqu’au 20. Je suis intérimaire alors j’ai arrêté de travailler. Ce que je trouve bizarre, c’est que seule la maternelle soit concernée, pas l’élémentaire. Je ne vois pas pourquoi le virus ne pourrait pas y circuler aussi. »

Alice Renard

Jusqu’à mardi pour la structure petite enfance

Ce lundi, les portes de la crèche Clairmarais rue Marcel-Thil à Reims, gérée par l’association Structure Petite Enfance (SPE), sont également restées closes « en raison de plusieurs cas de Covid chez (leurs) professionnels ». Les parents, qui ont dû s’organiser à la dernière minute, ont été prévenus par mail ce dimanche 15 novembre un peu avant 20 heures : « En attente des directives de l’agence régionale de santé, la décision a été prise de ne pas accueillir votre enfant demain (ce lundi 16 novembre, NDLR), afin de réaliser une désinfection complète des locaux », indiquait l’association SPE, qui ne donnait pas encore de date de réouverture.

En fin de journée, la crèche envoyait un deuxième mail aux parents pour les informer cette fois que l’ensemble des professionnels de la structure était considéré « comme cas contact » par l’ARS qui a demandé « la mise en place d’un isolement » de tout le personnel « pendant sept jours » ainsi que « la réalisation d’un test PCR ».

Parents et enfants ne sont pas considérés eux comme cas contact, « les gestes barrières (masques, lavage de mains, gel hydroalcoolique) ayant été respectés ». La SPE, qui s’excuse pour le désagrément subi, réfléchit à des solutions pour accueillir les enfants dans un autre établissement cette semaine. « Les cas de Covid d’un certain nombre de personnels ont été découverts vendredi dernier », répond Nicolas Thiénot, le président de la SPE, aux parents qui s’étonnaient d’avoir été prévenus si tard. « On ne ferme pas de gaîté de cœur. Nous étions obligés de prévenir l’ARS et c’est l’ARS qui demande cette fermeture jusqu’à mardi de la semaine prochaine. Là, nous sommes vraiment devant un état de fait. »

Ouverte en 2015, la crèche Clairmarais accueille habituellement environ 90 enfants et compte une trentaine de salariés. C’est la première fois qu’une crèche de la SPE ferme à cause du coronavirus à Reims.

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l’union 201115a
Faits divers : Le clip de rap était permis

« Comment comprendre que des personnes soient autorisées à organiser un clip en pleine crise sanitaire et qui plus est en période de confinement ? » s’insurge le représentant marnais du syndicat Unité SGP Police.
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Un syndicat de police s’insurge : comment un tel tournage est-il possible dans le contexte sanitaire actuel ?

On n’a pas les images. Mais à en croire le secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police, il y avait du monde, vendredi soir, au niveau d’Olympe-de-Gouges dans le quartier Croix-Rouge. « J’ai été saisi par de nombreux collègues policiers qui sont hors d’eux », révèle Christian Pous, avant de relater l’événement qui a provoqué une levée de boucliers des forces de l’ordre : « Ils sont intervenus vers 19 heures. Le lieu est relativement sensible, en plein cœur d’une zone de sécurité prioritaire. Il y avait là une quarantaine de jeunes du quartier, sans distanciation sociale, avec des armes factices, le jour de la commémoration des attentats de 2015, en pleine crise sanitaire… Et les collègues découvrent qu’il s’agissait du tournage d’un clip… autorisé ! Ils ne comprennent plus rien. Après ça, allez expliquer à la population qu’il faut rester chez soi et qu’on ne peut pas apporter ses courses à sa mère ! »

Selon lui, un comité d’hygiène et de sécurité s’était justement tenu l’après-midi même avec le préfet pour dire « qu’il fallait maintenir la pression, relever les infractions. Or, dans le même temps, on voit ça. Et demain, on va demander d’aller verbaliser un cueilleur de champignons ! » s’insurge encore le représentant syndical, qui martèle : « Pour les collègues, s’entendre dire par ces jeunes que le confinement on s’en moque, que les attentats, ce n’est pas leur problème et devoir les laisser continuer leur action car ils sont autorisés à la mener… Ça fait beaucoup. »

ça ne relève pas de la collectivité

Renseignements pris, il semble que le document brandi sur place et « autorisant » le tournage, n’émanait pas de la Ville mais de la sous-préfecture (lire par ailleurs). « Le centre de supervision urbaine était au courant », indique Xavier Albertini, adjoint à la sécurité. « Il a bien vu s’installer les acteurs, qui n’avaient que des armes factices. Il semble que l’équipage de police qui est passé dans le secteur à ce moment-là n’était, lui, pas au courant et a cru à une action violente. Ce tournage avait été vu le matin en réunion de sécurité avec le sous-préfet. Ça ne relève pas de la collectivité. Nous n’avons rien autorisé et n’avons aucun commentaire à faire. » Le maire l’a confirmé sur les réseaux sociaux : « Jamais une autorisation n’a été donnée par la mairie pour quoi que ce soit et notamment ce type de manifestations, en plus en période de confinement. »

Le décret du 29 octobre permet les tournages

Le cabinet du préfet confirme avoir été saisi, jeudi, d’une « question écrite générale sur les tournages au regard des règles sanitaires » (pas d’une demande précise avec le contenu du clip). « La réponse générale a été : oui, le décret du 29 octobre, sur lequel on s’appuie, le permet. Les tournages audiovisuels sont considérés comme des rassemblements à caractère professionnel et donc possibles », nous indique-t-on. « La jauge de dix personnes, avec respect des gestes barrières et protocole sanitaire strict, annoncée par l’intéressé – qui à notre connaissance était une structure professionnelle –, paraissait acceptable eu égard aux exigences sanitaires. » Et de préciser : « On a constaté qu’ils étaient plutôt 50 que 10. » Mais comme aucune « jauge » n’est prévue par le décret pour les tournages… Reste que l’équipe aurait dû obtenir une autorisation administrative d’occupation du domaine public auprès de la municipalité puisque le tournage se déroulait en extérieur, sur un trottoir.

Marion Dardard

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l’union 201114a
Faits divers : Il freine pour que la police le percute

Interpellation mouvementée d’un chauffard, l’autre soir au quartier Croix-Rouge Illustration
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Les faits remontent au 3 novembre. Vers 21 h 30, en patrouille à Croix-Rouge, les policiers remarquent une voiture qui s’engage à vive allure rue Olympe-de-Gouges et klaxonne en passant devant le n º 1, adresse réputée être un lieu de deal. Ils décident de contrôler le conducteur mais celui-ci accélère.

Pris en chasse, le fuyard freine délibérément à trois reprises pour tenter de se faire percuter par la patrouille, et la mettre ainsi hors d’état de continuer la poursuite, mais la manœuvre échoue. Il grille un feu et finit par stopper rue des Savoyards. L’interpellation est mouvementée : l’individu menace de mort les policiers, frappe l’un d’eux au visage. Un deuxième, qui aide son collègue à embarquer le récalcitrant dans le véhicule, reçoit un coup de tête asséné en arrière. Pour finir, le chauffard refuse le dépistage d’alcoolémie alors qu’il est en état d’ivresse manifeste.

Déféré en comparution immédiate, l’automobiliste âgé de 34 ans a demandé un délai pour préparer sa défense. Son procès a été renvoyé au 12 janvier. Remis en liberté sous contrôle judiciaire, il comparaîtra pour conduite en état d’ivresse manifeste, refus d’obtempérer, refus de se soumettre au dépistage, outrages, violences et menaces de mort envers des agents de la force publique.

 

 

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l’union 201113b
d’erlon en large

Nous vous le laissions entendre, eh bien cela s’est vérifié : le mouvement de grève engagé mardi s’est poursuivi hier (après la parenthèse du 11-Novembre) au collège François-Legros. Des pancartes sont apparues aux grilles de l’entrée annonçant « pas assez d’agents d’entretien, protocole sanitaire irréalisable, élèves et personnels en danger ». De quoi susciter du soutien, notamment parmi les parents ?

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l’union 201113a
Un incendie chez les Limousins, pas dans le Limousin

Dans L’union d’hier, nous écrivions qu’un feu de détritus s’était déclaré mercredi à 15 h 30 dans un local à vide-ordures de la rue du Limousin à Cormontreuil. Les riverains n’ont rien vu du tout, pas le moindre bout de casque de pompier, et c’est normal : sans doute aveuglé par la fumée, le plumitif a confondu la rue du Limousin avec l’allée des Limousins, quartier Croix-Rouge à Reims.

En revanche, après triple vérification, nous pouvons assurer sans erreur que les pompiers sont intervenus rue de Florence, mercredi à 18 heures, pour un feu de poubelle. Ce même soir à 20 h 30, des végétaux ont brûlé dans une benne rue de la Maladrerie.

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l’union 201112a
DEMAIN

Le Centre de Soins Infirmiers Quartier Croix-Rouge organise une journée portes ouvertes dans le cadre des journées mondiale du diabète. Les personnes intéressées par cette maladie pourront connaître leur glycémie capillaire par une petite piqûre au bout du doigt et accroître leurs connaissances auprès des infirmières du centre et des bénévoles de l’association des Diabétiques de la Marne.

Nous accueillerons les habitants du quartier de 9 à 12 heures et de 14 h 15 à 17 h 15 au 14 allée Maurice Lemaître.

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l’union 201111b
Enseignement : L’appel à la grève bien suivi à François-Legros

Les grévistes rassemblés hier. Cela fait déjà un moment que certains protestent contre un manque de personnel. A.P.
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Les protestataires dénoncent un manque de personnel technique et de surveillants.

Un appel à la « grève sanitaire » était lancé hier dans l’Éducation nationale. Il a été particulièrement bien suivi au collège François-Legros de Reims, proche de l’hippodrome.

Selon Delphine Shinko, s’exprimant au nom des enseignants, la moitié de ceux-ci ont suivi le mouvement, ainsi que la quasi-totalité du personnel technique. Il faut dire que, si l’on en croit cette même interlocutrice, le terrain était largement favorable : « Nous avons un gros problème de manque de personnel pour assurer correctement les désinfections préconisées par le protocole ministériel. » Rappelons que celui-ci prévoit « un nettoyage des sols et des grandes surfaces (tables, bureaux) au minimum une fois par jour » par exemple, ou encore « un nettoyage désinfectant des surfaces les plus fréquemment touchées par les élèves et personnels dans les salles, ateliers et autres espaces communs (comme les poignées de porte) plusieurs fois par jour ».

14 classes en 2 h 15

« Or nos effectifs augmentent depuis trois ans, poursuit Mme Shinko, nous en sommes à 650 élèves, mais le nombre des agents territoriaux, les personnes qui assurent par exemple la cuisine et l’entretien, ce nombre, lui, n’a pas augmenté ; l’an dernier à la même époque, nous estimions déjà qu’il manquait deux agents. Et il manque aussi deux AED (assistants d’éducation, ce que l’on appelait les surveillants). » Résultat : un agent aurait à nettoyer 14 classes en 2 h 15, assure notre interlocutrice.

« C’est déjà difficile en temps normal, alors en ce moment où il faut compter 35 à 40 minutes pour désinfecter une salle… »

Les grévistes étaient initialement partis pour un arrêt de travail d’une journée, mais réfléchissaient à la possibilité de le prolonger après le 11-Novembre.

Antoine Pardessus

Les parents impliqués

Certes, la désinfection des locaux scolaires doit être assurée par des agents de l’Éducation nationale, mais dans la lutte contre la propagation du virus, les parents ont aussi un rôle à jouer. C’est ce que rappelle le préambule du protocole sanitaire de l’Éducation nationale publié pour la reprise de ce mois de novembre ; il y est notamment souligné que « les parents d’élèves jouent un rôle essentiel. (Ils) sont invités à prendre la température de leur enfant avant le départ pour l’école. Ils s’engagent à ne pas mettre leurs enfants à l’école, au collège ou au lycée en cas de fièvre (38 ºC ou plus) ou en cas d’apparition de symptômes évoquant le covid-19 chez l’élève ou dans sa famille. »

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l’union 201111a
Les épiceries solidaires prêtes pour accueillir les étudiants dans le besoin

La fédération Intercampus, qui regroupe les associations étudiantes de Champagne-Ardenne, gère deux Agoraé à Reims, sur le campus Croix-Rouge de l’URCA et dans la résidence Crous Teilhard-de-Chardin. Il s’agit d’épiceries solidaires destinées à aider les étudiants les plus modestes.

« Pour être bénéficiaire, il faut monter un dossier et faire une demande d’accès. Ensuite, le service vous coûte 1,75 euro par semaine », explique le président d’Intercampus Matéo Mevizou. « Les denrées sont facturées au kilo, à 10 % du prix du marché. » Les produits disponibles sont livrés par la Banque alimentaire ou par des donateurs. Au printemps dernier, des étudiants pouvaient également accéder à l’épicerie en urgence lorsqu’une assistance sociale en faisait la demande. Aujourd’hui, ces étudiants sont redirigés vers l’Aserca, une association d’aide aux jeunes en difficulté.

Matéo Mevizou s’attend à avoir une demande importante lors de cette période. « Durant le premier confinement, on a eu un grand nombre de dossiers mais aussi beaucoup de dépannage. »

Aujourd’hui, les Agorae rémoises reçoivent cinq étudiants par jour et comptent une centaine de bénéficiaires.

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l’union 201109c
À VENIR

Le centre de soins infirmiers quartier Croix-Rouge organise vendredi 13 novembre une journée portes ouvertes dans le cadre des journées mondiale du diabète.

Les personnes intéressées par cette maladie pourront connaître leur glycémie capillaire par une petite piqûre au bout du doigt et accroître leurs connaissances auprès des infirmières du centre et des bénévoles de l’association des Diabétiques de la Marne.

De 9 à 12 heures et de 14 h 15 à 17 h 15 au 14, allée Maurice-Lemaître.

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l’union 201109b
pratique : Les bibliothèques réactivent leurs drives

A la médiathèque Jean-Falala, le robot, qui réceptionne et trie les livres rendus, est opérationnel sept jours sur sept. Stéphanie Jayet
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En raison du reconfinement, médiathèques et bibliothèques remettent en place un service de drive.

Elles ne peuvent plus accueillir de public, mais leurs livres, CD, DVD, partitions, BD… sont à nouveau à disposition. Depuis vendredi, les trois médiathèques (Jean-Falala, Croix-Rouge et Laon-Zola) et les trois bibliothèques (Saint-Remi, Holden et Chemin-vert) ont mis en place un drive piéton comme lors du premier confinement. Voici comment s’y prendre.

1 Réservation

Avant de pouvoir vous plonger dans un roman disponible dans le réseau des bibliothèques de Reims, il est nécessaire d’être inscrit (bonne nouvelle si vous ne l’êtes pas, c’est désormais gratuit). Rendez-vous ensuite sur www.bm-reims.fr afin de vous identifier (cliquez sur le bouton « se connecter »). Il suffit de taper le numéro de votre carte d’abonné ainsi que votre mot de passe (pour toute aide, contacter le 03 26 35 68 00). Vous pourrez ensuite réserver les documents que vous souhaitez emprunter et choisir la médiathèque ou la bibliothèque de retrait, sachant que les drives piétons sont accessibles du mardi au samedi de 14 à 18 heures aux médiathèques Jean-Falala, Croix-Rouge et Laon-Zola et de 14 à 17 heures aux bibliothèques Saint-Remi, Holden et Chemin-vert.

2 Retrait

Une fois vos documents réservés, il faudra un peu patienter (trois jours ouvrés maximum). Un SMS vous avertira quand la commande sera disponible. Vous aurez alors 14 jours pour aller la chercher. N’oubliez pas votre carte d’abonné et un sac pour transporter vos documents ! Il est toujours possible d’emprunter 15 documents maximum pour une durée de 3 semaines.

3 Restitution

Pour rendre les livres, BD, CD, DVD… empruntés, deux solutions : soit les glisser dans les trappes extérieures des médiathèques Jean-Falala, Croix-Rouge et Laon-Zola, soit les rendre au moment du retrait de commande dans les autres bibliothèques.

Bon à savoir

N’oubliez pas de vous munir de votre attestation de déplacement dérogatoire (en cochant le 2 e motif, celui des déplacements pour effectuer des achats de fournitures, […] le retrait de commandes et les livraisons à domicile) !

Tous les documents restitués sont placés en « quarantaine » pendant 3 jours avant d’être à nouveau remis en circulation.

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l’union 201109a
société : Musulmans en quête d’apaisement

Vue aérienne de la Grande Mosquée de Reims, située entre le quartier Wilson et le canal. Aurélien Laudy
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Condamnant sans ambiguïté les attentats qui ont traumatisé le pays, trois Français de confession musulmane évoquent leur foi et leur vision de la liberté d’expression.

La question, pensait-on, était simple : « Est-ce compliqué d’être musulman dans la France d’aujourd’hui ? » Mais à l’évidence, elle ne l’était pas. Un à un, nos interlocuteurs, abordés spontanément à la sortie d’écoles situées dans le centre-ville et dans des quartiers périphériques, nous tournaient poliment les talons. Pourquoi prendre le risque de s’exposer ?, semblaient penser ces citoyens français de confession musulmane et de tous âges.

Embarrassés au point de refuser l’anonymat qu’on offrait à leurs témoignages, tous refusaient de s’exprimer sur la manière dont ils peuvent vivre leur foi dans un pays à nouveau traumatisé par de récents attentats commis au nom de cette religion « qui vit une crise aujourd’hui, partout dans le monde » , selon le président Macron.

Depuis des années, les débats autour de l’islam électrisent les plateaux télévisés des chaînes d’informations en continu tandis que sa place dans la société française attise à cadence infernale des controverses stériles aux relents parfois nauséabonds.

Dans ce quartier Croix-Rouge où il vit depuis un demi-siècle, Salah Byar connaît tout le monde. Est-ce pour cela qu’il accepte d’évoquer sans détour ces questions ? En remontant l’avenue Bonaparte, l’ancien conseiller municipal chargé de « remonter les problématiques des quartiers à Adeline (Hazan, maire PS, 2008-14, NDLR) » répond d’abord à une question qui n’était pas posée : « En tant que musulman, je condamne totalement les actes des terroristes qui se revendiquent de l’islam. Ceux qui font ça se prennent pour Dieu, ce ne sont pas des musulmans. Un vrai musulman ne tue pas. Il ne boit pas d’alcool, ne trafique pas, est honnête et aide les autres. Mais en même temps, oui, les caricatures de Charlie m’ont fait mal, j’ai pris ça pour un manque de respect, comme si ma mère ou mon père était dessiné. Vraiment, si Charlie pouvait arrêter de dessiner le prophète Mahomet… »

L’assassinat du professeur de collège Samuel Paty a ravivé le souvenir des morts de Charlie et depuis relancé les débats sur la liberté d’expression. Salah poursuit : « Si c’est Erdogan qui est caricaturé ou n’importe quel roi ou président, ça ne me dérange pas. Mais dans la religion, on doit respecter les morts. Ce dessin du prophète à poil, en train de prier, ça m’a touché au cœur. Et en tant que musulman, je crois à tous les prophètes, alors quand je vois une caricature de Jésus, ça me choque aussi – mais encore une fois, et notez-le bien, je suis contre ceux qui s’en vont tuer au nom de Dieu. »

Quant à notre question initiale, Salah, arrivé de Casablanca à l’âge de 14 ans, fondateur en 1978 de la salle de prière du quartier, l’assure : « Ici, je n’ai jamais été victime de racisme. J’ai travaillé à l’usine, milité au parti communiste, au parti socialiste… Vraiment, je ne me suis jamais senti stigmatisé, y compris au cours des dernières années. Après, le discours qu’on entend dans certains médias, surtout BFM, c’est trop. »

Avant de nous rencontrer, il a tenté de convaincre d’autres habitants du quartier de s’exprimer sur ces sujets. Tous ont refusé : « On est pour la paix , voilà ce qu’ils m’ont dit de vous dire. »

Quand un attentat touche la France, cela nous touche autant que vous

Derrière le comptoir de son magasin de l’avenue Bonaparte, Abdul Hamid Al Khalifa, arrivé de Syrie depuis près de vingt ans, sourit : « Si c’est compliqué d’être musulman dans la France actuelle ? Jusqu’à présent, non. Après, quand des médias parlent sans cesse du hijab ou de l’islam, c’est pour faire peur. » Plutôt que de s’attarder sur cette question, il souhaite délivrer un message d’apaisement : « Quand un attentat touche la France, cela nous touche autant que vous. Nous sommes venus dans ce pays pour travailler, pour sa liberté, nous sommes heureux d’en bénéficier, et nous sommes tristes des actes terroristes qui ont encore récemment frappé ce pays. »

Et si c’est cela qui avait changé ? Avant, personne ne demandait aux musulmans français de se démarquer de Daesh : cela allait de soi. Ceux que nous rencontrons se pressent de clarifier leur position à ce sujet… qui n’était pas le nôtre. En écho au propos de Byer Salah, Abdul Hamid Al Khalifa dit lui aussi être « choqué » chaque fois que le prophète est caricaturé.

Que pense-t-il de la volonté, formulée par le président de la République, de « ne pas renoncer aux caricatures » ? À ses yeux, « le gouvernement ne doit pas soutenir ceux qui font mal aux autres… Nous demandons l’équilibre. »

Faudrait-il pour autant se censurer en France ? Pour beaucoup, cela reviendrait à donner raison aux assassins, admettre des limites à la liberté d’expression et à laisser libre cours à une autocensure galopante.

« Lâcheté ou sagesse ? La question est réelle » , s’interrogeaient récemment Olivier Mongin et Jean-Louis Schlegel dans une tribune du Monde. « Il faut laisser la liberté pour tout… mais respecter l’autre » , résume Abdul Hamid qui, après un au revoir chaleureux, glisse : « Vous écrivez bien ce que j’ai dit, pas autre chose, d’accord ? »

Il faut un espace de dialogue pour parler de vivre-ensemble

Un peu plus loin, voici Al Mohammad, arrivé en France en 2006 avec sa famille après avoir dû quitter sans se retourner sa Syrie natale. À l’université des sciences de la cité des sacres, ce grand gaillard a décroché un doctorat en biologie des organismes. Depuis, il a créé son autoentreprise qui œuvre dans la désinsectisation et la dératisation. « Non, je ne crois pas que ce soit compliqué d’être musulman en France. De toute façon, c’est notre pays et je n’en ai pas d’autre – retourner en Syrie est impossible. Nous n’avons pas d’autre option que de dialoguer ensemble. »

Lui aussi le dit sur le ton de l’évidence : « Je respecte totalement la liberté d’expression mais je ne suis pas obligé d’accepter une caricature du prophète. Lorsque je l’ai vu, oui, je me suis senti offensé, tout comme je le suis lorsque je vois Moïse ou Jésus. Je ne cherche que la paix et la tolérance. Il faut un espace de dialogue pour parler de ces questions de vivre-ensemble et à mon avis, les médias ont un rôle important à jouer. »

Mathieu Livoreil

LES FAITS

La population musulmane en France est estimée entre trois et quatre millions de personnes. Selon l’IFOP, cette population est plus jeune que la moyenne, au point que la part des musulmans monte à 10 % chez les 15-25 ans. Elle est française de naissance à 50 %, par acquisition de la nationalité à 24 %.

Une récente formule du président de la République , « l’Islam est en crise », a suscité réprobation et colère dans le monde musulman, tandis que le président du Conseil français du culte musulman a appelé les musulmans de l’Hexagone à « défendre l’intérêt » de la France, « grand pays où les musulmans ne sont pas persécutés ».

À la suite des récents attentats qui ont ensanglanté le sol national, des Français musulmans font part de leurs réflexions.

selon l’ifop, les musulmans subissent davantage le racisme que le reste de la population

Selon un sondage diffusé en novembre 2019 et réalisé par l’IFOP sur demande du gouvernement et de la Fondation Jean Jaurès, 42 % des musulmans de France disent avoir été discriminés à cause de leur religion. Précisément, 60 % des femmes portant souvent le voile disaient avoir déjà été discriminées au moins une fois au cours de leur vie, et 37 % d’entre elles ont été exposées à des insultes ou des injures à caractère diffamatoire. Mais 44 % des femmes qui ne portent jamais le voile l’ont aussi été. Au vu de l’ensemble des chiffres, les femmes sont nettement plus victimes de discrimination dans la recherche d’un emploi, notamment les femmes voilées. Les discriminations vécues par les musulmans de France sont vécues « lors d’un contrôle » de police (13 %), « lors de la recherche d’un emploi » (17 %) ou encore d’un logement (14 %). Si l’on ne prend que la période des cinq dernières années, 40 % des musulmans estiment avoir fait l’objet de comportements racistes (contre 17 % chez les non-musulmans). Parmi eux pour 16 %, cela était dû à la religion, et pour 15 %, à leur couleur de peau.

cet abject et odieux attentat que nous condamnons avec force et fermeté

Le jour des assassinats à Nice, le 29 octobre dernier, l’association de la mosquée et du centre islamique de Reims (Amcir) nous a fait parvenir un communiqué, portant aussi les en-têtes du conseil français et du conseil régional du culte musulman. En voici un large extrait :
« Nous avons appris ce matin avec beaucoup d’émotion et de tristesse l’assassinat de trois de nos concitoyens, résultat d’un horrible attentat au sein de la basilique Notre-Dame de Nice.
À nos chers frères et sœurs chrétiens, nos pensées les plus chères après cet abject et odieux attentat qui nous plonge dans l’effroi et la sidération et que nous condamnons avec force et fermeté.
Le terrorisme et le fanatisme n’arriveront pas à détruire nos liens précieux et notre volonté profonde à construire ensemble une communauté nationale unie, soudée et multiconfessionnelle. Vous pouvez compter sur notre soutien infaillible pour combattre, dénoncer et rejeter toute forme de violences. »

On nous met tous dans le même sac Propos recueillis par Antoine Pardessus

Mohamed Bouzaggou est le président de l’association Amcir (association de la mosquée et du centre islamique de Reims), qui gère la Grande mosquée de la ville. Il répond à nos questions à la suite des attentats commis par des islamistes.

Votre association a publié un communiqué condamnant le récent attentat qui a fait trois morts dans une église à Nice. Était-ce une initiative locale ou bien une réponse à un mot d’ordre musulman national ?

Une initiative locale, comme à chaque attentat, car à chaque fois nous avons réagi pour condamner ces actes. Après Charlie Hebdo, je rappelle par exemple que nous avions organisé une soirée spéciale à la mosquée, qui avait même été retransmise sur France 3, et qui avait rassemblé autour de 700 personnes de différentes religions ; il y avait même davantage de non-musulmans que de musulmans. Après l’assassinat de Samuel Paty, nous avions également communiqué, et même participé au rassemblement organisé par les enseignants devant l’hôtel de ville. Quelle cruauté faut-il avoir pour ôter ainsi la vie à un homme !

Une petite délégation musulmane a également participé le 30 octobre à la messe à la cathédrale à la mémoire des victimes de Nice. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons toujours eu de très bonnes relations avec les archevêques de Reims ; nous faisons partie d’un groupe interreligieux depuis plus de 25 ans, qui se réunit environ tous les trois mois, avec un pasteur, le rabbin, et l’archevêque. C’est ce groupe par exemple qui avait préparé les vœux communs présentés cette année.

Personne dans la communauté musulmane ne vous a reproché d’avoir participé à cette messe ?

Non personne. En revanche, les Français de confession musulmane en ont assez de se sentir stigmatisés après tous ces attentats, et ils disent stop : Nous ne pouvons pas accepter que notre religion soit associée à ces crimes crapuleux ! On nous met tous dans le même sac, en considérant que chaque musulman est potentiellement fanatique, et donc potentiellement terroriste.

L’islam a-t-il l’ambition de s’imposer à l’ensemble du monde ?

L’islam n’a pas besoin de ces crimes pour ça ; Dieu n’a pas besoin de nous. Nous, nous faisons référence au prophète, le saint Mahomet, qui n’a jamais appelé à la guerre. Il y a un verset du saint Coran qui dit : Nulle contrainte en religion.

Ne trouve-t-on pas d’autres versets qui disent le contraire ?

Cela pose le problème de l’interprétation du Coran ; la révélation s’est étalée sur 23 ans, et il faut voir quel était le contexte particulier dans lequel tel verset est descendu, sinon, on ne comprend pas. D’ailleurs nous sommes preneurs de formation pour les imams.

Que pensez-vous des récentes réflexions d’Emmanuel Macron et du gouvernement ?

Nous avons été choqués par le discours du président de la République sur le « séparatisme musulman » ; il parle à présent de labelliser les imams ; mais de quoi est-ce qu’on parle ? Comme dans l’alimentation on va attribuer des labels bio ? Les imams ne sont pas du bétail ! Alors je me pose la question : l’État est-il vraiment laïc ? Il n’a pas à s’immiscer dans la religion !

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l’union 201105a
Patrimoine : Les quartiers dévoilent leur histoire

Elisabeth Chauvin et Catherine Coutant présentent le totem de signalétique patrimoniale et touristique consacré au quartier Clairmarais.
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La Ville a installé 30 nouveaux panneaux pour faire connaître le patrimoine des quartiers.

Vous vous ennuyez quand vous sortez prendre l’air dans un rayon maximal d’un kilomètre autour de chez vous ? Voici une idée pour ne plus tourner en rond : partez découvrir les totems que la Ville vient d’installer dans tous les quartiers autour de l’hyper-centre !

Ces panneaux, illustrés avec des photographies anciennes issues des archives municipales ou de collectionneurs privés, sont l’occasion d’apprendre un tas de choses sur l’histoire des quartiers, leur évolution et leur richesse patrimoniale.

30 totems déployés dans les quartiers

« Si depuis 2018, nous avons installé dans le centre-ville 120 panneaux qui invitent à emprunter quatre circuits différents, nous terminons aujourd’hui de déployer 30 totems dans tous les quartiers excentrés dont Wilson, Croix Rouge, Châtillons, Porte de Paris… Ces nouveaux panneaux évoquent le patrimoine et l’histoire des quartiers mais également l’architecture contemporaine ou industrielle » , indique Catherine Coutant, conseillère municipale déléguée au patrimoine. « Notre ambition est de montrer que si la ville abrite des trésors mondialement connus comme la cathédrale Notre-Dame, elle est aussi très intéressante pour son patrimoine moins visible et l’histoire de ses quartiers » , poursuit-elle.

Rédiger les textes qui figurent sur les totems n’a pas été si facile. Car, pour de nombreux quartiers, il n’existe que de rares documents d’archives.

« Lors des conseils de quartiers, où le projet a été présenté et développé, plusieurs habitants nous ont partagé des informations. Ces dernières nous ont été très précieuses pour rédiger les présentations que les passants sont invités à lire sur les panneaux » , raconte Élisabeth Chauvin, responsable du service patrimoine à la Ville de Reims. « La démarche est originale car nous mettons l’accent sur le patrimoine excentré et plus intime » , insiste Catherine Coutant.

En trois langues

Un totem a notamment été installé dans le quartier Clairmarais, juste à la sortie de la gare SNCF.

Le texte, en français, anglais et allemand, nous apprend que se trouvait autrefois un monastère fondé en 1222, une léproserie dont la chapelle dédiée à saint Éloi est encore représentée dans le dessin de Chastillon (vers 1590), au-devant de « La Buerie », propriété de l’Hôtel-Dieu installée près de la Vesle et des lavoirs.

Valérie Coulet

Des informations supplémentaires avec des QR Codes

Si les trente totems sont désormais posés, les services de la Ville n’ont pas encore eu le temps de mettre en service les QR codes. « Cela devrait se faire prochainement, assure Catherine Coutant. L’intérêt de ce service, c’est que les informations pourront être enrichies si des habitants viennent nous apporter des éléments supplémentaires. Car nous n’avons jamais fini d’apprendre. »

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l’union 201104b
Ivre et au volant, il se dépêche de se garer à la vue de policiers

Vendredi dernier, peu avant minuit, avenue Bonaparte. À la vue de la police, un autre accélère. Puis stationne. Le conducteur et son passager s’enfuient. Ils sont rattrapés et, à l’évidence, en état d’ivresse. Direction l’hôtel de police pour une garde à vue après dégrisement. Ils devront honorer une convocation par officier de police judiciaire.

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l’union 201104a
La police lance un appel à témoins

Lundi, la police marnaise a communiqué un appel à témoins concernant François Combecure, « né en 1955 et demeurant 20, avenue du Général-Eisenhower. Si vous le connaissez (famille ou amis), merci de bien vouloir communiquer toute information au 03 26 61 44 00. »

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l’union 201103a
Infirmières

Permanence des infirmières du centre de soins du quartier Croix Rouge, 14 Allée Maurice-Lemaitre, de 9 à 12 heures et de 14 h 15 à 18 h 15.

Téléphone : 03 26 08 27 62.

Vaccinations anti-grippale et PCR avec et sans ordonnance.

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l’union 201102b
tradition : Discrète sécurité pour la Toussaint

Les visiteurs des cimetières ont pu honorer leurs morts sans être gênés par des mesures de sécurité trop lourdes. Remi Wafflart
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Pas de sentinelles, mais des patrouilles pour sécuriser les cimetières.

Vous avez remarqué un service de sécurité, vous avez été contrôlés, fouillés ? -Non, rien de tout ça ! Personne ne nous a rien demandés. » Nous avons croisé Annie et Pierre au cimetière du Nord hier. Nous non plus, quand nous y sommes entrés, nous n’avions pas spécialement repéré d’uniforme. Les cimetières comme les églises faisaient pourtant partie des sites sensibles à sécuriser ce week-end, pour cause de Toussaint et de menace terroriste.

des patrouilles

Mais les forces de l’ordre se sont faites discrètes ; ce qui ne veut pas dire absentes : « Non, nous n’avons pas vu de sentinelles à l’entrée, confirmaient deux vendeurs de chrysanthèmes installés sur la place du Boulingrin, par contre des patrouilles qui passaient, oui, ça, il y en a eu. » Un autre témoignage recueilli au cimetière de l’avenue de Laon allait dans le même sens : des visiteurs nous affirmaient avoir vu quatre patrouilles de police municipale ; et au cimetière de la Neuvillette, on nous parlait plutôt de police nationale, qui circulait même à l’intérieur.

Quoi qu’il en soit, ils étaient nombreux parmi ceux que nous avons interrogés, comme Viviane, de Croix-du-sud, ceux qui s’avouaient contents que les cimetières n’aient pas fait les frais du confinement comme au printemps. « À ce moment-là, ça ne nous avait pas vraiment manqué, reconnaissaient pour leur part les mêmes Pierre et Annie cités plus tôt, en revanche nous aurions vraiment souffert s’ils n’avaient pas été ouverts à la Toussaint ! » Le resteront-ils encore pendant ce reconfinement ? Hier soir la question n’était toujours pas tranchée à Reims.

A.P.

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l’union 201102a
Des Jardins toujours sous tension

Si l’on en croit un de ses adhérents, l’ambiance est toujours tendue aux jardins familiaux de Croix-du-Sud où le président en titre semble toujours contesté.

Ne voyant pas leurs revendications de davantage de démocratie aboutir, ses opposants auraient fait appel à un avocat, qui aurait suggéré de provoquer une assemblée générale via un administrateur.

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l’union 201030a
faits divers : L’agresseur filmé du tramway condamné

Lors des retrouvailles hier au palais de justice, le jeune agresseur a présenté ses excuses au retraité.
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Six mois de prison, dont trois ferme, à l’agresseur du retraité qui lui avait demandé de rajuster son masque.

Leur précédente rencontre filmée dans le tramway de Reims a été visionnée plus de 320 000 fois sur Twitter. Ils se sont retrouvés hier dans le bureau d’une juge de Reims, le premier arrivé avec sa canne, le second entre trois policiers après l’avoir frappé alors qu’il s’était vu demander de rajuster son masque. Jugé en plaider-coupable pour ces « violences sans incapacité de travail commises dans un moyen de transport collectif » , William Yao, jeune de 19 ans en formation, a accepté la peine proposée par le parquet : six mois de prison dont la moitié assortie d’un sursis probatoire. Il est ressorti libre, avec la possibilité de purger ses trois mois ferme sous un mode aménagé. La justice l’avait déjà condamné à quatre reprises, mais pour des faits anciens de 2015 et 2016.

J’avais que ma canne pour me défendre

Le jeune homme habite Croix-Rouge, comme la victime, un retraité de 66 ans placé sous curatelle renforcée et qui marche difficilement à cause de ses jambes fatiguées. « Ca s’est passé jeudi » , raconte-t-il à L’union. « Je suis monté au Théâtre. Lui était déjà là. Quand je suis passé devant, j’ai vu qu’il n’avait pas son masque sur le visage. Il l’avait là, sous le menton. Je me suis assis de l’autre côté et je lui ai demandé de le remettre, mais il ne m’entendait pas car il avait des écouteurs. Pour attirer son attention, je l’ai un peu touché avec ma canne, mais pas tapé avec, comme il dit. Ca ne lui a pas plu, il s’est énervé. »

La vidéo diffusée sur Twitter commence à cet instant. « Il s’est levé. Il m’a mal parlé. Il m’a mis un coup sur la tête. J’avais que ma canne pour me défendre. Je l’ai repoussé avec. » Hors de contrôle, le jeune homme se retrouve debout sur son siège et saute pied en avant vers le sexagénaire, mais un voyageur le stoppe dans son élan. En faisant barrage de son corps, il amortit la violence de deux coups de poing qui touchent la victime au visage (hors champ de la vidéo). « J’ai aussi reçu un coup de semelle sur le ventre. » Repoussé par le passager, l’agresseur descend à la station Vesle. « J’ai voulu prévenir le chauffeur mais il était déjà reparti. Je suis rentré chez moi sans déposer plainte car je ne voyais pas à quoi ça servait. »

La diffusion de la vidéo en a décidé autrement. Alerté lundi de son existence, le commissariat de Reims ouvrait une enquête qui permettait d’arrêter William Yao dès mardi après-midi. Le retraité se manifestait le lendemain, à la suite de l’appel à victime diffusé par la police. « C’est une voisine qui m’a prévenu. Elle m’avait reconnu. »

Il promet de ne plus l’embêter

Hier, lors de l’audience d’homologation de la peine dans le bureau de la juge, William Yao a présenté ses excuses. Son avocat, M e Arthur De La Roche, parle lui-même de « faits inacceptables » mais il tient à préciser que « cette agression n’est pas gratuite, elle ne vient pas de nulle part » . « Oui, son masque était mal mis, mais Monsieur lui a mis des coups de canne pour lui demander de le remettre. C’est ensuite qu’il a mal réagi, il le reconnaît. »

Domiciliés dans le même quartier, tous les deux sont amenés à se revoir. A la juge et au retraité qui s’en inquiètait, le jeune homme a promis de ne plus l’embêter. Quelques formalités plus tard, il pouvait quitter le palais de justice, mode tête en l’air : un vigile l’a rappelé à l’ordre pour qu’il remonte son masque de nouveau glissé sous le menton.

Fabrice Curlier

LES FAITS

Jeudi dernier ,un passager du tramway âgé 66 ans aperçoit un jeune homme de 19 ans masque sous le menton. Il lui demande de le remettre mais le garçon, écouteur sur les oreilles, ne l’entend pas.

Pour attirer son attention, le sexagénaire le touche légèrement avec sa canne, dit-il, tandis que le jeune homme parle de coups. Ce dernier s’énerve et l’agresse. La victime reçoit deux coups de poing et un coup de pied dont le choc est amorti par un passager venu s’interposer.

Une partie de la scène est filmée puis diffusée sur Twitter, ce qui déclenche une enquête de police (aucune plainte n’avait été déposée). L’agresseur est interpellé mardi, la victime identifiée le lendemain.

Jugé hier en plaider-coupable, l’agresseur a été condamné à six mois de prison dont trois mois ferme sous un mode aménageable.

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l’union 201029a
D’ERLON EN LARGE

Un de nos lecteurs du quartier Croix-du-Sud nous a fait part de son commentaire, un brin caustique, sur le couvre-feu : « Le microbe ne sort donc qu’entre 21 heures et 6 heures du matin ? » Qui sera assez pédagogue pour lui expliquer que, bien sûr, le fameux Covid se balade en permanence mais que le couvre-feu n’est qu’un pis-aller évitant le catastrophique confinement total ? Enfin, ça, c’est ce qu’on pouvait écrire avant l’allocution d’hier soir…

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l’union 201026a
Corolles roses

 

 

À l’occasion d’Octobre Rose, l’Université de Reims Champagne-Ardenne met son patrimoine au service d’une grande cause : la sensibilisation au dépistage du cancer du sein.

Ainsi, les corolles des amphithéâtres du campus Croix Rouge se sont parées de rose, tandis qu’un vers de Rimbaud évoquant les seins de son « Ophélie » souligne l’entrée de l’édifice.

 

 


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